Porté par l’association Avenir Jeunesse, en partenariat avec la municipalité, l’État et le département du Gard, ce projet artistique et social a mobilisé près de 500 habitants, des écoles aux Ehpad, en passant par des jeunes en service civique et des artistes locaux. Retour sur une aventure humaine et artistique qui marque un tournant pour la cité minière.
Un projet né d’une volonté
L’idée germe fin 2023. La Grand'Combe, ville marquée par son passé minier et confrontée à des clivages sociaux, cherche à renforcer son lien intergénérationnel. « Prendre soin de notre jeunesse, c’est construire une société plus unie pour demain », rappelle la présidente d’Avenir Jeunesse, association engagée depuis 1987 dans la protection de l’enfance et l’insertion des jeunes. Avec le soutien de la mairie, elle lance un projet ambitieux : créer une fresque participative, reflet de l’identité grand'combienne, de son histoire et de ses aspirations.
Deux jeunes volontaires en service civique, Jarod et Célia, sont missionnés pour recueillir la parole des habitants. Pendant huit mois, ils sillonnent la ville, organisent des ateliers, collectent des témoignages, des dessins, des idées. « On voulait que chacun se sente concerné, qu’on entende toutes les voix », explique Jarod. Leur travail aboutit à une exposition en mai 2025, première étape vers la concrétisation du projet.
La phase suivante ? Donner vie à ces récits sur un mur. C’est l’association Art’Attack, basée à Alès, spécialisée dans l’art urbain, qui prend le relais. Pendant trois semaines, six jeunes en chantier éducatif, encadrés par les artistes Crok, Sekit et Souredj, transforment les mots et les croquis en une œuvre monumentale. « On a mélangé les styles, du réalisme au graffiti, pour représenter la diversité de la ville », détaille Souredj, l’un des artistes. Le résultat : un triptyque de 50 mètres de long, divisé en trois parties — le passé minier, le présent dynamique, l’avenir rêvé — qui s’offre désormais aux passants.
Une fresque qui raconte La Grand'Combe
Premier panneau : l’hommage aux mineurs. Les silhouettes des ouvriers, les wagonnets, le train emblématique de l’ère charbonnière… « Ce panneau rappelle le courage et la solidarité de ceux qui ont bâti la ville », souligne Laurence Baldit, maire de La Grand'Combe. Les « petits carrés » intégrés dans la composition symbolisent les morceaux de mémoire collective, « pour ne pas oublier d’où l’on vient ».
Deuxième panneau : une ville en mouvement. Le marché historique, le chapiteau du festival Charbon Ardent, l’église… « On a voulu montrer une jeunesse connectée, fière de ses racines mais tournée vers l’avenir », précise Didier Dart, l’un des piliers du projet. Les couleurs vives et les motifs modernes contrastent avec les tons plus sombres du passé, illustrant la transition d’une ville en pleine mutation.
Troisième panneau : l’audace du futur. Voitures volantes, gratte-ciel futuristes, transports innovants… « La Grand'Combe n’est pas qu’une ville du passé, c’est aussi un laboratoire d’idées », insiste Patrick Malavieille, vice-président du Conseil départemental et ancien maire. « Cette fresque prouve que l’on peut allier tradition et innovation. »
Un chantier éducatif et solidaire
Derrière les pinceaux, beaucoup de jeunes — certains en insertion, d’autres bénévoles — ont œuvré aux côtés des artistes. Un engagement salué par les élus : « Ce projet a redonné confiance à des jeunes qui en avaient besoin », souligne Émile Soumbo, sous-préfet du Gard.
L’association Art’Attack a aussi joué un rôle clé dans la transmission des savoir-faire. « On leur a appris les techniques de report, de dégradé, de travail en équipe », explique Souredj. « Le graffiti, ce n’est pas que du tag : c’est un art qui demande de la précision et de la créativité. » Les jeunes ont découvert des méthodes professionnelles, comme l’utilisation de pochoirs ou de scotchs pour délimiter les formes, « une technique aujourd’hui reconnue dans le street art ».
Un symbole pour la ville
Pour les élus, cette fresque est bien plus qu’une œuvre décorative. « Elle montre que la culture peut être un levier de cohésion sociale », affirme Laurence Baldit. « Elle a fédéré les habitants, les associations, les institutions. C’est la preuve que quand on travaille ensemble, on peut transformer notre cadre de vie. »
Patrick Malavieille y voit un « tournant » pour le quartier des Tuileries, autrefois marqué par les vestiges industriels. « Aujourd’hui, on a une œuvre qui embellit la ville et qui raconte notre histoire. » Émile Soumbo, lui, salue « l’engagement de l’État » via la politique de la ville, qui a financé une partie du projet. « La Grand'Combe a su saisir cette opportunité pour redonner de la fierté à ses habitants. »
L’inauguration s’est clôturée par le dévoilement d’une plaque commémorative, listant les nombreux partenaires : municipalité, département, État, associations, écoles, Ehpad, Epide… « Cette fresque est à vous », a lancé la maire aux Grand'Combiens. « Elle vous appartient, et elle doit inspirer les générations futures. »