Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 09.09.2023 - Anthony Maurin - 5 min  - vu 534 fois

FAIT DU JOUR Deux corridas aux antipodes pour une feria universelle

(Photo Anthony Maurin)

Cette feria d’Arles, édition du Riz 2023, propose deux corridas très différentes et une novillada sans picadors le dimanche en matinée.  

Du public ! (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Nous y sommes. Arles présente, de manière générale, sa temporada au mois de février. Même si l’empresa Jean-Baptiste Jalabert se laisse souvent une marge de manœuvre selon l’intensité de l’été, il reste contraint par un choix fait il y a près d’un an.

La raison de cette longueur de vue est logique, Jean-Baptiste Jalabert l’explique : « Ce week-end est très pris car beaucoup de ferias se déroulent et les toreros les plus demandés sont souvent réservés donc on s’y prend tôt ! » L’essentiel est aussi et surtout pour lui de pouvoir annoncer la participation des toreros les plus en vogue, les plus importants et les plus appréciés par son public.

Le paseo de la corrida goyesque d'Arles en 2019 (Photo Archives Anthony Maurin).

Et, cette année encore, c’est la corrida goyesque qui fait office de tête de gondole pour cette feria rétrécie. Une corrida pour laquelle Ludi Arles Organisation, la société de l’empresa et de sa sœur, met les moyens.

Au milieu des années 2005, Jalabert père réintègre cette corrida ornementale à la saison arlésienne. Pour cette goyesque, la piste est entièrement décorée par un artiste. Elle est dessinée puis peinte à même le sable. Les barrières rouges peuvent laisser place à d’autres fantaisie tout comme les burladeros et une partie des gradins. Les toreros eux-mêmes sont vêtus à la manière de Goya ou en tout cas comme on s’habillait à l’époque.

Mais, cette année, pas de grand artiste, un hommage au maestro Pablo Picasso. D’autres nouveautés viennent agrémenter ce moment. « L’apport musical sera complètement différent car un pianiste nous accompagnera. On essaie de se réinventer chaque année, une belle journée nous attend. »

Jean-Baptiste Jalabert (Photo Archives Anthony Maurin).

Ça, c’était pour le décor. Place au choix du cartel. Pour les toros, pas de grande surprise avec la présence des Jandilla. Du Domecq piquant et qui répond à toutes les sollicitations, parfait pour un tel moment. Les piétons ont été eux aussi choisis avec précaution pour assurer le succès de cette course programmée pour triompher.

Manzanares fera son retour en corrida goyesque (Photo Archives Anthony Maurin).

Jose Maria Manzanares ne fait peut-être plus partie des figuras del toreo qui sortent en triomphe plus de cinquante fois par an des arènes de première catégorie, mais il garde son nom, sa douce gestuelle, son intelligence devant un toro. Manzanares est grand par l’aura qu’il dégage, par la sérénité qu’il renvoie et son public le suit malgré quelques irrégularités. En tout cas en terre arlésienne et bien souvent en goyesque il a toujours assuré !

Que dire d’Alejandro Talavante qui avait choisi Arles pour faire son grand retour au centre des ruedos. Il tient à Arles, ici il a triomphé à de nombreuses reprises et, si on a parlé de l’aura de Manzanares, on peut évoquer celle de Talavante, différente, plus froide peut-être mais tout aussi inspirante. Talavante ne toré pas pour la gloire, il le fait par défi qu’il se lance à lui-même et que le public se rassure car il n’abdique presque jamais, même au moment où l’on sent que les choses sont bouclées, il peut encore surprendre gradins et toro.

Daniel Luque (Photo Anthony Maurin).

Enfin Luque, Daniel Luque. Il est lié à l’empresa car c’est son apoderado depuis l’hiver dernier. Salement blessé il est actuellement écarté des arènes mais avait pour objectif de faire son grand retour pour cette course. Il sera là, comme en début de saison Sébastien Castella avait été là. Le Français n’avait hélas pu briller à cause des séquelles infligées par sa blessure. Espérons que le natif de Gerena subisse moins cet état de faits. Dans tous les cas, même un Luque diminué peu vous faire voyager !

(Photo Anthony Maurin)

Le lendemain en matinée, le régal de l’aficion se précise. Un délice qui permet à la jeunesse d’initier sa vie dans les toros. Le public découvrira à coup sûr une ou plusieurs têtes dont il pourra aisément suivre l’évolution de carrière en disant "Je l’ai vu à Arles alors qu’il débutait".

