LA RÉCAP' Qui veut payer des millions ? / Proust à la recherche du temps perdu / Chapelier tique face au toc
Tous les samedis à 19h, Objectif Gard vous propose un rendez-vous sous la forme d'un flash-back sur les événements, petits ou grands, qui ont ponctué la semaine. C'est parti pour la Récap' !
Qui veut payer des millions ? "À vot' bon coeur m'sieurs dames !" L'appel aux dons lancé au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle par la candidate Les Républicains, Valérie Pécresse, avait quelque chose de tragi-comique. De pathétique et de scandaleux aussi. Après son résultat (4,78 %), en-deçà des 5 % nécessaires pour être remboursée de ses frais de campagne, toute honte bue, devant les caméras de télévision, la présidente de la Région Île-de-France qui convoquait sur ses affiches "La fierté française retrouvée" a dû s'assoir sur la sienne pour lâcher sans sourciller : "La situation est critique et il nous manque 7 M€, dont 5 M€ que j’ai emprunté à titre personnel. Je lance un appel national aux dons. Il en va de la survie de la Droite républicaine". Outre le ridicule de la situation qui voyait la plus riche des candidat(e)s en lice pour la magistrature suprême (*) organiser un surprenant nouveau jeu intitulé "Qui veut payer des millions ?" où il n'y aura aucun gagnant mais où tout le monde est invité à participer, a posteriori on se pince en réalisant le degré d'impréparation, d'amateurisme et de vaniteuse présomption de la part d'un parti qui se disait capable de gérer et diriger la France pendant cinq ans et n'avait jamais imaginé de plan B en cas de déroute électorale. Si l'appel aux dons est... monnaie courante dans le cadre des élections et que la candidate LR n'est pas la seule à vouloir rouler carrosse qu'elle nous voudrait voir tirer puisque le candidat des Verts, Yannick Jadot, est dans le même cas et qu'avant eux Nicolas Sarkozy, Arlette Laguiller, Sandrine Rousseau, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan en sont passés par là, outre sa confortable situation pécuniaire personnelle, on n'est pas trop inquiet pour Valérie Pécresse. En 2013, le "Sarkothon" n'avait mis que deux mois pour rassembler 11 millions d'euros grâce à 260 000 généreux adhérents et l’UMP (l'ancêtre de LR) avait enregistré 45 000 nouveaux adhérents. Bingo ! Passez muscade, on efface l'ardoise et c'est reparti pour un tour...
* Valérie Pécresse a déclaré 10 millions d'euros. Elle est propriétaire de trois maisons et possède pour plus de 4 millions d’euros de biens immobiliers. Elle détient aussi plus de 2,5 millions d’euros dans divers contrats d’assurance vie et plans d’épargne et le compte courant de sa société affiche plus de 2 millions d’euros. Par ailleurs, elle possède un peu plus d’un million d’euros d’actions chez General Electric aux États-Unis, la société dont son mari, Jérôme, est président directeur général de la branche "Énergies renouvelables".
Proust à la recherche du temps perdu. "Cette affaire doit faire pschitt !", avait réclamé son avocat au sortir de la première audience. Mais elle n'a pas fait pschitt mais boum ! Et depuis, comme son homologue (*) et homonyme écrivain, Marcel, Franck Proust, le président Les Républicains de Nîmes métropole et élu à la Ville de Nîmes depuis une trentaine d'années, est à la recherche du temps perdu. Condamné cette semaine à 12 mois de prison avec sursis, à 15 000 euros d'amende assortie de cinq ans d'inéligibilité pour "trafic d'influence" devant la cour d'appel de Nîmes dans l'affaire dite de la Senim dont il assurait la présidence (**), après avoir épuisé tous les recours, l'ex-député européen en est rendu maintenant à interjeter appel devant la Cour de cassation. Le temps perdu car c'est en effet sur la durée anormalement longue de la procédure, qui intéresse des faits s'étant déroulés entre 2002 et 2006, que l'élu et ses avocats comptent désormais pour faire casser ce jugement qui, s'il était confirmé, mettrait vraisemblablement un sérieux coup d'arrêt à sa carrière politique. Quoi qu'il en soit, les déclarations de soutien de sa famille politique n'ont pas manqué à Franck Proust. Des déclarations publiques parfois un peu surprenantes comme celle du maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, - "Cette condamnation est très dure, peut-être trop dure parce qu’elle dépasse la réquisition du Parquet" - dont on ne sait si elles ont été faites à titre d'élu ou à titre personnel. Au moment où les Français réclament plus que jamais une moralisation de la vie politique et de l'exemplarité de la part de leurs représentants, un peu de discrétion eut peut-être été préférable. Ne serait-ce que pour ne pas jeter indirectement le discrédit sur les magistrats de la cour d'appel et sur l'indépendance de la justice et ne pas apporter de l'eau au moulin de l'antienne "tous pourris" qui n'a pas besoin de ça pour nourrir la rancœur populaire. Quant à Franck Proust, l'appel devant la Cour de cassation étant suspensif, la question n'est pas de savoir s'il peut conserver ses mandats et continuer à exercer les responsabilités qui sont les siennes mais s'il doit démissionner ou pas. Une question à laquelle il est le seul à pouvoir répondre. Là, il est seul juge.
* Franck Proust est l'auteur d'un essai intitulé "L'Europe : l'apprendre ou la laisser", préfacé par Nicolas Sarkozy.
* Toute personne suspectée ou poursuivie est présumée innocente tant que sa culpabilité n'a pas été établie.
Chapelier tique face au toc. Élue députée de 4e circonscription sous l'étiquette de La République en marche en 2017, Annie Chapelier avait, comme d'autres, averti qu'elle ne ferait qu'un seul mandat. Mais contrairement à certains qui ont tourné casaque et brigueront à nouveau les suffrages aux Législatives, elle s'y tiendra. Il faut dire que le bel enthousiasme naïf de l'infirmière anesthésiste gardoise avait été rapidement douché au fur et à mesure de la découverte du fonctionnement de l'Assemblée nationale. Dans un livre témoignage intitulé Un Parlement en toc (*) sorti hier, la future ex-élue de la République de sensibilité écolo de Gauche mais pas sectaire, comme elle le revendique, dénonce les députés "prête-noms" chargés de présenter les lois au nom du Gouvernement et l'impossibilité pour un député isolé de légiférer et de faire valider un texte. Elle appelle à une "réforme constitutionnelle. Pour que chaque citoyen puisse se réapproprier la République et avoir un rôle". celle qui prône une "démocratie participative" et la suppression des Régions et les EPCI (établissements publics de coopération intercommunale, les intercommunalités, NLDR), parce que "ça ne sert à rien, à part multiplier les couches", rendra son tablier et son écharpe en juin. Son franc-parler et sa personnalité nous manquent déjà tant ils sont peu nombreux en politique ceux qui prennent le risque de sortir du moule pour ne pas avoir l'air tarte.
* "Un Parlement en toc" (éditions Nombre 7).
Philippe GAVILLET de PENEY
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