ÉDITORIAL Les pyromanes et les courageux
Emmanuel Macron qui s'exprimera ce soir à 20 heures lors d'une allocution, devrait prendre acte de la situation et engager une nouvelle phase de négociation pour nommer un nouveau Premier ministre.
Soixante-quatre ans après, c'est la deuxième motion de censure adoptée sous la 5ᵉ république. C'est la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet qui a confirmé la nouvelle après le vote des députés. Le Premier ministre doit désormais remettre au président de la République la démission du gouvernement. Emmanuel Macron qui s'exprimera ce soir à 20 heures lors d'une allocution, devrait prendre acte de la situation et engager une nouvelle phase de négociation pour nommer un nouveau Premier ministre. Mais qui s'engagera dans cette galère ? Sur le plateau de TF1 hier soir, la cheffe de file du Rassemblement national Marine le Pen pose déjà ses conditions : elle souhaite une coconstruction du "budget acceptable pour tous." Cela ne veut rien dire. Acceptable pour tous selon quelles règles ? Les siennes ? La fille Le Pen depuis bien longtemps ne brille pas dans sa capacité à faire des propositions constantes en matière économique. Il y a encore quelques années, elle voulait sortir de la monnaie européenne et proposer l'Écu... Tout le monde semble l'avoir oublié... Son jeune président du parti, Jordan Bardella, pas fou, prompt à critiquer Michel Barnier et le président, n'envisage absolument pas de gouverner. Interrogé sur l'éventualité de nommer un chef de gouvernement RN, il a décliné la proposition, reconnaissant son incapacité à gouverner sans être renversé immédiatement. Mais alors qui ? La France insoumise ? Jean-Luc Mélenchon, leur leader, tout sourire sur les fauteuils de spectateurs à l'Assemblée nationale, à contempler le déclin politique du pays ? Il pourrait se laisser tenter ? Bien entendu que non. Aller faire le sale boulot, très peu pour lui. Surtout que la dette de la France n'est pas un sujet, comme Marine le Pen, il a des idées farfelues. Comme de supprimer tout bonnement l'ardoise. Et tant pis si les préteurs ne sont pas remboursés. Il reste persuadé que la France pourra continuer à emprunter sans être mis à défaut. Un peu comme la Grèce il y a quelques années. Rattraper par le FMI avant la banqueroute. Mais comment tout cela va finir ? Surement pas par la démission de Macron. Mais par encore une fois quelques courageux qui penseront avant tout au destin de la France avant leur intérêt personnel...