Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 04.05.2021 - anthony-maurin - 4 min  - vu 720 fois

GARD Un livre de famille et des liaisons mélodiques pour Martine Gayraud

Sur des notes musicales, Martine Gayraud écrit les liaisons mélodiques en hommage à son père.
(Photo Anthony Maurin).

Martine Gayraud (Photo Anthony Maurin).

Martine Gayraud a écrit Liaisons mélodiques. Un bouquin très personnel pour lequel elle livre une partie de la vie de ses parents, cévenols du Vigan. Son défunt père, musicien et personnage central de l'ouvrage, en est aussi le principal questionnement. Interview.

Objectif Gard : On n'a pas l'habitude de vous retrouver la plume à la main. Ce livre a du sens, quelle a été votre démarche ?

Martin Gayraud : J'ai fait ce que je pouvais faire avec tout ça, je ne suis pas écrivaine, j'ai fait de mon mieux. J'étais infirmière, syndicaliste, femme politique et je suis maintenant présidente de l'association Femmes solidaires. Les mots (ou maux), j'ai su les pratiquer mais je doute tout le temps ! Ce livre était en gestation depuis longtemps. Je l'ai fait à partir des textes, des articles de presse et des lettres que s'envoyaient mes parents au début de leur relation. Il est décédé en 1993, époque lointaine. Il avait 67 ans, il est mort d'un cancer et ma mère est partie en 2015. Je ne suis pas arrivée à écrire avant leur départ.

Que faisait votre papa ? Pourquoi écrire un livre ?

Mon père jouait de tous les instruments, du saxophone en passant par le violoncelle. Il a même été le chef de l'Harmonie des enfants du Vigan pendant 20 ans ! Je voulais un livre sur l'Harmonie, la musique, les Cévennes, leur histoire, sur Le Vigan et bien sûr sur mes parents et même mes grands-parents. Plus j'écrivais, plus je me disais que mon père était un sacré phénomène quand on parlait de musique !"

Quelque chose devait sortir ? 

Je me sens libérée, ce livre va vivre sa vie j'en suis satisfaite. J'ai retrouvé la cassette d'une émission radio qui rendait hommage à mon père en 1995. J'y ai participé et j'avais promis que je publierai les nouvelles que mon père écrivait, ce fut long mais promesse tenue. Ma fille est heureuse de voir ce livre sortir. Mon fils a quant à lui eu plus de mal à le commencer car son papi comptait beaucoup pour lui. Je me suis séparée de son père alors que nous étions jeunes et son grand-père a joué un rôle important dans sa vie de garçon.

Si on suit la logique vous devez être une excellente musicienne !

J'ai une belle oreille musicale mais je suis un enfant de mai 1968, je me suis vite heurtée à ce que mon père voulait que j'apprenne et que je ne voulais pas apprendre, le classique. Je ne lui en veux pas et je pense qu'il ne m'en voulait pas mais j'ai fait un peu de piano quand même. À mon avis ça a sauté une génération car mon fils et ma fille sont meilleurs que moi !

Comment avez-vous trouvé votre matière première, les lettres de vos parents et les nouvelles de votre papa ?

Jeune, je savais qu'il y avait une boite en bois dans la chambre de mes parents. Je savais qu'elle contenait des lettres, les lettres qu'ils se sont envoyés pendant que mon père était à l'armée, juste après leur rencontre. Il a dû partir dans un régiment où il pouvait jouer de la musique mais c'était en Algérie. Il y est arrivé en 1946, il a eu la tuberculose, à l'époque une maladie un peu honteuse, mais la famille ne l'a pas su. Il n'a rien dit certainement pour ne pas inquiéter ma mère. Il était fort et jovial mais là-bas il a été atteint moralement et il n'a pas été bien jusqu'aux années 1950. Revenu à Nîmes, il était soigné au Mont Duplan, à la maison qui ressemble à un minaret. Pour moi, comme il revenait d'Algérie, qu'il se fasse soigner dans cet endroit était une chose logique !

Toutes ces lettres... remuer le passé n'a-t-il pas été trop dur ?

Mes parents se sont fiancés par lettre. Une sorte de promesse d'amour a été scellé. Pour moi, relire tout ça a été difficile, j'ai dû faire pas mal de pauses car ça me faisait de la peine. En 1993, alors que nous étions tous les deux en voiture avant une opération, mon père m'a dit qu'il était en sursis depuis 1946... Il est mort cinq jours après.

Comment se sont déroulés le tri des notes et la sortie du livre ?

Il paraît en auto-édition. Lors du premier confinement, j'avais déjà avancé, j'avais fait le ménage pendant deux ans pour sélectionner ce qu'il me fallait. Disons que j'ai écrit ce livre entre 2016 et 2019 voire plus mais j'y parle d'une époque révolue.

(Photo Anthony Maurin).3

Un petit bonus précède chaque chapitre. Pourquoi ?

Chaque chapitre débute par une citation soigneusement choisie. J'y ai passé quelques heures afin de faire des vrais choix, des choix justes et forts. Parmi ces auteurs on retrouve Van Gogh, Neruda, Brel, Nietzsche, Hugo...

Où pourra-t-on vous rencontrer pour parler du livre ?

Il y aura une présentation publique à Nîmes, au Prolé, le 15 mai prochain en lien avec la librairie Diderot. Je serai avec mon ami Serge Colombaud, qui a lui aussi écrit un livre, sur la bouvine, et qui était mon suppléant il y a près de 15 ans.

Avez-vous des projets après ce livre ?

J'ai des projets, il faut en avoir ! Femmes solidaires, mon association, travaille sur l'éducation populaire. Je continue à écrire et j'ai d'ailleurs commencé un roman. Je n'arrive pas à me sortir des Cévennes, j'aime cette terre cévenole, j'en ai besoin. L'Aigoual, la tombe d'André Chamson... Ce sont mes pèlerinages.

Un dernier mot ? Une carte blanche ! Qu'avez-vous à dire de plus ?

Gardez l'espoir. Toujours. Il faut toujours être en phase avec ses valeurs et continuer. Il faut aussi se souvenir de l'histoire, des histoires, pour construire l'avenir. Cette histoire peut me permettre de parler de passions et d'aider des gens pour aller au bout de leur passion et de leur engagement. La transmission est une chose importante."

Vous pouvez acheter le livre de Martine Gayraud, Liaisons mélodiques, au prix de 15 euros à la libraire Diderot à Nîmes ou très prochainement au Vigan. Vous pouvez aussi appeler au 06.69.77.13.93 (Femmes solidaires) pour le réserver, l'association transmettra votre demande à Martine Gayraud. 

Anthony Maurin

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