FAIT DU JOUR À Vers-Pont-du-Gard, un an après un incendie mortel, le torchon brûle entre les copropriétaires et le maire

La toiture de l'immeuble a été détruite par l'incendie
- DRLe 25 juillet dernier, un incendie se déclarait dans un vieil immeuble du centre-village de Vers-Pont-du-Gard, provoquant la mort de l’occupante de l’appartement du deuxième étage, âgée de 59 ans. Depuis, l’immeuble se dégrade et fait désormais l’objet d’un conflit entre les copropriétaires des murs et la mairie.
De cette nuit dramatique du 25 juillet 2024, il reste encore des stigmates. Les flammes, qui sont parties du deuxième étage, ont ravagé la toiture de l’immeuble et endommagé à divers degrés les cinq appartements de l’immeuble. Et l’appartement du rez-de-chaussée « a été ravagé par l'eau destinée à éteindre l'incendie. Et ensuite, par les intempéries car la bâche de couverture de protection n'a pas duré », explique Françoise Rodriguez, propriétaire d’un studio dans l’immeuble. Son fils, Raphaël, est quant à lui le propriétaire de l’appartement du rez-de-chaussée endommagé.
La copropriété a entrepris des démarches pour rénover son bien. Après un délai que Françoise Rodriguez explique par « la longueur des productions de devis, les délais des assurances, un désaccord entre les experts », elle effectue une demande d’échafaudage le 17 mai auprès de la mairie, qui avait autorisé les travaux de rénovation via un arrêté. Demande refusée par le maire. Depuis, la situation est bloquée.
« Une logique d’abus de pouvoir »
« On a fait tout ce qu'il fallait, il n’a pas de raison objective de refuser la demande », soutient Françoise Rodriguez. Pour elle, le maire est « dans une logique d’abus de pouvoir », et le dialogue est, à l’heure actuelle, rompu entre la copropriété et la mairie. Pour elle, le maire craindrait de contrarier le patron du bar-restaurant voisin, dont la terrasse est située sur une place publique qui serait impactée par les travaux, notamment par leur bruit. « Nous nous sommes entendus avec les entreprises pour ne pas avoir de travaux entre midi et deux », affirme la copropriétaire en signe de bonne volonté. Sans succès.
Alors, Françoise Rodriguez ne peut pas s’empêcher de penser que cette situation vient de son passif avec le maire, dont elle était une des opposantes lors du mandat précédent. Françoise Rodriguez avait défendu une agente de la mairie face au maire, ce qui avait valu au maire une condamnation pour harcèlement moral. « Alors évidemment, depuis il ne peut plus m’encadrer », souffle-t-elle.
Reste que la situation devient intenable : « Aujourd’hui, le mur sud est complètement imprégné d’eau, l'appartement qui a brûlé est complètement détruit, il n'a plus de toiture, celui en face est partiellement abîmé et celui du dessous est une champignonnière », avance la copropriétaire, avant d’évoquer « les locataires qui attendent que leur appartement puisse être rénové. » Car « chaque jour qui passe, l’immeuble se dégrade un peu plus, nous sommes six copropriétaires dans une situation très inconfortable, d'autant plus que ce qui pourrait être fait car nous avons les fonds ne peut pas l’être, par la volonté d’un seul homme », se désole-t-elle. Alors, elle a pris un avocat dans le but de déposer un référé au tribunal.
« Pourquoi six mois après ? »
De son côté, le maire de Vers Olivier Sauzet rappelle qu’il a « pris un arrêté pour effectuer les travaux d’urgence » dès que possible, et que ces travaux ont été faits. « Nous avons ensuite fait venir un architecte qui a estimé à l’issue des travaux d’urgence qu’il n’y avait plus de risque », poursuit-il. Sur la demande d’échafaudage, « ils veulent bloquer la rue pour faire les travaux, mais pourquoi six mois après ? », demande le maire. L'édile affirme également qu’il est possible de poser un échafaudage de l'autre côté, sans bloquer la rue. Ce à quoi Françoise Rodriguez répond qu’il faudrait « de toute façon bloquer la rue pour le levage et les bennes ».
Après avoir rappelé que Françoise Rodriguez et son fils « sont dans (son) opposition », et affirmé que Raphaël Rodriguez lui « met(tait) la pression », le maire affirme : « Je ne sais pas où ils en sont, je veux qu’ils me garantissent qu’il n’y a aucun risque pour les passants, et s’il y en a un, ça fait des mois qu’il dure. »
Quant à la question de la terrasse du bar-restaurant, « j’ai loué la terrasse à l’année, et c'est là qu'il fait sa saison, affirme Olivier Sauzet. Comment je fais ? Il va se retourner contre moi. » Et le maire d’affirmer avoir mis l’affaire « entre les mains de juristes ».