GARD Coronavirus : les enseignants en grève pour obtenir « un plan d’urgence » dans l’Éducation nationale
Les différents syndicats de l’enseignement appellent ce mardi à une journée de grève, qualifiée par certains de « grève sanitaire ». Dans le Gard, deux rassemblements étaient organisés ce matin à Alès, puis à Nîmes, à l’invitation du SNUIPP-FSU, le syndicat majoritaire dans le premier degré.
« Dans l’Éducation nationale comme dans l’enseignement supérieur et la recherche, le manque de moyens devient insupportable dans la situation de crise sanitaire que nous vivons », expliquent les différents syndicats de l’enseignement et plusieurs syndicats étudiants dans un communiqué commun.
À Alès, ce mardi matin, ils étaient une cinquantaine environ, des enseignants venus des écoles, collèges et lycées de la ville et même des alentours, réunis devant le lycée Jean-Baptiste-Dumas. Parmi eux, la co-secrétaire départementale du SNUIPP-FSU, Dany Bénézet, professeure des écoles à Alès. Pour elle, c’est clair, « le ministère n’a pas anticipé la rentrée de septembre, et encore moins celle là, post-deuxième confinement. Nous avons exactement les mêmes moyens qu’en février. »
Alors dans ce contexte de crise sanitaire, les enseignants sont obligés de s’adapter. « Nous avons des problèmes de postes pour pouvoir éventuellement diminuer le nombre d’élèves par classe, et nous avons un gros problème de remplacement des professeurs dans le premier degré. Il y a beaucoup de personnes en arrêt, et aux arrêts ordinaires se rajoutent ceux des malades de la covid, et les cas contacts », poursuit la syndicaliste. Face à cette situation, « il n’y a rien, que dalle. On répartit les enfants et on les brasse », ajoute-t-elle.
Pour les manifestants, le problème des moyens est criant. « Il faut un vrai plan d’urgence pour recruter sur liste complémentaire des enseignants, des psychologues scolaires, des médecins scolaires, des infirmières », affirme Dany Bénézet, interrompue par une de ses consœurs : « Je suis enseignante, et on me demande, à moi, de repérer les symptômes chez mes élèves ! » « Cette crise révèle les carences que nous dénonçons depuis des années dans l’Éducation nationale en termes médicaux et psy », reprend la syndicaliste.
Pour autant, personne ici ne veut voir les écoles fermer à nouveau leurs portes. « C’est toujours mieux de rester ouverts. En septembre nous avons retrouvé des élèves avec une perte de savoirs et de savoir-être. Certaines familles ont été démunies pour la continuité pédagogique », affirme Dany Bénézet. Par ailleurs, les manifestants reprochent à leur ministère « un manque de transparence. Depuis la rentrée on demande un bilan chiffré (des élèves et enseignants contaminés par le virus, ndlr), et on ne l’a pas », résume Dany Bénézet.
Tout à côté, des élèves du lycée JBD attendent au soleil leur prochaine heure de cours. Ils soutiennent le mouvement des enseignants : « On a fait le blocus la semaine dernière pour les mêmes raisons », expliquent Jeanne et Romane. Au lycée, les emplois du temps ont été aménagés pour limiter le brassage d’élèves, « mais c’est très mal organisé », affirment les deux lycéennes.
À Nîmes, ils étaient une centaine sur l’esplanade Charles-De-Gaulle ce mardi en fin de matinée. Sous les bannières du SNES-FSU, la CGT ou FO, les enseignants manifestaient pour réclamer des nouvelles mesures sanitaires. Ils estiment que les conditions ne sont pas réunies dans les établissements scolaires pour assurer la sécurité des élèves et des enseignants contre le coronavirus.
Nîmes : une centaine d’enseignants sont réunis sur l’esplanade Charles De Gaulle. Ils réclament des meilleures mesures sanitaires dans les établissements scolaires. pic.twitter.com/NZHnzVUKYF — ObjectifGard (@objectifgard) November 10, 2020
Présent ce matin, Boris Thubert (co-secrétaire départemental de la FSU) dénonce l’absence de distanciation physique. « On est entassés les uns sur les autres. Aujourd’hui, se retrouver à plus de 30 dans une classe, ce n’est pas raisonnable et c’est très mal anticipé. Il ne faut pas plus de 15 élèves par classe. Le personnel de nettoyage est étouffé par les contraintes actuelles et il n’arrive pas à suivre. Il faut embaucher des personnes dans ce secteur. »
Cécile Hernandez est venue avec son drapeau du SNES-FSU et elle témoigne des difficultés qu’elle rencontre au lycée Albert-Camus. « Certains de nos couloirs sont très étroits et il est impossible de circuler sans se toucher. Nous avons le sentiment que nous faisons prendre des risques aux élèves. Nous ne voulons pas les lycées soient amenés à fermer comme les universités. Ce serait le pire scénario possible pour les élèves et aucun professeur ne le souhaite. » Pour les manifestants qui se sont retrouvés à Nîmes la situation est grave et, selon eux, : « Il y a urgence. »
Norman Jardin (à Nîmes) et Thierry Allard (à Alès)
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