ALÈS CGT : une manif' pour les retraités, une autre pour les "maltraités"
Parce que "les motifs de se rebeller ne manquent pas", l'Union locale de la CGT d'Alès a invité la presse jeudi dernier pour lui présenter ses appels lancés dans le cadre d'une rentrée sociale "très animée". Deux manifestations sont d'ores et déjà fixées dans les prochains jours.
Dans les locaux de la Bourse du travail d'Alès, la récente victoire au tribunal de la CGT contre un maire gardois qui souhaitait imposer le pass sanitaire à tous ses agents (lire ici) est encore sur toutes les lèvres. Pourtant, si ce combat gagné doit permettre de "faire jurisprudence à l'échelle nationale", il en appelle de nouveaux. Et ce dès le 1er octobre. "À 10 heures, on se rassemblera devant la sous-préfecture d'Alès", prévient Martine Sagit, secrétaire générale de l'Union locale de la CGT d'Alès.
Consacrée aux retraites, cette première action post-rentrée de l'UL alésienne à laquelle prendront part huit autres organisations syndicales se justifie aisément aux yeux d'Alain Martin : "On nous annonce une croissance de plus de 6 points, or le "quoi qu'il en coûte" semble bien fini pour les retraités qui n'ont eu droit qu'à une petite augmentation de 0,4 point de leur pension en janvier, alors que l'inflation s'établit à 1,6 point."
"De plus en plus de retraités se tournent vers le Secours populaire", s'inquiète Gilbert Pucheral, aide-bénévole de l'organisation syndicale, évoquant une baisse drastique du pouvoir d'achat de ces derniers sous l'ère Macron. Ainsi, la CGT réclame une augmentation des pensions de retraite en les indexant sur l'évolution du salaire moyen, le tout assorti d'un âge de départ à 60 ans à taux plein.
Des effets d'annonce ?
Évidemment, "ces augmentations auraient un coût", reconnaît Alain Martin. "Mais n'auraient-elles pas aussi des retombées positives ? La croissance, c'est un robinet qui s'ouvre. Ça relancerait la consommation des seniors", développe-t-il. Aux petits soins avec les aînés, la CGT milite pour la création d'un "grand service de l'autonomie" avec l'embauche de 200 000 soignants en Ehpad et 100 000 dans le secteur de l'aide à domicile.
Une mesure qui ne semble pas à l'ordre du jour, alors que "la pandémie a montré le caractère essentiel du service public, notamment au niveau des aides à domicile qui ont prouvé leur utilité", regrette Martine Sagit. C'est la raison pour laquelle le syndicat, par la voix d'Alain Martin, exige de rendre ces emplois "publics, statutaires".
Pour autant, en annonçant une revalorisation du Smic au 1er octobre, ainsi que du salaire des aides à domicile du secteur associatif à hauteur de 13 à 15 %, le gouvernement y est allé de ses mesures populaires. "On n'est pas dupes, Macron est en campagne donc les effets d'annonce ne manquent pas", temporise Alain Martin. "Pour les aides à domicile, on ne sait pas encore qui va payer", se méfie la militante Florence Espel, craignant que ça ne soit "les bénéficiaires eux-mêmes".
Macron, la main verte
Même scepticisme au sujet de l'augmentation du point d'indice. Ce dernier permet de revaloriser les salaires de tous les fonctionnaires, du plus haut au plus bas de l'échelle. Un point équivaut à 14 euros net par mois sur la fiche de paie, ce qui représente une augmentation de 2,5 milliards d'euros pour le budget de l'État. Une somme conséquente pour le gouvernement qui ne veut donc pas rehausser ce point d'indice en 2022. C'est ainsi qu'il a choisi d'augmenter uniquement les fonctionnaires de la catégorie C, les moins bien payés. "Un leurre", d'après Martine Sagit qui s'explique : "Avec la hausse de 2,2% du Smic, certains agents se seraient retrouvés avec un salaire situé en dessous du salaire minimum, ce qui était impossible."
Le 5 octobre, la CGT alésienne sera encoredans la rue. Aux revendications liées aux retraites s'agrègeront des mesures visant "le progrès social". Car le fossé se creuse entre "les supers riches" et les autres. "Durant la pandémie, si le Smic avait augmenté dans les mêmes proportions que le capital s'est engraissé, on n'en serait pas là à quémander", promet Alain Martin. Et ce dernier de philosopher, paraphrasant Gérard Filoche, cégétiste de la première heure : "Macron est un jardinier qui arrose le fleuve pendant que son jardin dépérit".
Corentin Migoule
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