ÉDITORIAL Les raisons objectives de cette dette abyssale

Ce serait injuste de ne pas prendre en compte, ces vingt dernières années, les crises successives vécues.
La dette publique est devenue l'obsession politique ces dernières années. Il faut dire qu'elle a explosé. Rapportée au PIB, elle est l'une des plus élevées de la zone euro, derrière l'Italie et la Grèce. Est-ce si grave et périlleux ? Pas nécessairement. D'autant que des raisons objectives expliquent cet emprunt colossal. D'abord, ce serait injuste de ne pas prendre en compte, ces vingt dernières années, les crises successives vécues. D'abord, la crise financière de 2007-2008. Puis les Gilets jaunes à la fin de l'année 2018. Le covid. Enfin, la crise énergétique de 2023. L'Office français des conjonctures économiques (OFCE) l'explique parfaitement bien. La répercussion de ces évènements sanitaires et économiques représente jusqu'à 70 % de la hausse de l'endettement entre 2007 et 2023. Alors, oui, bien sûr, ce sont des choix politiques qui ont entraîné cet emballement. Par exemple, les 10 milliards de mesures pour le pouvoir d'achat mises en place par Emmanuel Macron pour satisfaire la colère sociale début 2019. Le chômage partiel en 2020, les chèques énergies il y a deux ans. Tout cela a profité à qui ? Dans le même temps, le modèle social français a été préservé. En 2024 encore, les dépenses publiques ont atteint plus de la moitié du PIB. Largement au-dessus de la moyenne de la zone euro. Heureusement, bien qu'il y ait eu un ralentissement de ses recettes, notre pays demeure largement en avance par rapport à ses voisins. C'est cet indicateur qui rassure d'ailleurs largement les marchés sur lesquels on emprunte. Bien que ces recettes soient, au fil du temps, devenues insuffisantes pour couvrir les dépenses publiques. Cela étant, il n'y a pas péril en la demeure, comme le laisse croire le Premier ministre. Il faut faire des économies certes, il faut encourager surtout au travail. C'est notre crédibilité qui est en jeu. Et nous permet encore de bénéficier des taux d’emprunt dans la moyenne européenne. Le changement de braquet sur le front économique et les conséquences du mouvement du 10 septembre pourraient à coup sûr conduire vers l'inconnu…