Publié il y a 1 an - Mise à jour le 07.11.2022 - stephanie-marin - 4 min  - vu 1211 fois

L'INTERVIEW Julien Sanchez, vice-président du RN en charge des élus : "Dans le Gard, beaucoup d'adjoints me contactent, veulent me rencontrer"

Julien Sanchez, le maire Rassemblement national de Beaucaire. (Photo : S.Ma/ObjectifGard)

Samedi dernier, Jordan Bardella, 27 ans, a été élu président du Rassemblement national par les militants et succède donc à Marine Le Pen. Une victoire remportée face à Louis Aliot, avec 84,84% des suffrages. Comme il l'avait promis lors de son passage à Beaucaire le 29 septembre dernier, Julien Sanchez a ainsi été nommé vice-président du parti en charge des élus. Interview.

ObjectifGard : Jordan Bardella, que vous avez soutenu dès l'annonce de sa candidature, ressort grand vainqueur de cette élection pour la présidence du Rassemblement national. Selon vous, est-ce une suite calquée sur le modèle Marine Le Pen ou un renouveau du parti ?

Julien Sanchez : Une suite logique, je dirais que oui parce qu'il est sur la même ligne politique que Marine Le Pen. Mais ce n'est pas un robot, c'est un individu qui a sa propre façon de penser, sa propre énergie, donc je pense qu'il va amener des choses nouvelles au mouvement. Marine Le Pen avait fait un petit peu le tour de cette fonction. Elle l'a dit, elle avait en son temps amené de la nouveauté lorsqu'elle a pris la suite de son père en 2011, mais je pense qu'elle avait envie de passer le relais. Et pour cela, comme pour tout dirigeant, d'une entreprise ou autres, trouver un successeur qui a les capacités de nous succéder, est le plus difficile. Je pense qu'elle a été ravie de trouver Jordan car, pour elle, il a toutes les qualités pour lui succéder. Si elle a quitté ses fonctions, ce n'est pas pour diriger en sous-main ou pour le mettre sous tutelle, elle va lui laisser les rênes.

On imagine mal Marine Le Pen lâcher les rênes complètement...

Si, elle a une autre fonction, celle de présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale. Il y a quand même 89 députés. C'est un travail énorme, ça veut dire diriger la première opposition à l'Assemblée nationale, montrer aux Français ce que nous proposons de différent par rapport au Gouvernement, faire des amendements. C'est une importante responsabilité politique. Elle a quitté la présidence du parti pour laisser quelqu'un d'autre y consacrer son énergie, son dynamisme. Chacun a sa façon de voir les choses et je pense que la volonté de Jordan est de faire du parti une organisation au service de la future candidate à la Présidentielle et de professionnaliser encore plus le parti.

Et de dédiaboliser encore le parti ?

Non pas forcément, mais de montrer le parti sous son vrai visage. Ce n'est pas la dédiabolisation que nous cherchons. Quand j'ai été élu maire, on a dit "Beaucaire va sombrer dans les ténèbres". Mais nous avons appliqué notre programme et nous nous sommes montrés tels que nous sommes. On est passés de 40 à 60%.

Vous parliez de l'Assemblée nationale. Cette élection de Jordan Bardella a eu lieu dans un contexte polémique après une interpellation en séance, jugée raciste, du député RN Grégoire de Fournas. Quelle est votre réaction à ce sujet ?

C'est un gag absolu. En gros, vous êtes jugés par vos adversaires politiques, La France insoumise, La République en marche et Les Républicains, qui veulent notre mort. Il était évident qu'ils allaient prononcer la sanction maximale, l'occasion était trop belle. Mais sur le fond, cette polémique est dérisoire. Vous imaginez un député assez débile pour s'en prendre à un adversaire et lui dire alors qu'il est Français, de retourner en Afrique ? Ce n'est absolument pas ce qui s'est passé, il n'a pas mis en cause son collègue de la France insoumise - et si vous prenez le procès verbal de l'Assemblée nationale, on voit le contexte - mais a parlé des bateaux de migrants en disant : "Oui, qu'ils retournent en Afrique". Et ça, c'est le programme du Rassemblement national. Ces gens n'ont pas à venir en France sans notre accord. D'ailleurs, il n'est pas sanctionné ni pour racisme, ni pour injure, etc., mais pour "tumulte". Or, vous avez déjà vu comment se passent les débats à l'Assemblée nationale : les gens s'interpellent sans arrêt, c'est un brouhaha permanent.

Vous avez été élu, ainsi que le député Yoann Gillet, membres du conseil national par les adhérents du parti. Et nommé pour votre part par Jordan Bardella, vice-président en charge des élus. Quel va être votre rôle précisément ?

Jordan Bardella souhaite s'appuyer sur un maire pour s'occuper des élus du mouvement. C'est de voir quels sont les sujets sur lesquels ils veulent qu'on travaille : la formation, les problématiques qu'ils rencontrent, etc. Et puis aussi, faire venir de nouveaux élus vers nous. Dans le Gard, beaucoup d'adjoints me contactent, veulent me rencontrer et notamment depuis les Sénatoriales.

On veut des noms !

Il y en a pas mal ! Donc la vice-présidence est là pour les élus actuels et ceux qu'on veut faire venir chez nous, pour préparer l'implantation locale du parti. Je maintiens que si nous avons eu des députés aussi nombreux, c'est aussi parce qu'on a des mairies et c'est aussi parce que nous avons des candidats qui sont pour certains implantés. Donc il faut travailler sur cette implantation, il faut former nos militants, nos candidats, les professionnaliser encore plus. Le but, ce n'est pas d'avoir que quelques maires, 89 députés, etc., mais d'arriver au pouvoir.

Propos recueillis par Stéphanie Marin

Stéphanie Marin

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