Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 14.10.2022 - francois-desmeures - 3 min  - vu 1234 fois

FAIT DU SOIR La récolte de fleurs de CBD bat son plein au Chanvre cévenol

(Photo François Desmeures / Objectif Gard)

Fils d'agriculteur, Mathieu Givelet s'est lancé dans la production de CBD en 2020 (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Grâce au Conseil d'État - qui a annulé une interdiction du Gouvernement en opposition à la loi européenne -, le CBD est désormais totalement autorisé en France, fleurs et feuilles comprises. Ce cannabis "bien-être", sans pouvoir psychotrope et dont les vertus sont reconnues en matière de relaxation ou de douleurs physiques, connaît depuis 2020 une production locale grâce a Chanvre cévenol. 

Ils paraissent déjà loin les 1 000 m2 plantés en 2020 par Mathieu Givelet, sa femme Déborah et son frère Antonin. La récolte 2022 du Chanvre cévenol nécessite quatre personnes, qui ponctionnent d'abord les fleurs du haut pour laisser celle du bas s'épanouir une semaine de plus, sur deux hectares de terrain, quelque part dans le bassin alésien. Un emplacement laissé vague car, bien que légale, la production n'en attire pas moins les convoitises (*).

Après la récolte, Antonin Givelet passe les têtes dans une effeuilleuse qui supprime les feuilles pour ne garder que la fleur (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Deux hectares, c'est pour l'instant largement assez pour approvisionner les boutiques d'Alès et de Nîmes, ainsi que celle en ligne. "On recherche, aujourd'hui, d'autres canaux de distribution comme les bureaux de tabac des départements Gard, Hérault, Lozère et Ardèche, explique Mathieu Givelet. Avec un argument qui a du sens : une production locale, à deux pas du détaillant, alors que la connaissance du produit se généralise." Les bureaux de tabac, qui diversifient toujours plus leur offre, vendent déjà des produits CBD majoritairement importés de Suisse.

Infusions, extraction d'huile et produits cosmétiques

"Aujourd'hui, beaucoup de personnes connaissent le CBD dans les grandes lignes, constate Mathieu Givelet. On voudrait s'implanter dans les pharmacies. On a aussi un projet de produits cosmétiques avec Phytofrance." Un laboratoire basé dans l'Hérault. "On développe aussi des infusions avec Garoma, une société de Brouzet-lès-Alès." Le Chanvre cévenol a également dégotté un laboratoire français qui pratique l'extraction pour produire de l'huile de CBD et a mis sur les rails une collaboration avec la société alésienne Vanessences, spécialisée en aromathérapie et huiles essentielles.

Les fleurs perdent ensuite leur humidité sur un séchoir (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Dans les champs, les différentes variétés diffusent des odeurs d'agrumes, de pin, plus poivrées ou plus sucrées. Et surtout, la plante peut représenter un avenir pour certains terrains agricoles de la région face à la fréquence plus courte des sécheresses. "Il a tout de même fallu un peu d'irrigation cet été", confie Mathieu Givelet. Mais face à la canicule vécue, les plantes n'ont eu besoin que d'un seul arrosage par semaine. Ce n'est pas du tout le cas d'autres productions.

"Les banques refusent de nous prêter de l'argent"

Si la production est désormais plutôt intégrée par les habitants et les différentes secteurs économiques - et la gendarmerie - elle conserve apparemment un volet sulfureux pour les prêteurs d'argent. Le Chanvre cévénol avait déjà eu toutes les peines du monde à obtenir, simplement, un compte bancaire... sans découvert autorisé. Aujourd'hui, ces mêmes banques freinent le développement d'un secteur en croissance constante. "Elles refusent de nous prêter de l'argent", constate Mathieu Givelet, dans l'incompréhension. Difficile, dans ces conditions, de mener à bien tous les projets d'une filière pourtant très prometteuse.

La boutique alésienne, en bordure de rocade (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Pour casser les dernières réticences et intégrer pleinement son activité au secteur économique classique, le Chanvre cévenol porte un projet devant le jury Alès Audace "pour des journées de formation autour du CBD, avec les propriétaires de bureaux de tabac, des pharmaciens, etc. On veut que ça serve aussi pour valoriser notre région." Et, peut-être, donner à des idées à d'autres agriculteurs. "Certains sont vieillissants, il y a peu de repreneurs, selon Mathieu Givelet. Le risque est que ce soient de grosses structures qui prennent les terrains de ces agriculteurs qui partent." Avec des moyens financiers tout autres que ceux que les banques refusent au Chanvre cévenol.

François Desmeures

francois.desmeures@objectifgard.com

* Le champ est vidéo-surveillé mais, en cette période de récolte, les deux frères et leur père agriculteur ont dû intervenir plusieurs fois, en pleine nuit, pour mettre en fuite des cambrioleurs, dont un a finalement été retrouvé par les gendarmes. 

Le Chanvre cévenol possède deux boutiques à son nom : à Alès, au 10 impasse Jean-Baptiste-Lulli ; à Nîmes, 10 rue Régale. https://le-chanvre-cevenol.fr

François Desmeures

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