FAIT DU SOIR Quand apprendre permet de prendre l'ascenseur social
Marie-Françoise Lecaillon, préfète du Gard, accompagnée de Mario Rodrigues-Vaz, délégué de la préfète dans les quartiers de Pissevin-Valdegour à Nîmes, a remis le diplôme de "technicien d’assistant informatique" à des stagiaires.
C'est dans un lieu bien choisi et très spécial que la préfète a pu remettre ces diplômes. Une remise effectuée sur le site de l'ancien collège Diderot, devenu un espace mis en place par l'État pour plus de proximité avec les quartiers de Pissevin et Valdegour, le symbole est fort. Cette formation certifiante numérique est proposée par l’organisme Nouas formation SUP DEC, un organisme labellisé "Grande école du numérique".
Grande école du numérique est un réseau de centaines de formations aux métiers du numérique. Il favorise ainsi l’inclusion et répond aux besoins des recruteurs en compétences numériques. D’ici 2022, sur la France entière, ce sont 190 000 emplois qui seraient à pourvoir dans les nouvelles technologies de l’information et de l’électronique d’après un rapport de France stratégie.
Les formations labellisées "Grande école du numérique", dispensées au travers de méthodes pédagogiques innovantes, sont ouvertes à tous, sans distinction académique, économique ou sociale. La formation aux métiers du numérique doit permettre à chacun de trouver sa place dans le monde de demain. L'opération Construis ton ordinateur (CTO) est ainsi la clé d'un problème.
Un emploi à la sortie du stage ?
"Connaître le matériel, savoir comment on le crée et acheter à l'euro symbolique après avoir monté son propre ordinateur, c'est très bien ! Cette formation dure huit mois et les stagiaires sortent avec un titre de technicien. Nous faisons dans l'informatique, la maintenance et le développement des nouvelles technologies. En tout, avec ce dispositif, nous avons formé plus de 350 personnes depuis 2015 et plus de 80 % d'entre elles ont trouvé rapidement un emploi", note Abdelhak Harraga, directeur général de Nouas.
Par son label, la "Grande école du numérique" met à l’honneur des centaines de formations aux métiers du numérique ouvertes à tous sur le territoire français. Ce label incarne la triple ambition de la structure. Une ambition économique, en formant aux métiers de demain pour répondre aux besoins croissants de compétences numériques sur le marché de l’emploi. L'école a aussi une ambition sociale en favorisant l’inclusion des publics éloignés de l’emploi et de la formation pour faire du numérique une opportunité pour toutes et tous. Enfin, la dernière ambition est territoriale en permettant une répartition équilibrée et cohérente de l’offre de formations sur l’ensemble du territoire.
Être dans les meilleures dispositions pour avancer vers l'emploi
Avec cette formation, Nouas joue sur trois échelons. La formation, certes, mais aussi les enjeux environnementaux avec la création d'une recyclerie et un aspect social et solidaire avec des tarifs très bas. "Nouas a été créée à Montpellier (Petit Bard, Ndlr) en 1989. En 2020, Nouas s'est divisée en deux avec une partie solidarité et une autre axée vers la formation. Ici, à Nîmes, nous voulons transformer des savoirs informels en compétences certifiées. Nous acceptons les parcours atypiques via Pôle Emploi ou les missions locales, mais notre point fort c'est aussi notre proximité, sans y être, des quartiers populaires", poursuit le directeur.
Actuellement, 75 % des personnes qui font un stage dans cette branche trouvent un emploi dans les six mois qui suivent leur sortie de stage. Pour s'entraîner à intégrer la vie professionnelle, Nouas a créé une entreprise virtuelle qui permet à tous de se lancer et de faire "comme si." Pour l'adjoint au maire de Nîmes, François Courdil : "C'est un plaisir de découvrir ce dispositif, nous avons de belles actions à mener en commun. La mission locale ou encore le Pimms agissent dans ce sens et nous devons essayer de coordonner nos actions".
Des parcours de passionnés
"C'est important d'accueillir toutes ces personnes aux compétences diverses et variées. Sortir avec un diplôme dans ce domaine est une excellente chose au vu des besoins dans le numérique. Il faut convaincre les entreprises pour intégrer des stagiaires, nous devons mobiliser les chefs d'entreprise. Vos résultats sont bons, nous devons ouvrir le champ de la formation via l'activité économique et dans le Gard, le niveau de formation n'est pas très élevé... Nous devons relier quelques morceaux de ce puzzle pour que chacun trouve sa place dans une entreprise qui fonctionne", relève quant à elle Marie-Françoise Lecaillon, préfète du Gard.
Ultime preuve, les mots des stagiaires. Sylvain, Marion, Thomas, Dylan ou encore Ahmed sont heureux et semblent épanouis. Des parcours chaotiques qui sont enfin en train de trouver une belle issue. Infographiste par le passé, Sylvain est maintenant avec Marion en CDD au sein de l'équipe informatique du CHU de Nîmes. Pour Thomas, 20 ans, le plus jeune de la formation et issu de l'École de la deuxième chance, c'est un service civique à Pôle Emploi. Autre profil, celui de Dylan. Le jeune a toujours aimé l'informatique, mais il est passé par la restauration et d'autres secteurs avant de se poser les bonnes questions.
Embauché en alternance du côté de BRL, il est parvenu alors qu'il était en stage à solutionner un problème qui bloquait la société et que les salariés du service informatique n'arrivaient pas à résoudre ! Ahmed, lui, était peintre en bâtiment et a dû se reconvertir à cause de problèmes à la hanche. Il aimerait devenir formateur à son tour, il est à présent choyé par Christophe (le formateur) et sa femme Sabine au sein de leur société d'informatique.
Même Pôle Emploi, par la voix de sa directrice, est heureux de la situation : "J'aime la diversité des parcours. Leurs envies leur ont permis de rebondir. Nous sommes là pour les écouter et leur donner les meilleures orientations pour qu'ils choisissent bien. Bravo à eux !". Il faut enfin savoir que Nouas a aussi une branche qui s'occupe de l'illettrisme. Avec Lectio, les gens qui le veulent entrent dans un tout autre apprentissage. "Nous allons lancer une passerelle numérique pour que les publics qui ne viennent pas pensent à venir !", conclut Abdelhak Harraga.
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