Sébastien Lecornu est le Premier ministre de la France depuis presque un mois. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, il est tout seul. Encore à ce jour. Pas de gouvernement, pas de ministres. Personne. Nul ne veut l'accompagner dans cette galère ? Tout cela y ressemble fort. Pourquoi ce désamour ? Il y a encore quelques années, les politiques auraient tout lâché pour un maroquin ministériel. Aujourd'hui, c'est fini. Pour accepter de participer à ce projet gouvernemental, il faut être sacrément motivé. Un peu naïf surtout. Sans majorité, avec déjà deux gouvernements renversés ou censurés, il n'y a pas beaucoup de marge de manœuvre à espérer. Sans majorité, le pari est perdu d'avance. Et plus encore, quand le nouveau Premier ministre fanfaronne en annonçant la rupture dans la méthode et dans le projet et, finalement, propose peu ou prou la même chose que ses prédécesseurs. Hier, les coups de fils n'ont pas donné grand-chose. La seule solution à ce stade : envisager un gouvernement resserré en rappelant les ministres démissionnaires. Il y a donc de grandes chances pour que tout cela n'aille pas très loin. C'est dommage. D'abord pour les Français. Ensuite, pour l'économie du pays. Il aurait simplement suffi de bien vouloir accepter de tenir compte de l'exaspération des électeurs. De la colère sociale. Et d'envisager enfin un partage du pouvoir avec ceux qui forment le vœu d'aider, à condition qu'ils soient un peu écoutés et respectés. Malheureusement, semble-t-il, nous avons affaire à des grands professionnels de la politique qui pensent sortir de la victoire à la présidentielle de 2017 et d'une écrasante majorité à l'Assemblée nationale à l'issue de législatives. Il reste encore un chemin pour les deux dernières années avant un nouveau vote afin d'élire le prochain locataire de l'Élysée. Il est temps de faire preuve d'humilité et de responsabilité.