FAIT DU JOUR Pompéi à Nîmes : l'exposition d'un récit oublié

Les amoureux d'histoire se frottent déjà les mains et vont avoir les yeux qui piquent. Avec le Musée de la romanité, Nîmes accède à des expositions qui valent la peine d'être vues. La nouveauté temporaire concerne Pompéi et le récit oublié du panache de Pline l'Ancien et des derniers jours de la cité.
Jusqu'au 6 octobre prochain plus de 250 pièces sont à découvrir au sein d'une exposition qui propose une immersion au cœur du quotidien des habitants de la plus célèbre des villes du monde antique : Pompéi et sa légende, Pompéi et ses terreurs nocturnes, Pompéi et son Vésuve ravageur.
Si le nom connu de Pompéi compose bel et bien la majorité du sujet, la ville voisine d'Herculanum tient elle aussi toute sa place avec des pièces remarquables retrouvées lors des multiples fouilles entreprises depuis des décennies. Les deux cités ont connu le même et funeste destin, celui d'être ensevelies sous les cendres et les coulées pyroclastiques du mont Vésuve, volcan entré en éruption le 24 octobre (et non août comme on pouvait le penser) 79, il y a donc près de 2 000 ans.
À 35 kilomètres de là, Pline l'Ancien, un gars plutôt sympa qui voulait lui-même observer des faits scientifiques sur place, observe les fumées, note les moindres détails et consigne ce que l'on sait aujourd'hui de cette nuit affreuse. Il regarde le désastre arriver et prépare un plan pour sauver quelques vies. Il appareille une douzaine de navires (dont des quadrirèmes) et permet à certains chanceux de rester en vie. L'exposition évoque largement ce récit oublié mais demeure dans la réalité du quotidien des victimes de l'éruption volcanique.
Pendant 14 heures, cendres et pierres s'abattent sur Pompéi et se déposent sur le sol à raison de 15 centimètres par heure. Le lendemain, dans l'après-midi, 50 centimètres de pierre ponce couvrent la ville où tout s'effondre. De nombreuses victimes sont à déplorer. Herculanum, encore épargnée par le phénomène, devient une solution possible de repli mais d'autres coulées pyroclastiques et nuées ardentes la ravagent dans la nuit. Au matin, une coulée achève le travail du côté de Pompéi et emporte avec elle les secrets des derniers êtres vivants dans une chaleur noire atroce.
Pline l'Ancien, amiral de la flotte de Misène, menait la flotte alors qu'il n'avait aucune expérience en la matière. Il a certainement cru échapper à la mort mais son corps a été retrouvé intact et avec ses vêtements. Comme s'il s'était endormi.... Pline le Jeune, son neveu qui était resté à Misène, ne dira pas combien de personnes sont mortes malgré les efforts de l'Ancien. Il ne parlera pas non plus d'un bon bilan chiffré des survivants mais le panache et le récit font le reste.
Heureusement, et même si la tragédie reste de mise, le nombre de victimes n'est pas aussi important que le nombre d'habitants de Pompéi et Herculanum. Beaucoup sont parvenus à se sauver, avec ou sans le dernier voyage du bon samaritain Pline l'Ancien.
Prêtées par des musées italiens, les pièces regroupées à Nîmes après un voyage qui les ramènent de Sydney (Australie) sont de toute beauté. Les plus marquantes sont sans aucun doute celles de la fin. Les moules ne sont évidemment pas humains mais ils dégagent un respect, une solennité. Ils marquent la cavité dans laquelle chaque corps a été enseveli que les archéologues pendant les fouilles ont rempli de plâtre afin d'obtenir ce que vous observerez. Des personnes endormies ou tentant en vain de se protéger du feu assassin.
Être au plus près de ces Pompéiens absents mais si présents est très troublant. La coulée pyroclastique de Pompéi, contrairement à celle d'Herculanum, n'a pas été incandescente. Elle a tué en figeant les cendres sans carboniser les corps. Les corps se sont ensuite décomposés et ont laissé une coquille vide. Une cavité que nos contemporains ont rempli et extrait pour nous les dévoiler.
Ce miroir mortuaire antique est à mettre en parallèle avec celui du quotidien figé des Pompéiens. Faire la connaissance de Pline L'ancien, se perdre dans son amour de la science et dans le descriptif des heures précédant le drame, vaut le coup. Prendre une grosse heure pour découvrir intacte une histoire vielle de 2 000 ans et oser affronter le souvenir pour ne pas qu'il se perde à nouveau, vaut aussi le détour.
Que les âmes sensibles ne s'effraient pas. Il n'y a rien de morbide ici. Juste un récit. Loin de la science fiction sanguinolente de nos télévisions, il y a juste de belles émotions. Le public jeune doit lui aussi s'intéresser à ça. Un carnet spécial est même disponible. De telles images criantes de vérité sont nécessaires à l'avancement intellectuel, à la compréhension d'un monde, à l'intérêt de l'histoire et de son récit.
Pompéi était à la croisée des chemins maritimes commerciaux. Ses richesses ne couvrent pas ses peines mais, alors qu'elles resurgissent à nos yeux, elles rayonnent par leur grâce et leur volupté. L'art de vivre à la romaine n'est pas une légende ou un mythe. Les Romains du début de l'empire ne sont pas morts, ils sont devant vous. Toutes ces choses se sont passées et aujourd'hui vous pouvez les vivre sans trop de danger, Foncez !
À suivre, 19 photos... Et n'oubliez pas, le premier dimanche de chaque mois, les musées sont en accès libre, pas l'exposition temporaire.
Musée de la Romanité, 16 Boulevard des Arènes. 30 000 Nîmes. Ouvert tous les jours de 10h à 19h. Tarif plein 8 euros (réduit jusqu'à 3 euros, gratuit jusqu'à sept ans). Billetterie du Musée de la Romanité.