Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 08.07.2020 - stephanie-marin - 3 min  - vu 1132 fois

FAIT DU JOUR VIDÉO Féminicides : "Une mécanique du crime qui démarre par des violences verbales"

Laurie a été tuée par son ex-compagnon le 17 janvier 2018. (Photo : Stéphanie Marin / Objectif Gard)

Depuis plusieurs mois, Béatrice Bertrand, directrice du Centre d'information sur les droits des femmes et des familles du Gard (CIDFF 30), est aux côtés des parents de Laurie Tercero. La jeune femme a été tuée le 17 janvier 2018 par Gabriel, alors qu'elle lui annonçait sa volonté de le quitter définitivement. Il l'avait frappée et poignardée à six reprises en pleine rue à Nîmes.

Jeudi et vendredi derniers, Béatrice Bertrand était présente dans la salle d'audience de la cour d'assises du Gard. Son regard ne cessait de faire des allers-retours entre les parents de Laurie assistés par maître Khadija Aoudia et le box des accusés. À cet endroit se trouvait Gabriel, 31 ans, qui après deux ans et demi de détention provisoire, était jugé pour le meurtre de son ex-compagne, Laurie.

Durant ces deux jours de procès, la relation entre l'accusé et la victime a été disséquée, qualifiée de chaotique, conflictuelle, rythmée de violences "réciproques" selon la défense. Plusieurs témoignages ont fait état d'insultes et de coups "réguliers" adressés par Gabriel à l'égard de Laurie, "parfois même devant les enfants", a précisé une voisine et amie de Laurie.

Béatrice Bertrand, directrice du CIDFF 30 (au centre) aux côtés de Charles et Nicole Tercero, les parents de Laurie. (Photo : Stéphanie Marin / Objectif Gard)

"Dans les féminicides, il y a toute une mécanique qui se met en place, une mécanique du crime, et ça démarre très souvent par des violences psychologiques comme on l'a vu tout au long du procès. La victime perd confiance en elle et puis on passe aux violences physiques", commente la directrice du CIDFF 30. Selon des études réalisées par un médecin légiste et psychiatre, 75% des homicides ont lieu au moment de la séparation. "À ce moment-là, il perd son objet, ça devient pour lui insupportable et c'est là où il y a un passage à l'acte."

La lutte contre toutes les formes de violences faites aux femmes est l'un des domaines d'interventions du CIDFF 30. Depuis le Grenelle lancé par Marlène Schiappa, alors secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, des outils ont été déployés en France pour protéger les victimes et prévenir d'un danger potentiel. Le dernier en date dans le Gard : une cellule départementale dédiée à la prise en charge opérationnelle des victimes.

Un nouveau dispositif dans le Gard

Ce nouveau dispositif mobilise une dizaine de partenaires institutionnels et associatifs qui travaillent en réseau pour favoriser le repérage en amont des victimes de violences conjugales, optimiser leur accompagnement, celui de leur entourage et le traitement des situations. Prochainement, le département du Gard lancera également le premier observatoire des violences faites aux femmes.

Il reste encore du travail à faire. "J'aimerais qu'on mette en place un observatoire national des féminicides, lance Béatrice Bertrand. Et puis, le deuxième combat à mener est pour les familles. Quand il arrive des drames comme l'ont vécu monsieur et madame Tercero, les familles endeuillées se retrouvent seules. Donc je crois que l'État doit prévoir un accompagnement des familles et qu'un lien soit fait avec des associations telles que la nôtre, pour éviter qu'elles se retrouvent seules à tout gérer."

Le reportage

Stéphanie Marin

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Stéphanie Marin

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