UZÈS Les excédents budgétaires et l’écologie au cœur d’un vif débat au conseil municipal
À Uzès, on gère « en bon père de famille », d’après le premier adjoint Fabrice Verdier. Et un bon père de famille, ça met des sous de côté car on ne sait jamais. Une stratégie questionnée par l’opposant Christophe Cavard mardi soir à l’occasion du vote du budget de la commune, de quoi électriser quelque peu les débats.
Le vote du budget, qui intervient chaque année à pareille époque dans les collectivités, c’est un peu la grand messe, le moment charnière, là où on sait ce qui sera fait (ou pas) dans l’année à venir. C’est aussi le moment de parler gestion, chiffres à l’appui, et pour l’opposition c’est un rendez-vous à ne pas manquer, pour en général dire tout le bien que l’on pense du budget, traduction comptable des orientations politiques. Ce fut le cas ce mardi soir à Uzès au cours d’un débat largement alimenté et animé par l’opposant Christophe Cavard.
D’abord, les chiffres : pour 2021, la mairie d’Uzès prévoit un budget de 16,8 millions d’euros en fonctionnement, contre 15,07 millions prévus en 2020 et 10,63 millions finalement dépensés. Un écart justifié notamment par l’effet covid, et souligné par Christophe Cavard : « Il y a eu des économies importantes, et ça aura un impact sur la lisibilité de ce que nous allons faire en 2021 », affirmera-t-il, avant de relever qu’en 2019, avant la crise sanitaire, « il y avait aussi un décalage important. » En clair : la majorité prévoirait « très large » selon les mots de l’opposant, qui parlera d’un « système » qu’il cherche à comprendre. Le maire Jean-Luc Chapon lui répondra que « c’est la loi qui prévoit qu’on soit plus large en provision qu’en déficit. »
Après un détour sur les taux de fiscalité locale, qui restent inchangés « pour la dixième année », précisera le maire, et une proposition de l’opposant Simon Subtil (*) de taxer plus les résidences secondaires, ce qui ne sera possible qu’à partir de 2023, le débat se poursuivra avec la présentation effective du budget. Christophe Cavard demandera si, compte tenu des légendaires excédents du budget, il ne serait pas possible d’envisager une baisse des taux de fiscalité locale car, « quand vous dites que les taux n’augmentent pas, l’assiette bouge, c’est l’État, mais à la fin ça monte. » « Vous dites que l’argent vient des impôts, merci on le savait, mais il faut être prudent, lui rétorquera le maire. L’année où l’État nous a enlevé 800 000 euros de dotations, heureusement qu’on était prévoyant. » Et le maire de rappeler, document comparatif à l’appui, qu’Uzès était « une des villes les moins chères du département en taxe d’habitation et taxe foncière. »
Christophe Cavard en reviendra une nouvelle fois aux excédents. « Arrêtez, je n’ai pas besoin de vos félicitations, la bonne gestion, je continuerai à la faire ! », le coupera Jean-Luc Chapon, avant que son opposant ne lui affirme vouloir « essayer de comprendre la sincérité du budget. » « Il n’est pas sincère ? Qu’est-ce que vous avez géré comme commune vous ? Aucune ! », s’agacera le maire. Après quelques passes d’armes, l’opposant accusant l’édile de lui manquer de respect, ce qu’assumera ce dernier (« le respect, on l’a quand on le mérite »), Christophe Cavard enfourchera son sujet favori (avec les excédents) : la transition écologique.
Vert ou pas vert le budget ?
« Dans les investissements, où est la transition écologique ?, demandera-t-il. Sur le zéro phyto, on dépense plus en communication qu’autre chose. » « C’est pas gentil », lui répondra le conseiller municipal Gérard Bonneau, sans freiner le flot de paroles de l’opposant, proposant pêle-mêle « la végétalisation de la ville », plus de pistes cyclables, des navettes pour les parkings aux entrées de ville ou encore la production énergétique sur les bâtiments communaux. L’adjoint aux finances Thierry De Seguins-Cohorn parlera de « diarrhée verbale », avant que Simon Subtil ne vienne appuyer ce que proposait Christophe Cavard pour y rajouter le fait que « la part donnée à la lutte contre le désastre social auquel nous allons être confrontés est trop limitée. »
Fabrice Verdier accusera son ancien collègue à l’Assemblée nationale de faire dans la « caricature », avant de défendre le côté vert des actions municipales, avec les jardins familiaux, l’isolation du groupe scolaire, la plantation d’arbres ou encore « le zéro phyto avant les autres. » L’adjoint Jacques Caunan y rajoutera l’aire de covoiturage ou encore la reprise de l’éclairage public en LED. « Il est facile de ne pas venir en commission et de balancer tout et n’importe quoi en conseil municipal », tancera-t-il ensuite. « Dans les commissions il n’y a pas la presse », abondera le maire, pas à un tacle près.
« On a pris du retard, j’espère qu’on va voir des changements, nous attendons du concret », reprendra Simon Subtil. Christophe Cavard se félicitera pour sa part d’avoir « réveillé l’énervement de certains » avant d’estimer que si certaines actions allaient dans le bon sens, « on pourrait faire plus. » « On s’en tire bien, il n’a pas parlé des sapins de Noël ni des avions », conclura, goguenard, Jean-Luc Chapon avant de mettre le budget aux voix. Quatre abstentions.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
Et aussi :
Les investissements : avec tout ça, on en oublierait presque de parler gros sous. En 2021, Uzès prévoit d’investir par moins de 14 millions d’euros, en incluant les 2,8 millions de restes à réaliser de 2020. Une coquette somme pour une ville d’environ 9 000 habitants, dans laquelle on retrouve notamment 3,7 millions pour les bâtiments : 410 000 euros pour l’évêché, 1,68 million pour le groupe scolaire, 250 000 euros pour l’éclairage de la cathédrale, 161 000 euros pour le stade Pautex ou encore 250 000 euros pour la toiture de l’Office de tourisme. 4,2 millions seront mis sur la voirie, avec notamment 900 000 euros pour l’avenue de la Gare, 502 000 euros pour le parking du refuge ou encore 530 000 euros pour les jardins familiaux. Parmi les autres dépenses, citons les 632 000 euros du skate-park ou les 300 000 euros pour la vidéosurveillance.
Les subventions : 484 000 euros de subventions seront données aux associations uzétiennes en 2021. C’est 10 000 euros de moins qu’au budget 2020. La ventilation : 82 500 pour le sport, 101 700 euros pour l’enseignement, 9 950 euros pour le social, 58 150 euros pour les associations diverses, 34 800 pour les animations/fêtes, 195 280 euros pour la culture et l’animation et enfin 2 200 euros pour le contrat de ville. L’enveloppe sport recule légèrement, comme l’enveloppe divers, les fêtes, la culture et le contrat de ville. En revanche, les enveloppes enseignement et social augmentent quelque peu cette année.
* que le maire appellera Simon Sutour, du nom de l’ancien sénateur, tout le long du conseil, dans un exercice de comique de répétition remarquable quoique sans doute pas complètement volontaire.
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