Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 27.11.2020 - marie-meunier - 4 min  - vu 759 fois

BAGNOLS/CÈZE Une demande de classement de la Pyramide pour éviter sa déconstruction

Le projet de la mairie est de reconstruire une nouvelle salle de 500 places à la place de la Pyramide.
La Pyramide de Bagnols fait partie d'un ensemble architectural, bâti en 1959 par le grand architecte Georges Candilis. (Marie Meunier / Objectif Gard)

À la question "Citez un emblème de Bagnols/Cèze", beaucoup vous répondront la Pyramide. Bâti dans les années 60, cet édifice au cœur du centre culturel Léo-Lagrange doit être détruit en janvier-février 2021 pour laisser place à la Pyramide 2 : une nouvelle salle de spectacle avec 500 places assises.

Depuis environ un an, la Pyramide est fermée, attendant patiemment son sort. Sauf que plusieurs habitants, associations, et même des personnes au-delà de Bagnols ne veulent pas voir ce symbole du Gard rhodanien remplacé par une construction neuve. D'autant que cet édifice, comme plusieurs bâtiments des Escanaux, a émergé des plans du fameux architecte grec, Georges Candilis. Mais aussi d'une dizaine d'autres noms comme Josic, Woods, Delfante, Chausse, Agniel...

Alors que les pelleteuses et tractopelles doivent arriver d'ici deux à trois mois, une brève missive de directeur régional des Affaires culturelles pourrait remettre en question le calendrier de la municipalité de Jean-Yves Chapelet. Et cette lettre, c'est Thierry Vincent de l'association Préservons Bagnols et actuel élu d'opposition qui l'a reçue. Mais reprenons depuis le départ.

Un édifice labellisé "Patrimoine du XXe siècle"

Depuis des années, ce dernier mène un combat pour que ce bâtiment soit épargné, en lien avec les ayants-droit de Candilis. Un bâtiment inscrit dans un ensemble urbain des Escanaux, distingué par le label "Patrimoine du XXe siècle" en 2014. Pour la tête de liste du groupe d'opposition Alliance citoyenne, il n'y a pas le "recul qui permet à la population de prendre conscience" de ce projet. Il reproche au maire des "approches feutrées" du sujet, sans "annonce fracassante" pour évoquer la déconstruction de la Pyramide.

Depuis 2018, Thierry Vincent, actuel opposant d'Alliance citoyenne et membre de l'association Préservons Bagnols, a engagé des démarches pour préserver la Pyramide. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Thierry Vincent ne souhaite pas dire au revoir à ce bâtiment "sans forme de procès". D'autant qu'il a eu connaissance le 19 décembre 2019 d'un courrier du précédent directeur régional des Affaires culturelles adressé au maire qui soulignait "la nécessité de préserver et de valoriser cet équipement culturel". Et de poursuivre sur un ton plutôt alarmant : "Le projet ainsi soumis ne correspond pas à cette recommandation, [...] il peut me revenir de solliciter une instruction auprès d'une instance de classement pour éviter sa démolition."

Un mois après, en pleine campagne électorale, Thierry Vincent décide d'écrire à Jean-Yves Chapelet pour savoir s'il comptait se conformer au courrier du DRAC. Il n'a jamais reçu de réponse. Mais l'édile nous précise : "Personne n'a émis d'avis défavorable. Le DRAC par intérim avait en effet fait un courrier mais on a fait une réunion. On a apporté des explications et des garanties."

Une demande de classement que la commission régionale du patrimoine et de l'architecture va étudier

Pendant plusieurs mois, Thierry Vincent s'est demandé si le projet ne s'était pas essoufflé jusqu'à une publication Facebook du maire en juillet 2020 sur "le coup d'envoi de la nouvelle Pyramide". Il saisit alors le préfet, les Architectes de France et le directeur régional des Affaires culturelles pour alerter de l'urgence de la situation et dans l'espoir de demander une procédure de classement de la Pyramide.

Il a reçu une réponse la semaine dernière du nouveau directeur de la DRAC qui lui indique que sa démarche devrait faire l'objet d'un examen de dossier par la commission régionale du patrimoine et de l'architecture (CRPA). Pour l'instant cette commission ne peut être réunie en raison du contexte sanitaire. Mais la DRAC lui notifie qu'il le tiendrait informé de la suite donnée à sa démarche.

Cette réponse est une belle victoire pour Thierry Vincent qui néanmoins ne se satisfait pas de cette nouvelle, "bien qu'enthousiasmante". Il aimerait avoir la confirmation que cette procédure implique bien une instruction de sauvegarde et donc que l'état de l'édifice ne soit pas altéré au moment où la décision sera rendue.

Bien qu'attaché à la Pyramide, il dit rester "humble" et qu'il ne lui appartient pas "de juger ce qui est beau ou laid" mais qu'il est serait sensé "de respecter les préconisations des gens dont l'architecture et le patrimoine sont la spécialité."

Une nouvelle de salle de 500 places assises

Contacté, le maire, Jean-Yves Chapelet, dit ne pas avoir reçu de contrordre de la DRAC pour le déroulé des travaux suite à ce dernier courrier. Il respecte la démarche de son opposant mais assure qu'il a tout fait dans les règles : "Nous, aujourd'hui, on a un permis de démolir accordé depuis le 21 octobre. La DRAC a donné son feu vert. Je vous rappelle que la Pyramide n'est pas classée et sa labellisation n'agit pas comme une protection."

Le maire de Bagnols, Jean-Yves Chapelet, a obtenu son permis de déconstruire la Pyramide, avec l'accord de la DRAC, indique-t-il. (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Il se défend de faire du "Candilis bashing" mais cette salle n'est plus adaptée : "Les Bagnolais, entre la Pyramide et une salle moderne de 500 places, je pense qu'ils préfèrent la 2e dans 80 % des cas." 500 places c'est souvent le seuil de rentabilité pour beaucoup de spectacles, qui jusque là échappaient à Bagnols, certifie le maire. Le lieu aura une capacité de 750 places debout.

Ce chantier est estimé à environ 3, 5 millions d'euros dont 1,1 million en autofinancement. L'appel d'offres est lancé pour la démolition et le permis de construire devrait être accordé, s'avance le premier magistrat. Il a tenu à ce que la Pyramide 2 soit reconstruite en lieu et place, en plein cœur du quartier prioritaire de la Ville : "Si j’enlève la Pyramide des Escanaux, plus personne n’ira là". L'idée est vraiment que cette salle devienne "le centre névralgique de la culture à Bagnols." Plusieurs démolitions dans les Escanaux suivront au cours du mandat notamment l'arche Carcaixent prioritairement ou encore la Tour G2, en 2023.

Marie Meunier

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