ÉDITORIAL Après Bayrou, le pouvoir aux socialistes

Dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, Olivier Faure, Gérald Darmanin et Bruno Retailleau.
- Photo MaxPPPLes seuls qui aient fait acte de candidature en responsabilité pour aider le pays : les socialistes. Ne comptez pas ni sur l'extrême-droite ni sur les Insoumis, ils ne cherchent que le chaos.
Il n'a pas convaincu. L'affaire était de toute façon très mal engagée. François Bayrou est depuis ce matin un Premier ministre démissionnaire. Pour autant, le problème n'est pas réglé. La France n'a pas de perspective claire pour voter le budget de l'an prochain. Cela tombe très mal : il y a des élections municipales à organiser. Et comme à chaque scrutin, le coût est significatif. Pendant plusieurs jours, si ce n'est des semaines, les regards seront tournés vers l'Élysée. Quel nom va sortir de la tête d'Emmanuel Macron ? Mais surtout pour quel résultat ? Personne ne le sait. L'Assemblée nationale est à ce point bloquée aujourd'hui par trois blocs que tout oppose qu'il est bien difficile d'imaginer un avenir politique à notre pays. S'ajoute à la crise, une colère sociale qui débute ce mercredi 10 septembre avec le mouvement "Bloquons tout." Là aussi, ce sont des millions, si ce n'est des milliards d'économies qui vont partir en fumée. Ou plutôt alourdir l'ardoise française. Elle qui attend en fin de semaine la notation des agences financières… Le contexte devrait à coup sûr entrainer des conséquences sur les taux d'intérêt français. On l'a compris, on pensait être au fond du trou, il reste encore de quoi creuser. Cela étant, il est certainement possible de sortir, même temporairement, de cette torpeur. Encore faut-il que le chef de l'État accepte l'inévitable : nommer à Matignon son opposition. Depuis l'an dernier, elle réclame le perchoir. Il est l'heure de lui donner un peu le pouvoir. Qui alors ? Les seuls qui aient fait acte de candidature en responsabilité pour aider le pays : les socialistes. Ne comptez pas ni sur l'extrême-droite ni sur les Insoumis, ils ne cherchent que le chaos. Ainsi, avec un peu de chance et beaucoup de bonnes volontés, les socialistes, habitués à gouverner, parviendront à convaincre une majorité de parlementaires de les soutenir. Ils ont des arguments. Et déjà un projet de budget. Moins violent que celui de François Bayrou. Et qui pourrait même donner un peu de pouvoir d'achat pour relancer une politique de la demande qui a souffert depuis presque une décennie. La droite, par l'intermédiaire de son président de groupe, Laurent Wauquiez a déjà annoncé qu'il ne censurait pas. Il y a fort à parier que les soutiens d'Emmanuel Macron en feront de même. Il ne restera donc qu'une poignée de députés à convaincre… Au bout, peut-être de la sérénité retrouvée. Chiche ?