Publié il y a 2 mois - Mise à jour le 19.02.2024 - Propos recueillis par Abdel Samari - 3 min  - vu 13774 fois

BAGNOLS Propos anti-français : l'imam de Bagnols regrette la polémique "C'était un lapsus"

Photo Marie Meunier

Sur une vidéo relayée sur les réseaux sociaux par l'extrême-droite, Mahjoub Mahjoubi, imam à Bagnols qualifie le drapeau français de « drapeau satanique ». Il s'explique sur ses propos dans Objectif Gard.

Hier dimanche, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a demandé le retrait du titre de séjour de l'imam de Bagnols-sur-Cèze après des propos contre le "drapeau tricolore" lors d'un prêche en vidéo. Mahjoub Mahjoubi dans l'œil du cyclone s'exprime sur Objectif Gard.

Objectif Gard : Pourquoi vous attaquer au drapeau français dans l'un de vos derniers prêches ?

Mahjoub Mahjoubi, imam de Bagnols-sur-Cèze : Dans mon discours, il s'agissait d'une série de prêches sur la fin du monde. Il avait vocation à rappeler aux musulmans au sein de la mosquée la nécessité de se réunir sous une même autorité. Ces paroles étaient aussi l'occasion de dire, au moment où se déroule la Coupe d'Afrique des Nations, la nécessité pour tous de ne pas s'opposer derrière chacun de leur drapeau.

Vous avez pourtant très clairement parlé du "drapeau tricolore"...

C'était un lapsus, je voulais parler des drapeaux multicolores. Je reconnais de ne pas être Voltaire mais franchement, vous pensez que je me serais filmé en tenant un discours pareil ? Vous pensez que je vais insulter la France qui m'a accueilli ? J'ai défendu la République. J'ai participé et même organisé des marches contre les attentats de 2015. J'étais au premier rang pour défendre la liberté d'expression après les odieux meurtres de Charlie Hebdo. Je défends la laïcité. Je voudrais rajouter que je suis chef d'entreprise, je paie des impôts et j'en suis fier. C'est humain de faire un lapsus, en fin de prêche en plus. Même le président de la République a déjà fait des lapsus...

Le ministre de l'Intérieur vient de prendre une décision radicale à votre encontre et exige désormais votre expulsion. Comment réagissez-vous ?

Je ne suis pas Français, j'ai actuellement un titre de séjour en cours de renouvellement. J'ai d'ailleurs récemment été reçu par les services de l'État afin de mettre à jour mes documents et tout s'est parfaitement bien déroulé. Parce que je suis intégré, je travaille. Ce que je regrette dans toute cette histoire, c'est que personne ne prend le temps de m'écouter, et de peser la réalité de mes propos et de ma pensée. Le tourbillon médiatique est en marche aidé par l'extrême-droite, notamment le député Nicolas Meizonnet. C'est dommage. Moi, j'espère que l'on voudra bien juger mes réelles intentions, mon engagement pour la République depuis plusieurs années et pas, une faute de langage. Maintenant, si on souhaite mon départ, je partirais. Il n'y a aucune difficulté à cela. Je fais confiance à la justice française. Mais c'est regrettable que cela se fasse dans un contexte où la vérité n'est pas celle que l'on veut faire croire...

Le vice-président du Conseil français du culte musulman, Abdallah Zekri s'exprime depuis ce matin. Et qualifie vos propos de "minables". Il indique par ailleurs à notre rédaction que vous avez franchi la ligne rouge et que vous avez été mis à la porte du collectif des mosquées du Gard il y a huit mois maintenant...

Je n'ai pas été mis à la porte, c'est faux. Je n'ai tout simplement pas souhaité me représenter par manque de temps. Je suis attristé du jugement définitif de M. Zekri alors qu'il me connait très bien. Il fait une sortie médiatique sans m'appeler, sans m'entendre. Il devrait avoir honte...

Le maire de Bagnols ce matin s'exprime par communiqué. Il demande que la Justice s'exerce dans les tribunaux, loin des feux de la rampe médiatique tout en précisant que les infractions susceptibles de perturber l'ordre public doivent être sanctionnées de manière transparente...

Je suis tout à fait d'accord avec lui. Mes propos peuvent avoir blessé mais je suis catégorique, c'est un lapsus. En aucune façon, une attaque contre la France. J'en suis désolé et j'ai écrit au maire ce matin pour lui dire...

Est-ce que vous mesurez votre responsabilité en tant que représentant des musulmans dans le contexte actuel ?

J'ai toujours considéré que ma personne, mon statut m'obligeaient vis-à-vis de la République. Et mes actions ont toujours été bénéfiques en ce sens. Quand je m'exprime dans une mosquée, je le fais à destination d'une communauté religieuse. Mais jamais, je ne pourrais m'en prendre à la France et au drapeau français. Ce n'est ni volontaire, ni involontaire. Cette tempête médiatique et désormais politique a des conséquences pour ma famille, je suis conscient de m'être trompé sans le vouloir, encore une fois. C'est à la justice maintenant de me juger sur ma sincérité...

Propos recueillis par Abdel Samari

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