FAIT DU JOUR Déjà 10 ans pour la bière artisanale de Beaucaire
À Beaucaire, la bière artisanale vient de fêter son 10 anniversaire. Une jolie réussite pour une jeune cheffe d’entreprise qui, sans se faire mousser, connaît tous les rouages et secrets de la fabrication de ses bières.
« Une bière artisanale c’est un peu comme un champagne avec des céréales. Il faut être là, surveiller, accompagner, créer et porter le produit », argumente Johanna Petit. Du haut de ses 30 ans, cette jeune femme, mère de famille et enceinte, sait de quoi elle parle. Tout commence en 2001 lorsque son compagnon, Julien, qui est titulaire d’un BTS en œnologie, veut se lancer dans la brasserie artisanale. « Au départ c’était juste pour nous, nos proches, des amis, des copains. En amateur », explique Johanna. Mais très vite la bière rencontre un vrai succès.
À cette période, la jeune femme se destine alors à une carrière de professeur d’histoire. La passion de la bière se transmet aussi et bien vite Julien, qui travaille à la cave coopérative de Beaucaire, passe la main à son épouse. « Cela fonctionnait de mieux en mieux et en plus j’ai tout de suite adoré ce métier de brasseur que je découvrais », se souvient la jeune femme.
En 2009, elle va alors franchir le pas en abandonnant son projet de professorat pour devenir brasseuse. Au début, dans le lotissement qui abrite la maison de la famille sortent, au plus, quelque 200 bouteilles… par an ! Année après année, l’argent est réinvesti dans le matériel et doucement la production augmente. « L’an dernier nous avons produit 160 hectolitres et donc 40 000 bouteilles ! » Un exploit pour la Brasserie artisanale de Beaucaire dans laquelle Johanna travaille seule.
Peu de mécanisation
« Aujourd’hui ce serait trop compliqué d’embaucher quelqu’un, notamment au niveau des charges », explique la cheffe d’entreprise. Seule concession à la réalité du terrain : deux machines viennent d’arriver pour simplifier, un peu, l’embouteillage et l’étiquetage des bouteilles.
Pour le brassage et les bières, les concessions ne sont pas de mises. « Au départ nous avons été les premiers à utiliser du riz de Camargue dans notre recette. C’est notre identité". Une idée qui plaît aux amateurs. Les bières beaucairoises sont brassées avec des céréales locales telles que le riz de Camargue, le maïs de la Terre d'Argence, la châtaigne de la montagne Noire, qui vient de parents proches. « On connaît ainsi les produits, mais aussi les producteurs ».
Pour arriver à un bon résultat il faut toujours viser l’excellence. Le label "artisanal" ne suffit pas à faire vendre. Les amateurs de bière dans des territoires historiquement liés au vin semblent plus compliqués à satisfaire. " Nous nous attachons le plus possible à mettre en place des circuits courts. C’est globalement meilleur et cela permet aussi de réaliser des bières avec des ingrédients que les clients connaissent », poursuit Johanna.
Du côté des ventes, pas de correspondance à l’horizon, pour des raisons du coût des transports. Le produit est lourd et fragile. Des professionnels permettent de découvrir les bières de Beaucaire dans des restaurants ou des épiceries fines et les particuliers peuvent venir sur place déguster et acheter quelques bouteilles. La brasserie vient effectivement de s'installer dans un ancien mas... viticole.
Des projets pour la Brasserie
À Beaucaire, Johanna voudrait conserver et stabiliser sa production autour de 160 hectolitres. « C’est une production qui nous permet d’avoir un bon équilibre. Il ne faut pas grandir trop vite », poursuit-elle. Toutefois, sans grandir la brasseuse aimerait bien pouvoir un peu plus mécaniser certaines opérations. Avant l’arrivée récente de deux machines déjà citées, tout se faisait à la main.
De quoi donner un peu plus de temps pour affiner des recettes, lancer de nouvelles bières de saison, choisir le houblon, découvrir d’autres idées… La bière artisanale est une création en évolution constante.
Dans cette aventure de 10 ans, Johanna et sa brasserie n’ont jamais pu bénéficier de la moindre aide ou subvention que ce soit. « Je ne suis jamais rentré dans toutes les cases à la fois. Alors il faut se battre toute seule et avoir une volonté de fer », explique la jeune maman. Toutefois la mairie de Beaucaire l’a aidée à chercher un nouveau lieu. Elle attend désormais avec impatience que la signalisation, sur la route départementale, soit en place. Quant aux administrations de manière globale « on a parfois l'impression que les brasseurs artisanaux essuient un peu les plâtres. Il faut vraiment s’accrocher et croire en sa passion ».
Il faut donc venir route de Comps, découvrir les bières artisanales et locales, la tête de taureau est l’emblème de la brasserie avec un symbole, revisité, des manadiers. Des bières non filtrées et refermentées en bouteille pour obtenir de l'effervescence naturelle, mais aussi écouter la maîtresse des lieux et découvrir le métier de brasseur. Des visites de groupes peuvent aussi être organisées à la demande.
Franck Chevallier
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