Deux prévenus comparaissent devant le Tribunal correctionnel de Nîmes, ce mardi 9 décembre 2025 pour des faits de recel de pièces automobiles. L’un d’eux, comparait libre tandis que l’autre se tient debout dans le box des prévenus, déjà incarcéré pour autre cause. Un troisième homme est prévenu dans cette affaire, mais son état de santé n'a pas permis son extraction. Il sera jugé le 11 juin 2026. L’histoire débute le 12 juin 2023. Une équipe de la police découvre alors un véhicule Renault Master, faussement immatriculé et déclaré volé à Marseille en 2022. En son sein, l’intégralité des pièces détachées d’une Peugeot 308, attachées au moyen de sangles. Ce véhicule étant également faussement immatriculé et déclaré volé à Marseille.
Après une intervention minutieuse de la police technique et scientifique, un profil génétique a été découvert sur une boucle de serrage et sur les sangles permettant le maintien des pièces dérobées. C’est l’ADN de Steeve, l’un des prévenus, qui est alors relevé par les enquêteurs.
« J’ai dû sortir toutes les pièces »
« J’avais fait des réparations sur ce véhicule », explique le prévenu, interrogé par le tribunal sur la raison de la présence de ses empreintes génétiques sur le véhicule Renault Master. Pourtant, il ne se souvient plus qui a bien pu lui déposer ce véhicule pour réparations. D’autant qu’à cette époque, l’homme d’une trentaine d’années n’était pas mécanicien de profession, mais effectuait des réparations de manière non-déclarée sur son temps libre. Une version qui ne convainc pas le tribunal, interrogatif sur la présence de l'ADN de Steeven sur les sangles reliant les pièces volées au véhicule, lui aussi volé. « J’ai dû sortir toutes les pièces pour faire les réparations, raconte le prévenu. J’ai même pas été payé pour ça », lance-t-il. Une allégation étonnante pour le tribunal : « Vous acceptez de travailler sans être rémunéré ? », l’interroge la présidente.
Un autre événement a été porté à la connaissance du tribunal. Le 1er août 2023, la police a découvert pas moins de neuf véhicules, au niveau de la ZUP sud, à Nîmes. Volées à l’aide d’un boîtier, elles ont toutes été désossées et leurs pièces trillées par nature. C’est de nouveau à cause de prélèvements effectués sur place que Steeve a été identifié comme s’étant rendu dans le garage clandestin, cette fois aux côtés de son frère, comparaissant dans le box.
Un chiffon et une lampe frontale
L’ADN de Steeve a été retrouvé sur un chiffon, retrouvé au pied d’un véhicule volé, et sur une lampe frontale, retrouvée, elle, dans un autre véhicule désossé. Les traces génétiques de son frère, elles, ont été retrouvées sur des boulons et sur un moteur. Selon les deux hommes, ils seraient venus sur place, mais auraient constaté qu’il s’agirait de véhicules volés. « Je suis rentré, j’ai fait cinq mètres, et je suis ressorti », raconte Steeve. « Mais vous avez laissé votre chiffon et votre lampe frontale… », remet en cause le président.
Son frère, Sébastien, explique qu’il est bien allé dans cet entrepôt et qu’il a touché des boulons notamment, avant de se rendre compte qu’il s’agissait de véhicules à la provenance douteuse, puis de quitter les lieux. « J’ai un peu vu, mais j’ai pas percuté complètement », bafouille Sébastien, lorsqu’il est interrogé sur sa connaissance, ou non, de l’origine volée des pièces qu’il a manipulées. Concernant le troisième prévenu, absent à l’audience, les deux hommes disent ne jamais l’avoir rencontré.
Des peines mixtes
« Ils aimeraient faire croire que cela était une question de hasard, souligne Salomé Jacob, procureure de la République. Ils se contredisent et essaient d’inventer des explications », ajoute-t-elle. Maître Salomé Auliard, intervenant aux intérêts de Steeve, s’est appuyée sur la bonne fois de son client : « Il ne pouvait pas avoir connaissance du caractère volé des véhicules ». D’autant que le premier véhicule lui a été confié avec les clés de contact. Elle a alors plaidé la relaxe. C’est également le cas de Camille Praux l’avocate intervenant pour la défense de Sébastien, soutenant qu’« ils n’y sont allés qu’une seule fois au garage clandestin ».
Après délibération, le tribunal a déclaré Steeve coupable des faits lui étant reprochés. En répression, il a été condamné à 18 mois d'emprisonnement dont 12 assortis d'un sursis probatoire d'une durée de deux ans. Dans ce cadre, il doit travailler et payer les sommes dues au Trésor public.
Sébastien, lui, a été relaxé pour des faits concernant l'un des véhicules, mais a été condamné pour le surplus. Il a écopé de 18 mois d'emprisonnement dont 6 assortis d'un sursis probatoire de deux ans. Il devra donc travailler, payer les sommes dues au Trésor public et indemniser les victimes. Un mandat de dépôt a été prononcé à son encontre. Concrètement, il va purger sa peine de prison ferme, puis sera contraint de respecter ces obligations, au risque de voir son sursis probatoire être révoqué, au même titre que son frère.