La puissance de l’envie fait la différence dans la catégorie de la novillada sans picadors. C’est ici qu’il faut prouver son courage et ses valeurs, qu’il faut dévoiler ses marges de progression et sa passion. Les becerros viendront de la maison puisqu’ils seront estampillés du fer des Frères Jalabert.

Les arènes d'Arles (Photo Archives Anthony Maurin).

Face à ces cornus six jeunes apprentis. Chacun aura une seule et unique chance pour marquer les esprits et continuer de faire sa place et son chemin. Morilla, Burriel, Zulueta, Vilau, Restrepo et le vainqueur du bolsin Francis Espejo se défieront pour sortir en triomphe d’arènes qui jouent toujours le jeu de la « petite » novillada. Bravo à ses arènes qui mettent en exergue et qui donne une place en pleine feria à ces spectacles dits mineurs mais qui sont pourtant le sel et l’eau de la tauromachie.

Le public sera présent cette saison à Arles (Photo Archives Anthony Maurin).

Comme toute bonne chose a une fin, le dimanche soir verra la clôture de cette feria par une corrida dure, âpre, remettant le toro au centre des débats. Des toros de Yonnet pour Rafaelillo, Alvaro de la Calle et Alberto Lamelas. Un cartel aux antipodes de celui de la veille qui mettaient en scène les toreros. Là, on va voir des cornes, des duels, des affrontements, des recours techniques. C’est un autre spectacle.

Jean-Baptiste Jalabert l’explique : « C’est justement dans nos traditions de proposer plusieurs styles de spectacles différents. C’est vrai que c’est l’opposé de la corrida goyesque mais c’est aussi ce qui est demandé par notre public d’aficionados locaux, de la région. Ils aiment voir ce genre de combat et de corrida. Yonnet est l’élevage phare français, l’an dernier un de ses toros a fait une vuelta al ruedo et avait permis une faena importante à Alvaro de la Calle qui s’est gagné, également, son retour. Les trois toreros sont préparés pour ce défi de clôture de la feria du Riz ».

Bel exemplaire d'Hubert Yonnet lors d'une corrida concours arlésienne (Photo Archives Anthony Maurin)

Yonnet est un fer ancien, emblématique, il a son public car sa rigueur est légendaire. Avec lui, l’intégrité du toro est préservée et ce dernier est mythifié. Même si le grand patron est parti voilà quelques années et que les héritiers prennent moins la lumière, la ganaderia Yonnet ne cesse de poursuivre son histoire en proposant un toro sans compromission et donc que nombre de maestros ne veulent pas entendre parler. C’est un problème mais c’est comme ça !

Rafaelillo accueille un Baltasar Iban à arles (Photo Archives Anthony Maurin).

Rafaelillo est un habitué d’Arles et de ces corridas qui piquent. Son gabarit limité est largement compensé par un savoir incroyable. Rafaelillo sait aussi être un merveilleux torero, suave et inspiré, quand on toro offrant ses qualités se met sur son chemin.

Alvaro de la Calle assume sa vie. Habitué à n’être qu’un sobresaliente, il a connu un événement qui l’a propulsé sur le devant de la scène et depuis, Arles lui fait confiance. Sobre, sérieux, professionnel et attentif aux attentes des plazas, Alvaro de la Calle est un torero plus qu’honnête.

Alvaro de la Calle sur un Escolar Gil qui s'est blessé (Photo Archives Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Enfin, Alberto Lamelas est souvent venu dans la région pour toréer mais rarement on l’a vu arlésien. Il se sent un peu comme un torero de France, pas Français mais qui a son public et une partie de sa vie taurine ici. Le chauffeur de taxi est un torero hors pair quand on le laisse toréer. Sensible tout en étant rugueux, doux en permettant au toro de s’exprimer, il est identifié comme un matador de toros de valeurs par l’aficion.

Face aux Curé de Valverde, ici Alberto Lamelas à Alès en 2016 (Photo Anthony Maurin).

« Chaque spectacle peut ou doit se voir d’une manière différente. Il y a la corrida de prestige avec le samedi la corrida goyesque. Il y a la belle opportunité qui est donnée aux jeunes et aux futures générations le dimanche matin, c’est aussi une belle découverte. Ensuite, on peut dire que la corrida de clôture est placée sous le signe du combat avec un élevage local face à trois toreros préparés. On attend de l’émotion, des émotions », conclut Jean-Baptiste Jalabert.

Anthony Maurin

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