FAIT DU SOIR L'association Emmaüs Alès en pleine tourmente ?

La structure d'Emmaüs Alès
- Sacha VirgaL'ancien compagnon d'Emmaüs Marc Roger et l'ancien co-responsable Frédéric Piazza ont dénoncé la situation très délicate que traverse la structure alésienne depuis déjà quelques mois. La direction nie catégoriquement les faits.
Démissions du conseil d'administration, problèmes financiers, pressions sur des compagnons relayées au niveau national... Que se passe-t-il à Emmaüs Alès ? L'association a été la cible de nombreuses critiques dans l'émission "Pas de blabla" de Fréquence Populaire. Responsable adjoint pendant quatre ans chez Emmaus Alès, Marc Roger a été licencié le 13 février dernier, de manière "injustifiée", comme il le raconte. Il n'est pas le seul, le co-responsable Frédéric Piazza a, lui aussi, été remercié.
"C'est lui qui a fait que les structures d'Arles et Marguerittes sont devenues de vraies communautés avec un chiffre d'affaires en excédent. C'est lui qui a tout créé. Il avait 20 ans d'ancienneté. C'est un gars qui faisait l'unanimité humainement et professionnellement", se remémore-t-il. Pour expliquer plus clairement, les trois structures d'Alès, Marguerittes et Arles font partie de la même association, présidée par Maurice Vincent. Contacté, il n'a pas donné suite à nos sollicitations.
Dans l'émission présentée par Sébastien Migliore, l'ancien agent de football Marc Roger pointe du doigt les conditions dans lesquelles il travaillait. Depuis son départ, les difficultés ne se seraient pas arrêtées, bien au contraire. "Il y a des pressions et des menaces envers les compagnons. Certains sont sans papiers, alors c'est facile de les menacer", raconte-t-il. Certains d'entre eux, sous couvert d'anonymat et accompagnés par plusieurs bénévoles, sont même allés rencontrer récemment la CGT.
Contactée, la co-responsable d'Emmaüs Alès Emmanuelle Brondeau, et ancienne collègue de travail de Marc Roger conteste, mais ne se défend pas pour autant. "Je pense que monsieur Roger exprime sa colère et qu'il n'y a pas forcément à se défendre. Il a le droit de le faire, il n'y a pas de souci. Mais ce qu'il dit sur la vie de la communauté et les compagnons sont des choses qui sont très imprécises".
Marc Roger dévoile également le salaire touché par les compagnons Emmaüs : 93 euros par semaine, soit 410 euros par mois. "Ça donne accès à une retraite inhumaine, il faut plus de dignité", alerte-t-il. Alors, avec bienveillance, l'ancien adjoint leur proposait de se changer les idées : "On sortait à la feria, au camping, à la rivière, à Alès Plage... pour sortir de la prison sans barreaux", raconte-t-il. L'ancien agent a même reçu de nombreux soutiens, comme le montre par exemple une lettre envoyée au président Maurice Vincent, signée par l'ensemble des quatorze compagnons, une quinzaine de bénévoles et quatre administrateurs, démontrant qu'il est toujours très apprécié.
"On sent qu'il y a quelque chose de moins fluide"
Responsable de communauté depuis 21 ans, Frédéric Piazza a été licencié officiellement il y a quelques jours. "On m'a averti que j'étais dans le viseur d'Emmaüs France depuis deux ans et je l'ai sans doute payé récemment, témoigne-t-il. Pour cause, en 2023, Frédéric Piazza est sollicité pour devenir secrétaire de CEVE, une structure qui regroupe quinze communautés en France, une force pour donner un nouvel élan à la fondation. "Ça a été très mal vu", déplore-t-il. Une situation qu'il vit très mal. Mais pour autant, l'ancien co-responsable compte se battre et n'en restera pas là.
Comme Marc Roger, il a constaté un effondrement d'Emmaüs Alès en quelques mois. "En juillet 2024, on se félicitait d'avoir une gestion très saine, on était même en train de chercher une structure sur Nîmes pour se développer, mais depuis la rentrée dernière ça a fini par changer. Emmaüs Arles Alès subit des pressions de la fédération nationale depuis la création de CEVE, c'est peut-être ce qui nous a fait partir Marc et moi, ça a fragilisé la communauté", affirme Frédéric Piazza, qui a pu faire remonter certains soucis sur la structure d'Alès. "Il y a eu des positionnements malsains de bénévoles et des propos violents dits aux compagnons. On sent qu'il y a quelque chose de moins fluide", ajoute-t-il.
Lors d'une visite sur le site alésien, un compagnon témoigne, mais anonymement, par peur : "Marc Roger a été comme un père pour moi. Aujourd'hui, j'ai juste envie de tourner la page avec ces histoires." Emmanuelle Brondeau a nié catégoriquement les pressions et les menaces évoquées. Cependant, un panneau, resté un certain temps, avait été déposé devant l'entrée, dénonçant le quotidien au sein de la structure.
Chute financière
Depuis de nombreux mois, les comptes de l'association Emmaüs à Alès se verraient amoindris. Marc Roger évoque de gros problèmes de gestion financière, des milliers d'heures supplémentaires non payées et un déficit qui s'alourdit progressivement depuis quatre mois. Selon un document que nous nous sommes procurés, le compte de résultat analytique pour l'année 2024 indiquerait la somme de - 163 705 euros. "C'est une ébauche d'analytique. C'est la première année qu'on tente de le faire sur les différents sites. C'est un document déjà qui est interne qui n'est absolument pas le reflet de la réalité", se défend Emmanuelle Brondeau, qui affirme qu'aucune perte financière n'est à déplorer sur l'année dernière et sur aucun des trois sites (Alès, Marguerittes, Arles).
Un nouveau local devrait ouvrir pour l'association Emmaüs. Il avait été trouvé par Marc Roger à l'époque. Une ouverture qui aurait été retardée par quelques pépins, mais Emmanuelle Brondeau l'assure, elle le sera en septembre 2025 : "On attendait le passage de la commission de sécurité qui aura lieu cet été." Réponse dans quelques semaines...