L'annonce n'est pas venue du Ministère de l'Agriculture mais des manadiers eux-mêmes. "On préfère ne pas prendre de risque", lâche d'emblée le président des manadiers, Patrick Laurent. Si l'arrêté ministériel pris le 17 octobre dernier interdisait toute manifestation taurine ou rassemblement "festif" de bovins et limitait les déplacements de ces animaux jusqu'au 4 novembre, les éléveurs, réunis en assemblée ce mardi 28 octobre, ont décidé de prendre les devants et de ne pas attendre une prolongation ni même une éventuelle levée des restrictions.
"Nous devons protéger nos cheptels. Il y a des années de travail de sélection en amont, les conséquences seraient trop lourdes, ajoute Patrick Laurent. Même si le ministère de l'Agriculture nous autorise à sortir à nouveau à partir du 5 novembre, nous n'irons pas." En jeu : l'abattage du cheptel entier en cas de contamination de l'une des têtes.
Une décision prise par les éléveurs à l'unanimité qui, de fait, met un coup d'arrêt à la saison de courses camarguaises et à celle des raseteurs. Les manifestations taurines prévues au mois de novembre, parmi lesquelles les traditionnelles abrivados du 11 novembre aux Saintes-Maries-de-la-Mer, sont elles aussi concernées.
L'impact est important mais les manadiers n'avaient plus d'autre choix. Déjà, le pélerinage de Lourdes qui a vu le transport de nombreux chevaux Camargue a été l'objet de toutes les inquiétudes. Car si la dermatose ne concerne que les bovins, l'insecte piqueur, lui, se déplace. "Il aurait pu être transporté via les chevaux et les camions. On a pris des mesures de précaution. On a procédé à des opérations de désinsectisation des camions. D'ailleurs, nous avons transporté nos chevaux dans d'autres véhicules que ceux de nos manades", détaille Patrick Laurent. À leur retour, les chevaux avaient même été contrôlés par les DDSV (directions des services vétérinaires départementales).