Publié il y a 1 an - Mise à jour le 21.06.2022 - tony-duret - 6 min  - vu 2031 fois

FAIT DU JOUR Gillet, Bordes, Meurin, Sala : portraits des nouveaux députés gardois

Dimanche soir, les résultats des élections législatives ont considérablement changé la physionomie politique du Gard. Sur les six circonscriptions que compte le département, quatre reviennent à des députés du Rassemblement national, dont trois nouveaux élus : Yoann Gillet sur la 1ère, Pascale Bordes sur la 3e et Pierre Meurin sur la 4e. Le quatrième nouveau député est un représentant de la Nupes, Michel Sala, élu sur la 5e circonscription. Portraits. 

1re circonscription : Yoann Gillet

Yohann Gillet (Photo Yannick Pons) • Yannick Pons

Après avoir été longtemps simple militant et "soldat de l’ombre" des campagnes de Julien Sanchez aux Régionales (2010), aux Cantonales (2011), aux Législatives (2012) ou aux Municipales (2014), Yoann Gillet accède à 35 ans à un mandat national de député. Une victoire qu’il partage encore avec son acolyte. « Je ne lui vole pas la vedette car Julien possède déjà une notoriété nationale en tant que porte-parole du parti, s'amuse le nouveau député RN. En fait, c’est l’accomplissement de l’ancrage local de notre duo, puisqu'au second tour, j’ai obtenu plus de 70 % des voix à Beaucaire, la ville où il est maire. »

Élevé par des parents gérants de magasin de papier peint et de tissu, qui se séparent alors qu’il est encore jeune, Yoann Gillet est né à Rennes, en Bretagne, grandit en Touraine, suit son lycée en Normandie, puis débute ses études et sa vie professionnelle à Paris pendant 10 ans. Le jeune militant prend assez vite son indépendance, notamment par le biais du militantisme politique. « Ma famille n’était pas particulièrement politisée. Je ne sais même pas ce que votait mon père, et ma mère a souvent changé d’idées, votant même une fois pour Arlette Laguiller ! Seuls mes grands-parents étaient membres du Parti socialiste, rappelle-t-il. De mon côté, j’ai adhéré à l’UMP à 16 ans, et j’ai ensuite vraiment cru en Nicolas Sarkozy en participant à sa campagne de 2007. Mais lorsque je me suis rendu compte qu’il s’ouvrait à la Gauche et que son programme était un copier-coller de celui du Front national, j’ai préféré adhérer à l’original. »

Venu dans le Gard pour changer de région et rejoindre des amis, il mêle alors son destin politique à celui de Julien Sanchez, son complice depuis douze ans. « Bon soldat », il participe à ses campagnes jusqu’à sa première victoire aux municipales de Beaucaire, en 2014 et devient son directeur de cabinet. De son côté, il est élu d’opposition à la Région et à la ville de Nîmes, après une campagne douloureuse au cours de laquelle il perd son frère aîné d’une crise cardiaque soudaine. « Lorsque Julien Sanchez s’est présenté à Beaucaire plutôt qu’à Nîmes, il m’a soufflé l’idée de me présenter, et en a parlé à Marine Le Pen qui m’a demandé de m’engager. Je ne l’avais pas imaginé au départ, mais j’ai choisi de mouiller la chemise », décrit-il avec pudeur.

Un ancrage local depuis plus de dix ans qui l’a lentement mais surement conduit à l’Assemblée nationale. « Honnêtement, je croyais en ma victoire depuis plusieurs semaines, en me fiant aux scores de notre parti à la Présidentielle, au rejet du bilan de Macron dont la députée sortante était co-responsable, et à mon ressenti du terrain que je laboure depuis longtemps », explique le trentenaire, qui entend rester un élu de proximité. « Dès aujourd’hui, je vais commencer une tournée des élus, des habitants et des acteurs économiques et associatifs du territoire, quelle que soit leur étiquette car c’est d’eux dont viendront les enjeux et les projets que je défendrai demain à l’Assemblée », promet-il. En tant qu’élu d’opposition, ses marges de manœuvre paraissent pour le moment limitées.

3e circonscription : Pascale Bordes

Pascale Bordes devient la nouvelle députée de la 3e circonscription en remportant 51,32% des voix face au député sortant, Anthony Cellier. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Pascale Bordes est née à Bagnols/Cèze. Elle s'est un peu éloignée le temps de ses études à Montpellier et pendant quelques années où elle a vécu à Nîmes. Mais depuis 2004, elle s'est durablement installée dans la capitale du Gard rhodanien.

Cette année, la nouvelle députée fête ses 60 ans et ses 35 ans de carrière d'avocate. Elle a jugé que c'était le bon moment pour elle de s'engager pour tenter de faire changer les choses. Déjà conseillère municipale d'opposition à Bagnols et conseillère communautaire à l'Agglomération du Gard rhodanien, Pascale Bordes a été élue députée de la 3e circonscription du Gard ce dimanche. Elle l'a emporté, très surprise, avec 51,32 % des voix, devant le député sortant de la majorité présidentielle, Anthony Cellier.

