Publié il y a 1 an - Mise à jour le 26.09.2023 - Abdel Samari - 2 min  - vu 347 fois

ÉDITORIAL Presse en danger, démocratie qui vacille

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Comme le dit le sociologue Jean Viard : "La liberté de la presse est une des bases de la démocratie, ça ne se négocie pas, c'est comme les droits des femmes."

Depuis des années, Reporters sans frontières (RSF) propose le classement mondial de la liberté de la presse. La France fait pâle figure avec une modeste 24e place, derrière un paquet de voisins européens et juste derrière le Costa Rica. Plusieurs explications à cette mauvaise place. D’abord, les outils visant à lutter contre les conflits d’intérêts sont insuffisants, inadaptés et dépassés selon RSF. L’absence de financement pérenne après la suppression de la redevance fragilise l’audiovisuel public et aussi dans le classement. Enfin, les droits des journalistes lors des manifestations. Bien qu’encadrés, ils n’empêchent pas certains reporters de faire l’objet de violences de la part de manifestants et quelques fois, du côté des forces de l’ordre. Un autre phénomène tend à croitre depuis l’avènement au pouvoir d’Emmanuel Macron. Réputé plus attentif aux évolutions du traitement médiatique moderne, le président de la République, son entourage tout au moins, abuse du pouvoir pour empêcher les rédactions indépendantes d’exercer justement leur contre-pouvoir. Choix des pool images, des rédacteurs, relecture des interviews avant publication, etc. À La Voix du Nord par exemple, depuis le 15 janvier 2018, la relecture des interviews avant parution est refusée. Ainsi, à la différence des autres presses quotidiennes régionales du pays, pas question de se soumettre à une version unique des réponses présidentielles. Plus localement, les exécutifs et les institutions tendent également vers une communication imposée, dans l’objectif de rendre fainéant tout journaliste en mal d’infos. Communiqués de presse, bulletins quotidiens, etc. Tout est fait pour éviter que la moindre virgule dérape, que la tête dépasse. Enfin, depuis quelques mois, ce sont carrément les journalistes d'investigation qui sont menacés. L’émission Complément d’enquête a subi les foudres de l’extrême-droite et de la galaxie médiatique de Bolloré pour avoir tout simplement entrepris un travail d’enquête sur le succès du Puy du Fou. Sans que l’Élysée n’y voie une atteinte grave à la liberté d’informer. Plus récemment, c’est notre consœur Ariane Lavrilleux, journaliste d'investigation pour France 2 et le média indépendant Disclose, qui a vu son domicile perquisitionné et placée en garde à vue pendant 39 heures « dans le cadre d'une enquête pour compromission au secret de la défense nationale et révélation d'information pouvant conduire à identifier un agent protégé, ouverte en juillet 2022 ». Quand tout cela va s’arrêter ? Alors que la France subie depuis bien longtemps maintenant, à chaque échéance électorale, une abstention record. Que les politiques ne sont plus autant écoutés qu’avant. La défiance, la démocratie qui vacille. Tout part probablement aussi de là. 

Abdel Samari

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