ÉDITORIAL Tout bloquer le 10 septembre : le spectre des gilets jaunes

Les Gilets jaunes battant retraite au milieu des véhicules en 2018
- photo archive Corentin CorgerEntre impôts les plus élevés du monde et préservation de notre modèle social, il n'y a pas cinquante solutions...
Quelle sera l'ampleur du mouvement de colère du 10 septembre ? Est-ce le retour des gilets jaunes ? Petit à petit, cet appel à tout bloquer prend de l'épaisseur sur les réseaux sociaux. Syndicats représentatifs du personnel public et privé, monde de l'éducation, de la santé, lycéens, etc. Même certains commerçants proposent les règlements désormais uniquement en liquide pour faire dérailler l'activité financière et fiscale. Chacun dans sa réalité exige du changement. Et mieux vivre dans son quotidien. Pour le moment, ce blocus populaire est apolitique. Jusqu'à quand ? Il est indéniablement dirigé contre le gouvernement actuel. Et son chef, François Bayrou. Lui, ironie de l'histoire, ne sera peut-être plus en fonction deux jours avant. Ce dernier ayant appelé à un vote de confiance le lundi 8 septembre de la part des députés à l'Assemblée nationale pour lui permettre de travailler sereinement sur le budget de l'an prochain. Les contestataires ne devraient pas dévier de leur objectif : exprimer, au plus haut du spectre de l'État, cette colère profonde qui couve depuis longtemps. Ce n'est finalement que la répétition de l'histoire. En octobre 2018 déjà, les gilets jaunes relataient les mêmes inquiétudes. Après avoir découvert l'augmentation du prix des carburants. Cette fois, c'est l'annonce de la probable suppression de deux jours fériés pour faire des économies sur le budget du pays qui a mis la France qui travaille en pétard. Une proposition injuste, car elle touche particulièrement ceux qui se lèvent tôt sans compensation financière. S'il était absolument nécessaire de travailler plus, pourquoi alors ne pas avoir plutôt engagé la réflexion sur l'élargissement du temps de travail ? Et le retour de la durée à 39 heures par semaine. Quatre heures de plus, 16 heures par mois. C'est spontanément plus de 10 % de rémunération supplémentaire pour tous. Et peut-être que cela répond aussi à une partie du problème : l'épuisement au travail où depuis plus de 20 ans, les salariés sont contraints de faire en 35 heures ce qu'ils faisaient avant en 39 heures. Aujourd'hui, le problème est là. Et le 10 septembre, cette journée morte du travail va encore impacter notre économie. Alors, face à ce dilemme entre impôts les plus élevés du monde et préservation de notre modèle social, il n'y a pas cinquante solutions : il faut doper l'économie. Sans se moquer ouvertement des travailleurs.