Elle a passé cette journée de lundi à jongler entre son activité professionnelle et à réfléchir à la gestion de son planning. Étant avocate spécialisée dans le droit des familles, la Bagnolaise se dit confrontée quotidiennement "aux problèmes pécuniaires des gens, aux familles qui vivent dans des situations indignes du XXIe siècle". C'est ça qui l'a poussé à se présenter à cette élection, deux ans après avoir adhéré au Rassemblement national.

Son empathie exacerbée, hérité de son père, la fait passer pour "une candidate atypique" au sein de ce parti souvent diabolisé : "Ceux qui me connaissent vivent de façon injuste le fait que je sois taxée de fasciste." Elle compte particulièrement s'engager sur le thème du handicap et des aidants. Ce qu'elle sait déjà, en revanche, c'est qu'elle ne fera qu'un mandat : "Je ne vise pas une carrière. Place aux autres, le monde est vaste et il y a des gens biens partout."

4e circonscription : Pierre Meurin

Pierre Meurin est le député de la 4e circonscription (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Dimanche soir, les électeurs de la 4e circonscription du Gard ont donné sa chance à Pierre Meurin, confortablement élu avec 54,49 % des voix. Agé de 32 ans, le candidat du Rassemblement national est marié et père de deux enfants et un troisième est attendu pour le mois d’août. Titulaire d’un Master 2 de droit public de l’économie, il se lance en politique à seulement 22 ans en tentant - déjà - de devenir député à l’occasion des Législatives de 2012, dans les Yvelines, sous l’étiquette divers Droite. C’est un fiasco : il récolte 0,01 % des voix. Un résultat qui ne le décourage pas puisqu’il poursuit sa carrière politique auprès de Philippe de Villers et son Mouvement pour la France (MPF) dont il devient, à 25 ans, le responsable national pour la jeunesse. De 2015 à 2018, il est le directeur de cabinet du maire de Charvieu-Chavagneux dans l’Isère, puis devient directeur d’études de l’Issep - l’Institut de sciences sociales, économiques et politiques - l’école fondée par Marion Maréchal. Il quitte l’établissement en 2021 pour devenir l’un des proches lieutenants d’Éric Zemmour avant de rallier Marine Le Pen. « Je suis un Zemmourien repenti », reconnaissait-il dans nos colonnes (relire ici). Il semble être désormais un Lepeniste accompli. 

5e circonscription : Michel Sala

Michel Sala s'adressant aux militants à son local de campagne, dimanche soir (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Alors qu'il était en pleine campagne des Législatives, le nouveau député de la 5e circonscription du Gard a fêté ses 68 ans, le 13 mai dernier. Né en Algérie, à Oran, il posa le pied en France le 7 juillet 1962, dans le flot du dramatique rapatriement des pieds noirs. Michel Sala grandit à Marseille, Lyon, puis Paris où ses parents, ses trois sœurs et lui s'installent finalement. Il a élevé quatre enfants avec son épouse, malheureusement décédée l'an dernier (et à qui il a dédié sa victoire ce dimanche) : deux "que ma femme avait fait avec un autre" et deux issus de leur vie commune.

Salarié du secteur bancaire, il en devient cadre et s'occupe, sur la fin de sa carrière, de conseiller les collectivités territoriales pour la Caisse d'Épargne. Au sein de son entreprise, il est syndiqué à la CFDT dès ses 20 ans, puis crée Solidaires au sein de sa banque dans les années 2000. Des années qui le voient descendre s'installer dans le Gard et devenir adjoint dans la majorité municipale qui conduit Saint-Félix-de-Pallières, entre 2001 et 2008. S'il ne l'utilise pas pour les municipales, il ne cache pas sa couleur politique et son engagement depuis ses "20 ou 21 ans, d'abord à la LCR (ligue communiste révolutionnaire), devenu le NPA (nouveau parti anticapitaliste), puis au Front de Gauche". Un glissement qu'il explique : "Comme avec la Nupes, on essayait, déjà, de construire une alliance de Gauche, en France, avec un véritable programme." Tandis qu'au NPA, "la stratégie était de se recroqueviller plutôt que de construire".

Désormais député, il va céder son fauteuil de maire, sans doute à son premier adjoint, Bruno Weitz. Il faudra d'abord passer par une élection partielle, le conseil municipal ne comptant plus que dix élus sur onze. Michel Sala restera simple conseiller municipal. Ce lundi après-midi, il effectuait son premier déplacement à Paris en tant que député. Au menu, "rentrée collective" des élus Nupes, ce mardi à 10h au palais Bourbon. En attendant les 28, 29 et 30 juin qui verront les premières passes d'armes lors des élections du président de l'Assemblée et de ceux des commissions. Entre ces deux rendez-vous, il fêtera sa victoire avec ses soutiens, ce jeudi soir, à partir de 18h30, à côté de la mairie à Saint-Félix-de-Pallières.

La rédaction

Tony Duret

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