Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 23.01.2022 - anthony-maurin - 3 min  - vu 662 fois

NÎMES Portraits et secrets de femmes romaines

Pour commencer, la dernière... Le buste d'une inconnue (Photo Anthony Maurin).

Des femmes antiques figées dans le temps (Photo Archives Anthony Maurin).

L'exposition temporaire du Musée de la romanité est plus visible que jamais. Ses oeuvres majeures donnent vie au quotidien des femmes, connues ou moins connues, sous l'Antiquité romaine.

Jusqu'au 8 mars, journée internationale des femmes, le Musée de la romanité accueille l’exposition "Portraits de femmes romaines. Impératrices, "matrones" et affranchies." Voici le temps venu d'aller à la rencontre de ces merveilles du passé et de découvrir leurs histoires, leurs secrets, mais aussi leurs batailles pour une émancipation civique, politique et économique.

L'exposition est assez simple d'accès, les cartels et la muséographie font le reste. Et même s'il y a parfois quelques aspects très techniques, cette exposition est aussi faite pour le grand public, naturellement.

Mais pas que (Photo Archives Anthony Maurin).

Elle s’articule autour de trois sections suivant le parcours de femmes romaines de différentes origines sociales au cours du Haut Empire (Ier et IIe siècle de notre ère). Au modèle idéalisé de la "matrone", le parcours présente en miroir un contre-modèle de femmes aux vies non-conventionnelles, puis montre l’évolution notable des rôles féminins dans l’espace public. Bustes, autels et manuscrits datant de la renaissance constituent la majorité des trente-cinq objets et œuvres exposés, prêtés par trois institutions florentines, aux côtés de pièces de monnaies, manuscrits ou gravures sur pierres précieuses.

Du modèle…

L’idéal féminin romain est toujours incarné par la domiseda, la femme qui est à la maison, la lanifica, la femme qui file la laine, et la pudica, la femme fidèle et discrète c’est-à-dire la matrona qui s’accomplit dans son rôle d’épouse puis de mère. De l’époque royale, ce modèle appliqué aux femmes de toutes les classes sociales se perpétue à travers les sources littéraires et épigraphiques. Les femmes de la famille impériale ont été les premières à concilier l’exemple féminin traditionnel et les nouvelles perspectives qui apparaissent dès la fin de l’époque républicaine : être exemplaire comme épouse et mère et occuper un nouveau rôle public pour cultiver une influence dans les jeux de pouvoirs. Antonia la Jeune, nièce d’Auguste, en est la parfaite incarnation. C’est également le cas de Sabine, qui malgré son mariage difficile avec Hadrien, fut choisie par ce dernier pour représenter une synthèse idéale du règne de son mari, au travers du superbe portrait qui lui a été consacré vers 130 ap. J-C.

… à la transgression

L’illustration la plus parlante pour évoquer les contre-exemples au modèle de cette "matrone" idéale est sans doute le magnifique autel réalisé à l’époque flavienne pour lunia Procula. Sur la partie postérieure se trouve une inscription : une malédiction contre sa mère, l’affranchie lunia Acte, qui résume les accusations d’empoisonnement et d’adultère traditionnellement adressées aux "matrones". Ces mêmes accusations sont parfois énoncées pour entacher les femmes de la famille impériale ou sont utilisées par des pères, des fils ou de puissants époux auxquels certaines ont osé faire obstacle. Cette transgression a aussi eu lieu dans d’autres classes sociales sans subir pour autant de condamnations ou de stigmatisations. Fundania Zosime utilise l’autel destiné d’abord à son mari puis à un esclave qu’elle a affranchi et désigné comme son "protégé" pour perpétuer sa propre mémoire et valoriser le statut social qu’elle avait réussi à atteindre.

Un rôle public au féminin

Les premières "matrones" à se voir attribuer un rôle public sont les femmes de la famille impériale, représentantes de la maison la plus illustre de Rome. Leur rôle public est rapidement et formellement reconnu grâce à l’accès aux statuts d’Augusta de leur vivant, puis de Diva, après leur mort. Les flaminiques (prêtresses romaines), les évergètes (bienfaitrices) et les patronae (protectrices de cité) obtiennent la reconnaissance de leurs concitoyens qui leur offrent des inscriptions honorifiques publiques et des statues dans les forums. Elles prennent alors place aux côtés de leurs conjoints dans l’espace public, illustrant une révolution de la représentation des femmes dans le paysage urbain.

Musée de la Romanité, 16 boulevard des arènes 30 000 Nîmes.  Si vous voulez aller plus loin, vous avez ici, au coeur du site du Musée, quelques videos de conférences, intéressantes, qui parlent du sujet. Vous aurez ici, la plaquette des animations autour de l'expo. Billetterie ici, l'entrée du musée est fixée à 8 euros et l'accès à l'exposition temporaire est ouvert.

Anthony Maurin

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