ÉDITORIAL L'emploi à domicile : aubaine ou solution pour lutter contre le travail dissimulé ?

Aujourd'hui, ce crédit d'impôt peut représenter jusqu'à 50% des dépenses d'emploi à domicile d'un foyer, jusqu'à 12 000 euros par an, soit un avantage fiscal de 6 000 euros par an et par ménage.
Le gouvernement cherche 40 milliards. Et à trouver une idée : raboter le plus important avantage fiscal des particuliers. Il s'agit du crédit d’impôt pour l’emploi à domicile qui coûte plus de 6 milliards d’euros par an sur le papier. Ce n'est pas la première fois qu'il est dans le collimateur. Même la Cour des comptes préconise depuis longtemps une revue de ce dispositif. Ouvert à tous et à tous les revenus, l'idée est de recentrer l'avantage fiscal uniquement vers les jeunes parents et les personnes dépendantes. Les activités de la vie quotidienne comme le ménage ou le bricolage, ou encore les cours de perfectionnement en informatique seraient remis en cause. Tout au moins le plafond de soutien. Des dépenses de confort diront certains. Aujourd'hui, ce crédit d'impôt peut représenter jusqu'à 50% des dépenses d'emploi à domicile d'un foyer, jusqu'à 12 000 euros par an, soit un avantage fiscal de 6 000 euros par an et par ménage. Il y a de quoi regarder en détail. Justement, ce n'est pas la première fois que le sujet de son toilettage est sur la table. Mais l'hésitation est de mise. Pour cause. Cette aide financière profite généralement et avant tout aux Français qui bossent. À la classe moyenne qui bénéficie d'une aide pratique pour faire face à la charge entre le travail et le foyer. Supprimer ce crédit d'impôt, c'est mécaniquement ajouter une dépense supplémentaire dans une situation économique déjà compliquée. Enfin, c'est la porte ouverte au recours vers le travail au noir. Et dans ce cadre, l'État ne sortira pas forcément gagnant. Plus de cotisations sociales ni TVA de récupérer au passage. Adieu donc l'idée de Jean-Louis Borloo, il y a 20 ans, alors ministre du Travail, de favoriser le développement des services à la personne en assurant un principe : déclarer une activité doit coûter moins cher que de faire travailler de la main à la main. Cependant, sur le volet social, le bilan est maigre. Les emplois sont presque exclusivement assurés par des femmes. Avec des conditions de travail souvent précaires. Sous la coupe de grands groupes qui se sont spécialisés dans le domaine et ont récupéré de sérieuses parts de marché. Il serait donc peut-être davantage utile de maintenir le niveau d'aides à partir de critères qualitatifs qui privilégient le confort de travail et la pérennité des emplois. Car c'est le grand défi qui nous attend avec le papy-boom. De 1981 à 2021, le nombre de retraités est, en France, passé de 5 à 17 millions. Ce nombre atteindra, d'ici à 2050, 23 millions. Il y a donc un besoin croissant, face au vieillissement de la population, d'un accompagnement sur-mesure. Pour cela, il est indispensable de réfléchir à l'attractivité de ces emplois...