Steeve Calligaro est le nouveau président du Rugby Club Nîmois (RCN). Il ambitionne de faire accéder le RCN en Nationale d'ici trois ans, mais il veut également se rapprocher des anciens joueurs, organiser des évènements autour des rencontres et ancrer plus profondément son club dans le territoire gardois. 

Une page se tourne au Rugby Club Nîmois avec le départ du président Olivier Bonné qui était aux commandes depuis 2012. Un nouveau chapitre est désormais à écrire, celui de Steeve Calligaro, le nouvel homme fort du RCN. Ce cadre dirigeant de Adrexo (opérateur privé de la distribution d’imprimés publicitaires physiques et numériques), âgé de 47 ans et père de trois enfants - des jumeaux de 12 ans et une fille de 14 ans - est un passionné de rugby. « La notion de plaisir doit nous guider dans tout ce que l’on fait », répète-t-il. Il a d'ailleurs pratiqué ce sport au poste de troisième ligne jusqu’à l’âge de 37 ans à Nîmes, Alès et Vauvert.

Un an après son arrivée au club, il devient président du RCN : « Ce n’était pas prévu, mais c'est passionnant et prenant », confie l’intéressé. Steeve Calligaro doit maintenant gérer la destinée d’un club de première division fédérale qui compte 400 licenciés et quarante contrats de joueurs pour l’équipe première et une dizaine de salariés : « C’est une fonction bénévole. Elle s’ajoute à une journée professionnelle qui compte plus de 15 000 collaborateurs. » Avec des activités aussi chronophages, il est parfois difficile de trouver le bon équilibre : « Heureusement il y a Virginie, mon épouse, qui est la base de tout et il nous reste quelques échappées par semaine. »

« Aller chercher un autre public que celui de nos fidèles »

Le nouveau président axe d’ores et déjà sa politique sur « trois priorités, pour une ambition d’accéder à la poule Nationale dans les trois ans ». La première décision sera de nommer un vice-président en charge du rugby inclusif : « Il nous faut être plus implanté dans le territoire. Par exemple, le tournoi des quartiers pourrait se dérouler dans les communes de l’agglo. Il nous faut aller chercher un autre public que celui de nos fidèles qui seront toujours là ». 

L’objectif est d’élargir la cible dans les tribunes, mais aussi sur le terrain : « Le jour où nous aurons des joueurs issus des quartiers comme Pissevin dans notre équipe, on n’aura pas sauvé l’humanité, mais on aura fait quelque chose de bien. Cela voudra dire que l’on aura mis entre les mains de ces jeunes un ballon de rugby plutôt qu’un ballon de football ». La RCN devrait être, à l’avenir, plus présent dans la vie locale. « Dans le passé, j’ai vu des tablées de 200 personnes sur le Victor-Hugo pendant la féria. Aujourd’hui, il n’y a pas de rugby à la féria », constate Steeve Calligaro.

« Je veux que ce club soit une famille »

Le Rugby Club Nîmois a une histoire riche et Steeve Calligaro a bien l’intention de lui réserver une belle place. « Les anciens joueurs vont être contactés pour leur rappeler qu’ils sont les bienvenus au stade Kaufmann ». Pour fédérer les anciennes gloires, la création d’un club dédié à cet effet est envisagée : « Je veux que ce club soit une famille ». Parmi les idées du nouveau président, il y a aussi la volonté de proposer du spectacle lors des matches à domicile : « La saucisse-merguez doit être un moment de partage et je souhaite organiser des évènements les jours des rencontres. Il y a déjà eu la journée des étudiants et Octobre rose. Viendront prochainement un tournoi des anciens et une journée de la défense nationale. Nous sommes en train d’intégrer le fond commercial du restaurant 'Le Drop', ce qui nous permettra d’avoir davantage de surface pour accueillir le public et nos partenaires avec dix lotos l'hiver et des petits-déjeuners business tous les vendredis matins. »

À l'heure du rugby professionnel, l’argent est le nerf de la guerre : « Le club a 213 partenaires. Quand on parle de réseau, de recommandation, de condition tarifaire et d’échange de compétence, là on peut construire une vraie communauté. En tout cas, ça me tient à cœur. On ne peut pas construire un club sans l’aval des collectivités et sans le soutien des entreprises. » Aujourd’hui le budget du RCN est de 1,6 millions d’euros et la volonté est de le porter à 2,5 millions dans trois ans, l’équivalent d’un budget moyen de la poule Nationale. Le club nîmois a pour projet de monter une structure professionnelle : « Ce ne sera plus avec moi ou alors je ne serais plus tout seul. Et ce sera avec l’apport de capitaux qui feront que je ne serais plus le président, mais le directeur d’un consortium. Ça c’est une autre aventure, mais rien ne me fait peur. »

Le rugby, les Français vont beaucoup en parler dans les mois à venir avec l’organisation de la Coupe du Monde 2024. Une vague sur laquelle le RCN et son nouveau président comptent bien surfer : « C’est une aubaine car cela va mettre la lumière sur notre sport. On va organiser des évènements autour de cette coupe. Il y a beaucoup à faire avec la retransmission des matchs et pour permettre aux enfants de l’école de rugby d’assister à des rencontres. » La saison actuelle se passe très bien pour les rugbymen nîmois qui sont en tête de leur poule en première division fédérale : « On ne va pas se plaindre, mais le wagon de tête n’est pas encore décroché. Nous sommes cinq pour quatre places(*) et les prochains matchs vont être déterminants. Ne pas terminer dans les quatre premiers serait un échec », souligne prudemment le président.

Une section sport adapté et une seconde section féminine seront prochainement mises en place. Une nouvelle dynamique vient d'être impulsée au Rugby Club Nîmois en grande partie basée sur la passion : « Je ne sais pas où sera le club dans cinq ans, mais ça ne sera pas en tronquant une certaine idée de plaisir et de rassemblement ». 

Norman Jardin

*Les quatre premiers seront qualifiés pour la phase finale et la Nationale 2 pour la saison 2022-23.