"Comme un enfant aux yeux de lumière qui voit passer au loin les oiseaux". Ainsi débute la chanson interprétée par Marie Myriam, gagnante française de l'Eurovision en 1977. C'est dans un domaine bien éloigné de la musique que Jean-Paul Helliot s'illustre. Mais le couplet fait écho à son amour pour ces animaux à plumes, qui a démarré dès son plus jeune âge dans la région alésienne et qui s'est transformé en véritable passion au fil des années.

Déjà gamin, Jean-Paul Helliot recueillait des tourterelles. Il s'est ensuite pris d'affection pour un couple de mandarins que possèdait son épouse. "Ma femme est d'origine néerlandaise, chaque fois qu'on se rendait en Hollande, je revenais avec un couple de canaris", relate-t-il. Il a fini par créer il y a 35 ans un élevage chez lui, à Chusclan, dont il s'occupait en parallèle de son emploi à Marcoule. Maintenant à la retraite, il dédie ses journées à ses volatiles. Il détient plus de 150 oiseaux et fait naître 130 jeunes chaque année. Il en garde certains pour la reproduction, il en vend d'autres à des particuliers ou à d'autres éleveurs. "J'ai une lignée bien établie, assez connue maintenant. J'ai vendu des oiseaux dans toute l'Europe, jusqu'à Chypre et beaucoup au Portugal", assure l'éleveur chusclanais. 

L'argent au championnat du Monde et l'or au national en 2023

Chaque année, il présente quelques-uns de ses serins en concours. Les visiteurs ont pu voir quelques-uns de ses champions, ce week-end, à Chusclan. Quatre de ses canaris rouges Schimmel ont remporté l'argent au championnat du Monde de beauté qui s'est déroulé les 26 et 27 janvier derniers, à Talavera, en Espagne. En témoigne la cocarde accrochée aux barreaux de leurs cages. Leur apparence a fait la différence face aux 25 autres équipes. "Quand on qualifie quatre oiseaux, cela met en valeur la souche chez l'éleveur et prouve qu'elle est bien établie", atteste le Gardois. 

Dans la cage d'à côté, leur voisin tout aussi rougeoyant qui porte la bague n°61 a, quant à lui, été sacré champion de France dans sa catégorie, à Ronchamp en Haute-Saône, en décembre 2023. Il descend lui-même d'un oiseau qui avait eu le titre de champion du Monde en 2017, à Almeria, en Espagne. Les juges sont particulièrement attentifs à l'écaillage dessiné par les plumes blanches au bout des ailes. "Ils s'attachent à d'autres critères comme la forme de l'oiseau, l'intensité du rouge qu'on appelle le lipochrome, la longeur des plumes, qui doit être assez courte", explique Jean-Paul Helliot. 

16 médailles au niveau mondial

Les croisements doivent donc être précis pour obtenir les meilleurs gènes possibles. "Au départ, je faisais plusieurs couleurs. Je me suis spécialisé dans les canaris rouges en 2010. C'est à partir de là que j'ai eu mes premiers prix", témoigne l'éleveur gardois. Depuis, il comptabilise 16 médailles au niveau mondial. Un joli palmarès qui lui confère une notoriété dans le milieu ornithologique. Le Gardois ne se lasse pas de ses petits locataires connus pour leur chant mélodieux : "En période de reproduction, on y passe beaucoup de temps pour tout vérifier et contrôler. Le reste de l'année, les oiseaux vivent dans de grandes volières. On est beaucoup confronté à des personnes qui ne comprennent pas que des oiseaux vivent dans des cages." 

Pendant les évènements grand public comme l'exposition-foire de ce week-end, Jean-Paul Helliot et les autres éleveurs et passionnés en profitent pour sensibiliser les visiteurs et font connaître leur univers. C'est la 4e année que l'association Ornia, présidée par le Chusclanais lui-même, réitère ce rendez-vous. "On compte une quarantaine de membres principalement du Vaucluse et du Gard. On est un club avicole et ornithologique. On a pour projet de créer un concours régional", conclut-il.