FAIT DU SOIR Des étudiants en école de commerce en immersion auprès des légionnaires

Douze étudiants de la grande école de commerce ESSEC Business School sont toute la semaine au 1er Régiment étranger de génie.
- photo Marie MeunierDouze étudiants de la grande école de commerce l'Essec Business School, basée en région parisienne, sont en immersion toute la semaine au 1er REG (Régiment étranger de génie) de Laudun-l'Ardoise. Glissés dans le treillis militaire, ils enchaînent les exercices et apprennent auprès des légionnaires.
"Attention pour lever, levez !" Les bras des étudiants ont été mis à rude épreuve ce mercredi matin. Ils ont soulevé et transporté sur plusieurs mètres quatre barques et des éléments de travure de plus de 250kg. L'objectif : construire un MLF (moyen léger de franchissement) pour rejoindre la rive opposée d'un lac du secteur de Lascours.
C'est un dispositif souvent utilisé par les hommes du génie. "En Côte-d'Ivoire, dans le cadre des opérations RESEVAC, on doit pouvoir ramener nos ressortissants français en cas d'instabilité politique. Pour accéder à Abidjan, il y a une lagune et le moyen le plus pratique d'aller chercher les ressortissants, c'est le MLF ", explique aux jeunes, le lieutenant Julien, chef de section de la 4e compagnie. Il ajoute : "On peut s'en servir pour transporter des personnes mais aussi des véhicules. Plus on assemble de barques, plus on peut faire monter des gros camions militaires chargés de vivres ou de logistique."
Du costard au treillis
L'eau jusqu'aux genoux, les étudiants ont mis plusieurs heures à monter puis démonter l'installation flottante. Mais tous sont ravis d'être immergés dans l'univers de l'Armée de Terre, bien éloigné de celui de l'école de commerce. "Ils sont arrivés, ils étaient en costard. Là, ils sont soumis à un exercice physique en treillis avec un gros sac. En situation d'aguerrissement, ça permet de casser la glace", analyse le lieutenant Julien.
C'est la première fois qu'une promotion de l'Essec Business School découvre de l'intérieur une unité de la Légion étrangère. L'expérience est rendue possible par un partenariat inédit signé il y a un an par le colonel François Perrier, chef de corps du 1er REG, et initié aussi par Aurélien Colson, professeur en science politique à l'ESSEC et élu local dans le Gard. L'idée étant de renforcer le lien Armée-Nation, mais aussi de transmettre l'esprit de défense.
Les douze étudiants volontaires, âgés entre 21 et 26 ans, font partie de la nouvelle filière d'enseignement "Géopolitique, défense et leadership". Pour ces futurs chefs d'entreprises, les exercices militaires sont l'occasion de travailler leur "leadership", d'appréhender le commandement qui présente des similitudes avec le management, mais aussi de développer l'esprit d'équipe et de penser à la sécurité du groupe. Des qualités importantes qui pourront leur servir dans leur métier plus tard.
"On est là pour sortir de notre zone de confort"
En plus d'avoir construit un MLF, les étudiants ont également effectué une marche d'une dizaine de kilomètres de nuit. En treillis, casque sur la tête, rations dans le sac et équipés de répliques de FAMAS, leur mission était de porter un message. "On s'est couché à 2h du matin, on s'est levé à 6h. On a peu dormi, mais ça met dans l'ambiance. (...) On est là pour sortir de notre zone de confort. Les légionnaires et aspirants sont là pour nous expliquer, mais pas pour faire à notre place", raconte avec le sourire, Chloé, en 3e année d'école de commerce.
Tout comme elle, son camarade, Baudry, est ravi de mettre un premier pied dans l'univers militaire : "La Légion, c'est un peu un mythe. Être ici permet de voir ce qu'il s'y passe. Cela reste une unité d'élite." La journée s'est poursuivie par un parcours naturel valorisé. Certains étudiants, arrivés dimanche dernier, ont aussi pu assister à la cérémonie de Camerone, au régiment. Tous repartiront ce vendredi. Et même s'ils "ont ramassé un peu", comme on dit dans le jargon militaire, ils garderont un souvenir impérissable de leur passage au sein du régiment de génie d'assaut.