AU PALAIS « Son évasion était stupide car il ne lui restait plus que deux mois à faire en semi-liberté »
Détenu en semi-liberté depuis un mois, Deavy n’a pas regagné le quartier ouvert de la maison d’arrêt de Nîmes, le 13 mai dernier. Reconnu par un policier de la BAC, il est interpellé dix jours plus tard dans un camp de gitan. Mais son évasion reste incompréhensible, à la barre du tribunal, mardi 24 mai.
Le 19 octobre 2021, Deavy est condamné à 18 mois de détention pour conduite sans permis ni assurance, mais surtout pour avoir trainé sur plusieurs mètres avec son véhicule un policier municipal qui tentait le contrôler… Après une partie de sa peine en détention ferme, il avait été placé en semi-liberté le 12 avril. Mais un mois plus tard, sans raison, il profite de sa sortie quotidienne pour disparaître.
Rupture familiale
Le président Jean-Michel Perez tente de comprendre les raisons de cette évasion. En vain, le jeune de 19 ans reste mutique devant le juge. En rupture familiale, Deavy fume du cannabis quotidiennement pour apaiser son extrême agressivité, depuis qu’il a découvert, à 13 ans, son grand-père au sol, terrassé par un AVC…
« Vous semblez perdu en ce moment… », lui demande doucement Jean-Michel Perez. Mais, alors que le jeune hausse une nouvelle fois les épaules, sa tante tente d’intervenir en sa faveur. « Je l’ai toujours considéré comme mon fils. On l’a toujours trop protégé, mais je sais que si je parviens à l’accompagner dans ses démarches, il y arrivera », déclare la femme, en fauteuil roulant, à la barre. « Votre neveu est sur une mauvaise pente et ne se donne pas les moyens de s’en sortir, lui oppose le juge, contrarié. Il a bénéficié d’un régime de semi-liberté alors qu’il avait pourtant mis en danger de façon inacceptable un policier… »
« Il ne fait rien de mal à l’extérieur »
Le Parquet se montre tout aussi stupéfait par la fuite insensée de Deavy. « En garde à vue, il a déclaré s’être enfui par peur de mettre fin à sa semi-liberté. Et quand son père le contacte en cavale pour lui demander pourquoi, il explique simplement qu’il n’a pas envie d’y retourner et qu’il ne fait rien de mal à l’extérieur ! », s’étrangle la procureure.
Son avocate tente d’expliquer ce comportement irrationnel. « Son évasion était particulièrement stupide car il ne lui restait plus que deux mois en semi-liberté, convient Laurence Aguilar. Tout cela à cause d’un rendez-vous manqué avec sa conseillère d’insertion et de probation… C’est une monumentale erreur de jugement due à son très jeune âge et à son extrême maturité » Cette erreur de jeunesse lui vaut un retour en cellule. Deavy est condamné à deux mois avec mandat de dépôt. Il retourne en maison d’arrêt pour exécuter sa peine et finir la précédente.
Pierre Havez
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