Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 20.08.2021 - norman-jardin - 4 min  - vu 2245 fois

LES GARDOIS AUX JO Eva Serrano, un parcours sans fausse note

Eva Serrano à Tokyo (collection privée Eva Serrano)

La Nîmoise a une longue histoire aux Jeux Olympiques avec des participations en tant que gymnaste à Atlanta (1996) et Sydney (2000) et une comme juge à Tokyo il y a quelques semaines.

Elle est nîmoise et fière de l’être. « C’est ma ville préférée, avec des monuments splendides qui devraient être classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. J’adore les jeudis de Nîmes et les ferias. Comme tous les Nîmois je préfère la feria les vendredis et dimanches soirs.» Eva Serrano aime sa ville, sa région et elle a représenté Nîmes aux quatre coins de la planète pendant une décennie, du temps où elle était la meilleure gymnaste française. C’est à la clinique Pasteur qu’Eva voit le jour en 1978 et elle grandit dans le quartier du Mas de Possac.

Eva Serrano adore la ville de Nîmes (photo Norman Jardin)

Mais la fillette est pleine d’énergie et sa mère décide de l’inscrire dans un club de gymnastique. « La GRS (NDLR : Gymnastique rythmique et sportive) n’était pas connue mais un club venait de s’ouvrir au Chemin-Bas d’Avignon. J’étais plus danse, gym, danse classique mais dès la première année j’ai adoré et la passion est née ». C’est le coup de foudre entre Eva et cette discipline qu’elle ne quittera jamais. En 1990, la Fédération Française de Gymnastique créée le groupe ‘Horizon 96’ destiné à détecter les meilleures athlètes. Eva Serrano passe les tests nationaux et termine première.

«30 minutes tous les deux jours pour appeler nos proches»

La Nîmoise a des qualités bien au-dessus de la moyenne et il vient un temps où il faut partir pour progresser. À 12 ans, Eva quitte le cocon familial pour un centre d’entraînement à Évry (Essonne). « Ce n’est jamais facile de partir mais j’étais tellement passionnée. Je suis partie naïvement sans réaliser, mais c’était très bien comme ça ». L’expérience de cette première année lui laisse un souvenir mitigé avec la famille d’accueil. « Nous avions les moyens de l’époque, sans smartphone, sans réseaux sociaux. Il n’y avait que le téléphone fixe avec seulement 30 minutes tous les deux jours pour appeler nos proches. Cela faisait une vraie coupure et c’était dur.»

Au niveau des entraînements, Eva passe à la vitesse supérieure avec 25 heures d’entrainement hebdomadaire au lieu de 12 à Nîmes. « On devient un petit adulte sans avoir la capacité de l’être, on devient grande avant l’âge. » Les progrès sont fulgurants et Eva devient quinzième chez les Espoirs puis quatrième catégorie Juniors et remplaçante aux championnats d’Europe. « Dans la hiérarchie, j’étais la quatrième française et les deux premières arrêtaient leur carrière, alors je pensais forcément aux JO d’Atlanta » explique Eva Serrano.

Eva Serrano au cerceau à Sydney en 2000 (collection privée Eva Serrano)

« Nous n’avions pas beaucoup d’aide et mes parents ont été obligés d’emprunter de l’argent pour me financer et m’aider. » Au bout d'un an, nouveau départ pour prendre cette fois la direction de Calais (Pas-de-Calais) pour un centre National en 1991. À 14 ans, Eva passe en catégorie Seniors et lors de ses premiers championnats du monde (1992), elle termine meilleure française. Elle est au top du niveau hexagonal et elle y reste jusqu’à la fin de sa carrière.

La qualification n’est qu’une formalité mais c’est au prix de huit heures d’entraînement quotidien. Au sommet de la hiérarchie française, Eva participe aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996. Elle se souvient de la cérémonie d’ouverture mais aussi de l’ambiance américaine un peu lourde. « On a attendu longtemps avant de défiler et beaucoup après, c’était trop long. » Beaucoup de contrôles et la forte présence des forces de police altèrent un peu la magie des Jeux. En compétition, la Nîmoise décroche une belle sixième place et se présente comme potentielle médaillable pour la prochaine édition des JO. « Je ne m’y attendais pas du tout, j’étais trop contente d’être en finale. »

« Il fallait que la Russe gagne » 

Les Jeux Olympiques de 2000 se déroulent à Sydney est là l’état d’esprit n'est plus le même. « L’ambiance était géniale. Tout était mieux qu’à Atlanta. La cérémonie d’ouverture était superbe, on a vu Kylie Minogue. Les gens étaient hyper gentils, plus chaleureux qu’aux USA. Les Australiens adorent les Français et mes parents avaient été accueillis et logés chez des bénévoles. » Eva termine cinquième à presque rien du podium. « Je suis déçu car je termine à 0.025 pts du podium. Le code était mal fait. La meilleure russe commet une faute, elle sort du praticable mais elle termine sur le podium. Ce n’était pas très cool à vivre. Il fallait que la Russe gagne. » 

À 22 ans, la gymnaste décide de mettre un terme à sa carrière de sportive : « Je ne voulais pas faire la compétition de trop ». Pour autant, elle ne quitte pas le giron de la FFG et elle devient cadre. Ses fonctions la conduisent à devenir juge pour le Jeux Olympiques de Tokyo. « Mon objectif était de juger de façon correcte. On est hyper contrôlés avec une grosse pression. Certains Russes nous ont insulté en criant au scandale. » Une expérience enrichissante mais qu’elle ne souhaite pas renouveler. Elle restera juge au niveau national et c’est désormais sur Paris 2024 qu’Eva se tourne avec l’envie d’y jouer un rôle. En attendant elle va profiter à fond de Nîmes qu'elle aime tant.

Norman Jardin

Norman Jardin

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