Publié il y a 8 mois - Mise à jour le 25.08.2023 - Coralie Mollaret - 3 min  - vu 951 fois

FAIT DU SOIR À Nîmes, Gérald Darmanin se pose en « urgentiste » de la sécurité

Gérald Darmanin à la sortie de sa réunion avec les élus du territoire

Gérald Darmanin à la sortie de sa réunion avec les élus du territoire

 

- (Photo : Coralie Mollaret)

Une compagnie de CRS jusqu’à la fin de l’année, des policiers parisiens en renfort de leurs collègues nîmois pour les enquêtes et la création d’une cellule contre le blanchiment d’argent de la drogue… Ce sont les annonces du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en déplacement ce vendredi à Nîmes.

Cet été, Nîmes est sortie de sa torpeur par deux assassinats sur fond de trafic de drogue à Pissevin. Un quartier de 13 000 habitants, aussi grand que la commune de Saint-Gilles, où les habitants connaissent de lourdes difficultés sociales. Le premier meurtre a eu lieu le 21 août : Fayed, un petit garçon de 10 ans, a perdu la vie alors qu’il rentrait chez lui avec son oncle. Une victime collatérale du trafic de stupéfiant. « Une ignominie », qualifie ce vendredi le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui a rencontré la famille lors de son déplacement. 

Gérald Darmanin : « Le trafic de drogue a diminué »

Deux jours après le décès de Fayed, un jeune homme de 18 ans, connu des services de police, est tué par balle « aux alentours de 4 heures du matin, après que la compagnie de CRS 8 ait été relevée de ses fonctions », contextualise le ministre, rappelant qu’il s’agissait, ce vendredi, de sa « septième visite » dans le Gard. Ces dernières années, Nîmes est tristement célèbre pour ses règlements de comptes : « Depuis janvier, ce quartier a connu 11 tentatives d’assassinat », annonce Gérald Darmanin.

Le trafic est-il en pleine expansion ? Le ministère de l’Intérieur prétend le contraire : « Le trafic de drogue a diminué sur les points de deals, même s’il continue d’être extrêmement puissant dans sa rémunération : 60 000 € en argent liquide par jour. » L’enfer quotidien des habitants serait dû, selon le ministre, à un « groupe de voyous qui veulent prendre possession d’un marché après que les points de deals aient été démantelés par la justice ». D'ailleurs, depuis le début de l'année, « 140 interpellations liées au trafic de drogue et trois tonnes de cannabis ont été saisis ».

Les trois mesures du ministre de l’Intérieur

Depuis la mort du deuxième jeune, une nouvelle compagnie de CRS est arrivée dans la capitale gardoise : « Des opérations coup de poing ont été menées pour trouver des armes, de la drogue et permettre des interpellations afin de prouver que l’autorité dans tous les quartiers de la République revenait à la police nationale. » Et après ? Jusqu’à la fin de l’année, Gérald Darmanin a annoncé qu’une unité de force mobile, soit 60 CRS, serait « à demeure dans le Gard ».

Concernant les enquêtes, 15 officiers de police judiciaire seront dépêchés depuis Paris à Nîmes pour aider leurs collègues « pendant les semaines qui viennent ». Troisième et dernière mesure : « La création d’un GIR (Groupe interministériel de recherche de la police et de la gendarmerie) pour enquêter sur le blanchiment d’argent de la drogue. C’est un point noir de notre organisation. »

Le maire de Nîmes attend de voir

À la sortie de la réunion, cet après-midi en préfecture, le maire Jean-Paul Fournier est parti « vexé ». Selon ses collaborateurs, « il pensait que la compagnie de CRS resterait de manière durable à Nîmes ». Quelques heures plus tard, l’édile a vraisemblablement révisé son jugement, peut-être tempéré par l'ouverture du ministre sur la question de la création d’un poste de police municipal et national à Pissevin. Une promesse de campagne de Jean-Paul Fournier aux municipales qui n’a, pour l’heure, pas vu le jour. 

Les élus du territoire ont rencontré le ministre de l’Intérieur ce vendredi après-midi
Les élus du territoire ont rencontré le ministre de l’Intérieur ce vendredi après-midi • (Photo : Coralie Mollaret)

L’adjoint à la sécurité de la ville de Nîmes, Richard Schieven, se dit, lui, « satisfait » : « Le ministre met les moyens au moins jusqu’à la fin de l’année. Il ne faut pas oublier que, début janvier, nous avons 14 policiers qui vont venir pour la sécurisation dans les transports… » De son côté le député nîmois RN, Yoann Gillet, n’est pas convaincu : « Le ministre dit ne pas avoir de solution curative. Outre ces mesures temporaires, il n’y a aucun effectif pérenne, ni réponse pénale ou mesure pour lutter contre l’immigration. » Quant au sénateur PS Denis Bouad, il mise sur la prévention : « Une autre plage horaire pour les éducateurs et le retour de la police de proximité. »

Avant de repartir à Paris ou peut-être à Tourcoing où Gérald Darmanin organise dimanche une rentrée politique « personnelle », le ministre justifie ces annonces : « Je suis le patron des urgentistes de la sécurité. Ils viennent pour parer au plus pressé. C’est comme une personne qui fait un accident cardiovasculaire parce qu’il fume et mange mal… Ce n’est pas la faute des urgentistes. » Traduisez : les causes de l'insécurité ne sont pas de son ressort. 

Coralie Mollaret

Nîmes

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