Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 04.04.2022 - anthony-maurin - 4 min  - vu 544 fois

FAIT DU SOIR L'art s'aNîmes va faire vivre l'art et l'histoire pour Unîmes

De dos aux caméras, Nabil et Sophie (Photo Anthony Maurin).

Pour Unîmes, le médaillon de Cavillargues sera le déclencheur d'une nouvelle session de vidéos historiques (Photo Anthony Maurin).

On pense toujours que les universités vivent dans un autre monde, loin des réalités de la vie quotidienne. Pourtant, Unîmes change, évolue, sort des sentiers battus et propose pas mal de nouveautés. La dernière est menée par le professeur d'histoire et historien Éric Teyssier et concerne des pastilles historiques.

L’université de Nîmes compte environ 5 800 étudiants répartis dans quatre départements (Sciences et arts, psychologie-lettres-langues-histoire, droit-économie-gestion, promotion des activités physiques, sportives et artistiques) et quatre sites différents. Elle a débuté une évolution au sein de son fonctionnement grâce à l’introduction des technologies du numérique. C'est encore un secret de polichinelle, mais toute la fac est au courant. Élève comme enseignants sont ravis d'entendre parler de cette nouveauté.

Benoît Roig, président d'Unîmes, est heureux de concrétiser un projet qui lui tient à coeur et qui s'appelle l'Art s'aNîmes : "L'université a été labellisée "démonstrateur numérique dans l'enseignement supérieur" et nous travaillons sur des capsules formatées à destinations des étudiants. Pour nous, c'est un axe fort de notre nouvelle approche pédagogique et nous allons développer ce travail dans plusieurs domaines. Il faut que le traitement de ces sujets soit original, que l'on puisse apprendre des choses, les objets peuvent être animés en post production. Ça doit être ludique, court, pédagogique et il faut qu'un personnage bien réel, comme Éric Teyssier dans ce cas, explique le contenu. C'est un excellent outil pédagogique !"

Le médaillon de Cavillargues, vous connaissez ? Non ? Pourtant et malgré ses 16 centimètres de diamètre, c'est une des rares trouvailles historiques à pouvoir expliquer son importance et le pourquoi du comment il se retrouve sous le feu des projecteurs à la faculté de Nîmes.

Au centre, le médaillon dont les acteurs reproduiront la scène (Photo Anthony Maurin).

Trouvé accidentellement (car il bouchait un urne à laquelle il n'était pas scellé) en 1845 par Léon Alègre (qui l'a offert au Musée archéologique de Nîmes) à Cavillargues comme son nom l'indique, cette médaille dévoile les coulisses d'un combat entre rétiaire et secutor qui s'est sans doute déroulé à Nîmes. Oui, les gladiateurs sont les personnages les plus célèbres de l'Antiquité romaine, mais on sait finalement peu de choses sur leur art. Avec ce médaillon, c'est une sorte d'article détaillé avec des zooms sur d'ombragées parties de la vie et de la dualité de la gladiature.

Une histoire dans l'Histoire

Quatre personnages se présentent et mettent en exergue la "pompa", le défilé qui annonçait le début des jeux. Deux gladiateurs se sont face et regardent la foule, ils sont entourés par deux musiciens. En effet, il ne faut pas oublier que la musique est très présente dans les amphithéâtres et pour l'occasion, c'est un magnifique cornu qui y est gravé. Les gladiateurs combattent au centre de la pièce et son détenteur peut ainsi connaître l'armatura parfaite de chacun d'entre eux. Mais les curiosités du médaillon ne s'arrêtent pas là... On peut aussi y voir un arbitre !

Il se trouve qu'Éric Teyssier est l'un des plus grands spécialistes de la gladiature en France et dans le monde. Lui qui a fait les scénarios des Grands Jeux Romains et qui poursuit avec Hadrien, la guerre des Pictes, est certainement le plus à même pour en parler : "Depuis quelques années, je suis impliqués dans pas mal de documentaires historiques. C'est une partie de mes activités "historisantes." Cette année a ouvert à la fac un master d'Histoire vivante, le seul en France. Et l'idée est venue, avec les personnes qui s'occupent de la partie média à l'université, de réaliser de manière autonome des documentaires historiques, courts, originaux en partant d'une pièce historique trouvée dans la région, en l'occurrence le médaillon de Cavillargues, exposé au Musée de la romanité", explique l'historien.

(Photo Anthony Maurin).

Mais l'idée est de travailler sur fond vert pour assurer une post-production plus animée encore. En effet, la fac a un petit studio qu'elle va par ailleurs moderniser dans les prochaines semaines. "On va faire vivre, animer, des pièces historiques, archéologiques ou des tableaux. J'ai commencé par Pollice verso pour lequel je suis à l'intérieur du tableau. L'idée est de montrer les possibilités didactiques et de mettre en valeur la recherche donc toutes les filières de la fac peuvent être concernées. Nous sommes dans l'ordre de la démonstration de la faisabilité, dans le prototype, on doit s'équiper et déployer des moyens pour y arriver pleinement pour que Sophie Jekal et Nabil Gomri, qui filment, puissent bien bosser car les sujet feront six à sept minutes et seraient regroupés sous l'appellation l'Art s'aNîmes", poursuit Éric Teyssier.

Sur le pontus, les gladiateurs reproduisent fidèlement le médaillon pendant qu'Éric Teyssier explique (Photo Anthony Maurin).

Améliorations à apporter, matériel manquant, les équipes testent leurs limites pour rendre ses oeuvres vivantes. Mais pour y arriver et être crédible, il faut du vrai, comme le pense Éric Teyssier : "Pour le médaillon de Cavillargues, nous avons bénéficié du partenariat que nous avons avec Edeis, qui, dans le même temps, tournait des scènes pour une application à venir. J'ai fait venir une équipe de gladiateurs croates, parmi les meilleurs européens. On va commencer à faire des tournages très professionnels dès la rentrée prochaine. Ça permettra d'y intégrer les étudiants du master d'Histoire vivante, ils le demandent. L'idée est vraiment d'aller vers une sorte de série que l'on appelle Quand l'Art s'Anime, un pur produit de l'université de Nîmes, à la manière de D'art d'Art mais plus ambitieux car en plus de parler et d'en aimer le tableau, on verrait aussi ce que les gens de l'époque voyaient et pensaient quand ils regardaient le tableau. Ainsi, on apprend d'autres choses !"

Mais plus tard, on peut s'attendre à voir des documentaire, d'abord de 26 minutes, puis plus grands, réalisés dans ce cadre historique précis. Pour les pastilles d'Unîmes, déjà bien avancées car dans les cartons, le but est aussi d'être une vitrine du patrimoine local. Elles seront accessibles à tous depuis Youtube et/ou le site de la faculté de Nîmes. La Ville et la Région seront sans doute intéressées. "Les petits établissements comme Unîmes se sont très bien adaptés à la période Covid et nous avons été au plus proche de nos étudiants contrairement à des grandes facs de la région...", avoue Éric Teyssier.

Le médaillon de Cavaillargues exposé au Musée de la Romanité (Photo Wikicommons).

Anthony Maurin

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