Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 03.06.2021 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 1639 fois

ASSISES Meurtre de sa mère : « même avec un bloc opératoire à côté, on ne pouvait pas la sauver »  

(Photo d'illustration : Anthony Maurin)

12 coups de couteau au niveau de la gorge, une multitude d’agressions à l’arme blanche et une femme qui essaie de se défendre sans pouvoir arrêter les violences mortelles infligées par son propre fils.

Un fils en qui elle avait une entière confiance. « Dans cette enquête, tout le monde est surpris qu’il s’en prenne à sa mère », souligne un enquêteur de la gendarmerie du Gard. « Je suis parti tranquille à Montpellier car il adorait sa maman, glisse à la barre de la cour d’Assises, le père de l’accusé.  J’étais fier qu’ils aient une maman toujours présente, toujours à l’écoute ». Pourtant le fils va s’acharner sur elle le 4 août 2017, sans en connaître toujours à ce jour les raisons précises. De nombreux coups de couteau seront constatés par le médecin légiste. « Elle a essayé de se défendre, mais avec les blessures subies, même avec un bloc opératoire à côté on ne pouvait pas la sauver », estime le docteur Mounir Benslima, patron de l’unité médico-légale du CHU de Nîmes. Une mère de famille qui a reçu 12 coups de couteau au niveau de la gorge.

Un garçon sportif, gentil, « perçu comme sympathique jusqu’en 2003, sauf par sa sœur qui a des propos négatifs notamment concernant leur enfance », note le président de la cour d’assises du Gard, Eric Emmanuelidis. C’est dans ces années là que "sa personnalité va être bouleversée », complète le conseil du mis en cause, Maître Aoudia.

Une sœur qui ne veut plus croiser le regard « terrifiant » de son frère aîné. « Le 4 août lorsqu’on m’a appelée, je n’étais même pas étonnée", estime la jeune femme qui témoigne mais à la seule condition que son frère ne soit pas dans le box à la scruter.

« Je n’ai rien à déclarer, c’est trop compliqué », tranche l'accusé dans l'après-midi de jeudi alors que le président évoque les faits. En début d’audience pourtant, il avait déclaré qu’il s’exprimerait sur les faits. Un accusé qui a refusé de rencontrer les psychiatres, qui réserve ses explications devant le juge et qui garde éternellement le silence au grand désespoir de son père qui souhaiterait qu’il s’excuse : «  il vole la vie de sa maman, il détruit la vie de sa sœur, la mienne, celle de notre famille et il ne dit rien, pas un mot d’excuse », raconte le père. Face à lui,  son fils reste immobile et le regard figé.

L’accusé, 41 ans, détenu dans le box, réagit peu, ne bouge pas. Longiligne avec une légère calvitie, il croise en permanence les mains. Il ne réagit pas lorsque son père évoque son épouse depuis 40 ans, cette mère présente qui a protégé son fils. « Nos parents étaient aimants et aidants, lui pervers et manipulateur », ajoute la petite sœur du meurtrier.

Mais comment se sont déroulés les heures tragiques, ce 4 août 2017 en début d’après-midi ? Le mystère plane encore car le fils agresseur garde le silence. Ce jour du drame, la mère de l’accusée part de Vergèze où elle habite en famille et va chez le coiffeur à Nîmes avant de revenir pour l'heure du déjeuner. « Moi je pars tranquille à Montpellier car il adore sa maman, je vais aider mon neveu », affirme, près de quatre ans après, le père de famille. Le fils profite de son absence pour tuer sa mère vers 13h.

Un fils qui a déjà fait plusieurs séjours en psychiatrie avant les faits : « on n’a jamais su réellement ce qu’il avait, un médecin disait bipolaire, l’autre schizophrène, et ma femme pensait que c’était la prise de cannabis », témoigne, avec dignité, le père de l’accusé.

Selon le fils meurtrier, c'est sa mère qui lui aurait demandé de passer à l'acte, de la tuer ! « C’est trop compliqué pour moi de parler », avoue l'accusé. « Mais cela fait 4 ans que l’on attend vos explications », reprend agacé l’avocat général Alexandre Rossi en élevant la voix. « Est-ce que vous regrettez d’avoir porté 12 coups de couteau à votre maman ?"  "Je ne peux pas m’exprimer sur ça", complète le mis en cause. « Ma mère, elle avait des problèmes, c’était son choix », raconte l’accusé dans un bref monologue qu'il est seul à comprendre.

« Moi, je suis victime, je n’ai pas eu le choix. C’est une injustice que je vis aujourd’hui. Ma mère n’est plus là et moi je suis là », complète, sans aucune logique de discussion, l’homme debout dans le box !  Un homme qui a refusé durant le temps de l'instruction de voir les psychologues et psychiatres mais qui reste une vraie énigme pour les personnes qui assistent au débat. Le verdict doit intervenir vendredi soir.

Boris de la Cruz

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