Publié il y a 2 h - Mise à jour le 20.10.2025 - Corentin Corger - 3 min  - vu 1040 fois

FAIT DU SOIR Malgré lui, un homme sous tutelle fait vivre l’enfer à son voisin

Le début de la rue Sainte-Perpétue à l'angle de la rue Salomon Reinach

- Photo Corentin Corger

Exaspéré par la situation d'un homme sous tutelle qu'il juge "abandonné" par son curateur, un voisin a peur qu'un drame arrive. En face, l'organisme de tutelle se dit conscient de la situation, mais considère que le travail est fait. Récit. 

C’est une histoire qui vient pointer du doigt la problématique de la prise en charge des seniors qui ne sont plus autonomes. Benjamin* a emménagé depuis plus d’un an dans un appartement situé rue Sainte-Perpétue à Nîmes au cœur d’une résidence. Juste en dessous, vit un homme de 71 ans en situation de handicap et placé sous tutelle d’un curateur. « Cette personne ne fait absolument rien. Cet homme est livré à lui-même. On le laisse dans sa pisse, ses excréments, on ne le lave pas, on ne lui fait pas le ménage. C’est de la maltraitance caractérisée. Même un chien, on ne le traiterait pas comme ça. » Un voisin à bout qui remue ciel et terre pour qu’il soit placé dans un établissement adapté. Pour illustrer sa détresse et surtout celle de cet homme, il l'a filmé après une chute, attendant les pompiers, déclarant clairement au sujet de son curateur : "il ne s'occupe pas de moi". Une vidéo que notre rédaction a visionnée, mais que nous avons souhaité ne pas diffuser.

Ce dernier avoue subir des nuisances olfactives et également sonores, « il est aussi malentendant, donc il met la télé fort tard la nuit. » Mais surtout, le septuagénaire, qui ne serait visité par aucun membre de sa famille, chute régulièrement et appelle ainsi ses voisins à la rescousse. « Une fois, il s’est fracassé la tête par terre et a été hospitalisé. La dernière fois, 12 pompiers sont intervenus en passant par la fenêtre, car il était coincé dans ses toilettes et n’arrivait pas à se lever. Rien qu’en début de semaine dernière, ils sont venus trois fois. Eux aussi, on fait des alertes » Benjamin, excédé et qui travaille également à son domicile, a fait plusieurs signalements au juge des tutelles, à la ville de Nîmes ainsi qu'à la police, mais sa main courante a été refusée. 

"Tout le monde a droit à une fin de vie digne"

Ce graphiste de profession confie avoir passé plusieurs nuits sans dormir et développer des troubles du sommeil et craint le pire pour son voisin, « ça pourrit nos journées et nos nuits entières. À force de se faire mal, il va succomber de ses blessures. Dès que l’on n’entend rien, on a peur. Il y a urgence vitale. » Il met surtout en cause l’organisme chargé de la protection des majeurs et le curateur concerné, « ce Monsieur n’est pas responsable de son état. Cela fait trois ans qu’il est à l’ordre du jour de toutes les assemblées générales de copropriété. Je ne souhaite pas à mon pire ennemi d’être sous tutelle de cet organisme, tout le monde a droit à une fin de vie digne. »

L’association ciblée a accepté de nous répondre par l’intermédiaire de sa directrice, qui a souhaité rester anonyme, « j’imagine que vivre dans un contexte comme celui-là, ce n’est pas simple. Je l’entends complètement. Mais derrière, il faut avoir conscience de nos difficultés. Je ne peux pas accepter que l’on nous fasse mauvaise presse alors que l’on fait tout ce que l’on peut pour améliorer la situation. Aujourd’hui, la réalité, c’est que l’on a peu de moyens. » Elle réfute toutes les accusations d’abandon. « On y passe très régulièrement, mon collègue assure pleinement sa fonction de curateur. Le travail a été fait. Renseignez-vous sur les missions d’un tuteur, ce n’est pas un magicien. Des collègues sont venus faire du nettoyage et lui ont apporté un casque pour réduire les nuisances sonores. »

"Rentrer dans un Ehpad ne se fait pas du jour au lendemain"

Un exemple qui vient une nouvelle fois illustrer le manque de places dans les structures pour accueillir des personnes qui ont besoin d’assistance au quotidien. « C’est de la maltraitance institutionnelle qui montre les dysfonctionnements des services publics », reprend Benjamin. La directrice est sûrement au courant de la problématique de cet homme et est en lien avec la juge des tutelles. « Rentrer dans un Ehpad ne se fait pas du jour au lendemain. Surtout que ce Monsieur a toujours refusé jusqu’à présent. Nous avons saisi le juge des tutelles. Il peut demander le placement. Mais ce n’est parce qu’il y a une décision judiciaire, qu’elle s’applique. »

Une décision administrative qui prend du temps et un voisin, lassé d’intervenir et qui aimerait voir la situation se décanter à court terme, « je ne suis pas Batman, juste le gars du dessus qui a besoin de dormir. »

*Le prénom du voisin a été modifié. 

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