FAIT DU JOUR À Saint-Gilles, la Ville « se saigne » pour attirer de futurs médecins
La municipalité est prête à débourser jusqu’à 70 000 euros pour financer les études d’un futur médecin en échange qu’il vienne s’installer à Saint-Gilles
Cinquième ville du Gard, peuplée d’un peu plus de 14 000 habitants, Saint-Gilles compte actuellement neuf médecins généralistes dont deux rémunérés par la Région Occitanie dans le cadre du dispositif « Ma santé, Ma région ». Sans oublier, cinq pharmacies, une cinquantaine d’infirmières présentes, six masseurs, sept chirurgiens, deux sages-femmes, un laboratoire d’analyse et un centre d’imagerie. De quoi être bien équipé ! Mais pour garder cet écosystème médical sur sa commune et éviter que Saint-Gilles devienne un jour un désert médical, le maire Eddy Valadier a lancé un grand « Plan Santé ».
« L’objectif que l’on se fixe c’est d’offrir un médecin référent à chaque patient. On sait très bien que d’ici un an ou deux, un de nos médecins partira à la retraite », explique le premier édile Les Républicains. Ce dernier veut ainsi anticiper ce renouvellement et éviter un potentiel déficit de médecin. Ainsi, il dégaine la nouvelle arme de ce plan santé : accompagner financièrement un étudiant en médecine qui en contrepartie s’installe dans la commune durant une période équivalente au nombre d’années où la municipalité l’a aidé.
500 €, 900 € et 1 200 €
« Avec le secret espoir de le garder définitivement », complète Eddy Valadier jouant la transparence dans son dessein. Cela tombe bien car c’est aussi l’intention d’Astrid Tampere, la première et la seule candidate qui pour le moment a décidé de participer à l’opération. Originaire de Courtrai, cette Flamande est arrivée en France et dans le Gard par la volonté de ses parents d’apprendre une autre langue que le Néerlandais. Son papa Piet, âgé de 65 ans, est médecin à Saint-Gilles et la jeune femme de 31 ans espère désormais travailler à ses côtés avant de reprendre sa patientèle.
« Je suis cavalière et j’ai découvert cette passion ici à Saint-Gilles où j’ai appris à monter », explique l’intéressée qui apprécie vivre à la campagne et qui compte y rester. Cette interne en septième année va bénéficier de ce soutien financier durant quatre ans, ce qui représente la bagatelle de 50 000 euros. Au total, dans le programme établi par la Ville, l’accompagnement global est de 70 000 euros et est prévu sur sept ans à raison de : 500 € par mois les trois premières années du Cycle 2 puis 900 € les sept et huitièmes années et 1 200 € pour les neuvième et dixième années.
« Un étudiant de sixième année ne gagne que 380 euros par mois ! »
Une aide non négligeable pour cette étudiante qui jusque-là pouvait compter que sur ses parents et cumuler quelques petits boulots. « C’est un énorme coup de pouce car oui à la fin on va bien gagner notre vie mais pendant nos études c’est difficile financièrement. Un étudiant de sixième année ne gagne que 380 euros par mois ! Je pense que les gens oublient cela », tient à rappeler Astrid. Pour la commune, si cela ne met pas en péril les finances de la ville c’est malgré tout une dépense importante pour un maire qui veut maintenir au minimum huit généralistes sur sa commune afin d'empêcher une surcharge de patients.
Ce dispositif existe déjà dans le Gard du côté de la Communauté de communes Terre d’Argence avec une aide unique de 800 euros versée par mois. Cette somme, Astrid veut s’en servir pour financer la fin de ses études mais aussi pour faire évoluer le matériel du cabinet où elle exercera d’ici quatre ans. Elle a déjà en tête de se spécialiser dans l’activité physique et adapté et de faire également des visites chez les personnes âgées isolées.
Maison de santé et siège de la CPTS Costières
Pour attirer d’autres profils comme Astrid, Eddy Valadier lance un bonus de parrainage de 1 000 euros pour tous ceux qui feraient l’intermédiaire pour dénicher des candidats. Premier axe fort de ce plan santé, la maison de santé financée par la Région Occitanie cherche à accueillir un troisième médecin généraliste, salarié par la Région, en plus des deux déjà présents ainsi qu’une sage-femme dans des locaux financés à hauteur de 300 000 euros par la Ville.
Et le dernier point qui vient illustrer cette dynamique médicale, c’est l’installation début janvier du siège de la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) de Costières qui regroupe 13 communes afin de mieux coordonner l’offre de santé proposée sur un territoire précis. La santé est une priorité à Saint-Gilles, de quoi garantir un accès aux soins de qualité à chaque administré.
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