Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 01.05.2021 - anthony-maurin - 5 min  - vu 637 fois

FAIT DU JOUR Les Gardois seront-ils à la fête... du Travail ?

Le cortège prêt à partir pour la Préfecture du Gard photo Corentin Corger)

Manifestation du 1er mai à Alès. Photo Archives Tony Duret / Objectif Gard

Depuis le début de cette pandémie, les Gardois ont dû se faire à l'idée qu'ils ne travailleraient peut-être plus jamais de la même façon. En ce 1er mai, jour de la fête du Travail, les syndicats reviennent sur les mois passés.

À l'initiative de la manifestation, la CGT. À l'Union local de Nîmes, Laurent Alvarez est prêt. " On ne fait pas que réfléchir à ce 1er mai, on agit ! L'an dernier nous n'avons pas pu nous réunir à cause des conditions sanitaires... On s'habitue au pire ! Ce rendez-vous est très important dans notre culture et il est toujours dans l'actualité même si c'est un rendez-vous historique, français et datant de 1889. "

Pour la CGT, le 1er mai est fondé sur trois caractères très particuliers. D'abord, le 1er mai a un caractère d'internationalité qui prend toute son importance quand on songe à l'union de tous les travailleurs du monde. " Pourquoi opposer et mettre en concurrence les ouvriers quand on a besoin de travailler ensemble ? Face à ce système, ce 1er mai a du sens en pleine pandémie ", assure Laurent Alvarez.

Deuxième caractère, la revendication, logique. " Face au pouvoir de l'argent, nous voulons instaurer des conquis sociaux. Nous reculons peut-être mais des luttes s'organisent dans le Gard, poursuit le syndicaliste. Nous ne perdons rien de vue ! Notamment dans le médico-social. Rien qu'au CHU de Nîmes, on pourrait créer 500 emplois. Les assistants familiaux du conseil départemental auront une revalorisation salariale et nos collègues de l'énergie ébranlent le projet Hercule. Non, le 1er mai n'est pas un vieux jouet, c'est une réalité qui a son ancrage encore aujourd'hui. "

Enfin, troisième et dernier piler des manifestations du 1er mai, le rassemblement le plus large possible pour redonner aux salariés confiance et envie de résister. Pour Laurent Alvarez, " nous ne faisons pas une kermesse même si je n'ai rien contre les kermesses... Nous voulons encore réduire le temps de travail pour que tout le monde puisse travailler. Nous souhaitons relancer tous les services publics. Plus de personnel dans le milieu social, dans les hôpitaux, aux impôts, chez les pompiers, enfin partout ! C'est d'un actualité criante. Nous devons utiliser ce moment de revendication. Nous voulons réorienter les politiques en faveur des salariés ".

Concernant le télétravail, autre préoccupation probable des manifestant, " on en parle car on le vit presque tous au quotidien. Ça a pris un pli mais, au-delà de la défiance que l'on peut avoir, même le patronat s'interroge ! Personnellement, je n'y trouve pas trop mon compte mais, disons que ce qui pose problème, c'est la notion du travail. Nous sommes dans un système qui met la pression sur tous les salariés... ", conclut Laurent Alvarez.

L'union fera-t-elle la force ?

" Je suis assez contente de bosser de chez moi. Bon, parfois c'est un peu difficile pour se concentrer mais la plupart du temps ça me permet de profiter un peu plus de mes enfants et de prendre le temps de petit-déjeuner et de déjeuner. Honnêtement, mon cadre de vie a gagné en facilité ", annonce Julie, la trentaine et maman de deux enfants scolarisés. Et la jeune mère de famille de poursuivre : " Quand je devais me rendre tous les jours au boulot, je partais tôt le matin pour ne rentrer que vers 19h le soir. Je croisais presque ma famille... Je commençais à ressentir ce manque alors pour nous, la covid tombe bien... "

Un 1er mai, à Bagnols (Photo Archives : Thierry Allard / Objectif Gard)

" On s'adapte ! Comment voulez-vous faire différemment ?, expose un chef d'entreprise qui emploie onze personnes à Nîmes. On n'a pas le choix, on est contraint d'écouter nos salariés si on ne veut pas crouler sous les arrêts de travail. C'est un réel problème mais cette pandémie nous permet de revoir certaines choses comme nos horaires, nos pauses, nos jours de repos. Mes équipes sont exceptionnelles et ne posent jamais de problème. Je comprends que la situation est complexe, notamment pour l'école et les sorties, mais nous faisons pour le mieux. Les grands perdants sont quand même les patrons dans cette affaire. "

L'union fera la force, avec la CGT, d'autres syndicats viennent se joindre à la gueulante organisée. Du côté de FO ? Gilles Besson, le secrétaire général de l'union départementale évoque que " même si la situation que nous vivons depuis mars 2020 est inédite, FO travaille toujours à l'unité entre toutes les organisations pour l'amélioration des conditions de vie des salariés. La prise de  conscience générale des salariés en ce qui concerne les attaques du Gouvernement contre les acquis de 1936 et 1945 génère des actions de débrayage, de grève ou des manifestations ".

Des revendications toujours d'actualité

Ici aussi, le 1er mai révèle encore toute son importance dans certaines luttes. Même si on ne voit pas la même intensité que par le passé, les batailles sont encore au centre des débats sociétaux. " Les salariés, passée une période de sidération, du 1er confinement de 2020 jusqu'à décembre 2020,  ont conscience que le Gouvernement, au prétexte de la crise sanitaire, détruit tous les acquis de 1936 et 1945. Les salariés sont en colère et prêts à en découdre à chaque fois qu'ils peuvent s'appuyer sur des syndicats fort dans les entreprises et administrations, et bien organisés. On a l'exemple de Fibre Excellence à Tarascon, à la base logistique de Carrefour Supply Chain à Garons, à Sésame Autisme à Vauvert où nos syndicats engagent des  batailles pour que les droits fondamentaux des salariés soient respectés (mutuelle, salaires, temps de travail, effectifs, convention collective, etc). "

Le 1er mai 2018 à Nîmes (Photo Archives Objectif Gard).

Avec FO, les revendications pleuvent : augmentation générale des salaires et des pensions, aides d’urgences immédiates pour les jeunes, les étudiants et les apprentis, égalité immédiate des droits et des salaires entre les femmes et les hommes. S'y ajoutent le retrait définitif du projet de loi sur les retraites par point, celui de la dernière convention d'assurance chômage qui va pousser les millions de chômeurs dans la misère, l'arrêt des suppressions d’emplois dans la fonction publique et l'octroi des moyens supplémentaires nécessaires à l’accomplissement effectif de toutes les missions du service public (hôpitaux, écoles, agents territoriaux...).

Mais aussi un plan de réorientation et de relocalisation solidaire de l’agriculture, de l’industrie et des services qui réponde aux besoins essentiels des populations et à la crise écologique, l'abrogation de la loi sécurité globale et des décrets du 2 décembre 2020, le retrait du projet de loi "confortant les principes de la république", la levée de l'état d'urgence, la réouverture immédiate des lieux de cultures, des commerces, bars, hôtels et restaurants et, pour finir, la prise en charge de tous les frais inhérents au télétravail et que celui-ci soit uniquement sur volontariat du salarié.

Pour Gilles Besson, " à chaque fois qu'il y a un syndicat dans les entreprises les salariés obtiennent gain de cause. À FO, dans le Gard, nous avons un juriste professionnel pour justement préserver les droits des salariés et aussi sécuriser les salariés et nos syndicats. Ce n'est pas le cas de tous les syndicats, et c'est cela qui nous vaut notre progression des dix dernières années de 3 % par an dans le Gard . Peu d'organisations, y compris professionnelles, peuvent en dire autant. "

La manifestation à Nîmes aura lieu à partir de 10h. Départ de la Place Gabriel-Péri (Carmes) et arrivée devant la préfecture, sans moment convivial mais avec le respect des conditions sanitaires. À Bagnols/Cèze, rendez-vous à la même heure mais devant La Poste. Pour Alès, toujours à 10h30 devant la mairie.

Anthony Maurin

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