Dans la continuité de la première journée intersyndicale du 18 septembre, plusieurs syndicats se sont regroupés, ce jeudi 2 octobre, avec la ferme intention d'infléchir la politique du gouvernement.
À Nîmes, la mobilisation a rassemblé moitié moins de participants que le 18 septembre, soit 3 000 personnes selon les organisateurs et 1 000 selon la préfecture.
« Aujourd'hui, nous sommes présents parce qu’effectivement la situation est de plus en plus préoccupante. On ne sait pas où on va avec ce nouveau gouvernement qui va être constitué, peut-être présenté prochainement. En tout cas, Lecornu a prévu d’aller dans la même direction, c’est-à-dire ne rien changer, ne rien bouger. Toujours plus, notamment pour le MEDEF, pour les grands patrons, et toujours moins pour les salariés et pour les gens qui aujourd’hui souffrent de plus en plus d’une politique libérale et d’une politique inéquitable au portefeuille », confie Christian Bastid, conseiller départemental du canton de Nîmes 2.
Le cortège s'est élancé du haut du boulevard Jean-Jaurès, a longé le Quai de la Fontaine, est passé devant la Maison Carrée, direction la préfecture, en scandant bruyamment et en chansons plusieurs revendications, dont celle sur l'âge du départ à la retraite. « Quand on travaille, qu’on soit dans un métier pénible ou pas, il est normal de pouvoir partir à 60 ans. C’est une revendication importante, parmi d’autres, et c’est pour ça qu’il faut faire le point dans les entreprises », ajoute l'élu.
À Arles, les manifestants ont commencé à se rassembler devant le kiosque à musique dès 10h30. Moins nombreux que lors de la mobilisation du 18 septembre (relire l'article en cliquant ici), entre 300 et 350 participants ont tout de même défilé à travers les rues du centre-ville arlésien. "Aucune réponse concrète aux attentes du monde du travail n'a été apportée, ni rupture avec les mesures présentées en juillet, ni engagement sur ce qui pourrait être des mesures de justice sociale et fiscale. Le monde du travail a assez souffert, c'est pourquoi l'intersyndicale appelle à amplifier la mobilisation et à une nouvelle journée d'action et de grève interprofessionnelle", a indiqué le représentant FO, au nom de l'ensemble des organisations syndicales présentes à Arles.
Le coup par coup, est-ce la solution ? Pour Claude, retraité, "appeler à faire la grève une journée par mois ne suffit pas et démobilise, on le voit aujourd'hui. Il faudrait taper fort avec trois, quatre jours de grève d'affilée." Un raisonnement partagé par Vincent et Nadia de Sud Éducation - Solidaires 13. "On est là pour mettre la pression au futur gouvernement, imposer un rapport de force aux négociations. Notre organisation syndicale, au sein de l'intersyndicale, défend un blocage total du pays sur plusieurs jours, plutôt que des grèves 'saute-mouton' qui permettent certes de garder une unité syndicale, mais ne permettent pas d'avoir un impact sur la lutte." Le sujet a été mis sur la table à l'occasion de la réunion intersyndicale organisée ce jeudi à Marseille pour décider des suites à donner au mouvement.
À Alès, les manifestants, moins nombreux que lors des derniers rassemblements, ne se sont malgré tout pas moins fait entendre ce matin, car "si un combat n'est pas mené, il est déjà perdu". Les quelque 800 membres du cortège, selon la préfecture, se sont rassemblés pour plus de "justice sociale et fiscale", non sans oublier d'évoquer la Palestine et la flottille Global Sumud interceptée cette nuit par Israël. Le rassemblement, initié par la CGT Sud Santé Social, a fustigé le Premier ministre qui n’a, pour l’heure, "apporté aucune réponse claire". La CFDT au nom de l’intersyndicale a notamment appelé à "abandonner le doublement de franchise médicale et la suppression de 3 000 postes de fonctionnaires".
À Bagnols, le point de rendez-vous était donné au Monument aux Morts à 10h. Sur place, sept syndicats étaient présents : CFDT, FO, FSU, Solidaires, CSE, CGT, CFTC. Parmi les porte-paroles du mouvement figurait Moustapha Ben Abbes, pacifique, mais déterminé à l'idée d'acquérir de nouveaux droits sociaux : "Les revendications sont toujours les mêmes. Nous demandons d'avoir un œil sur le budget et d'écouter les organisations syndicales. Le fond, c'est l'abolition de la réforme des retraites", soutient le nouveau secrétaire de l'Union Locale FO Orano.
Le syndicaliste depuis 30 ans poursuit, plus engagé : "Le budget qui arrive sur la table va appauvrir encore une fois la classe moyenne. On va vers une paupérisation des Français. La colère sociale est de plus en plus forte", clame celui qui se considère comme "un homme de conciliation". Dans le cortège se trouvaient des actifs d'Orano et des retraités. Le syndicat CGT du centre hospitalier de Bagnols/Cèze s'y est aussi greffé.
Environ 170 personnes ont manifesté jusqu'au rond-point de l'Europe. En fin de mobilisation, Éric Hugon, secrétaire général du SNTU CFDT, a pris la parole pour appeler à poursuivre la lutte, en demandant de "rester vigilant sur les actions à venir". Pascal Le Boulch, secrétaire général de l'Union locale de la CGT du Gard Rhodanien, campe sur ses positions : "On intensifie la lutte. La pression, on va la mettre et ils vont devoir se mettre autour de la table". Celui-ci a appelé "ses camarades" à se déplacer à la manifestation cet après-midi à Nîmes.
À Uzès, la mobilisation a très nettement faibli ce jeudi, avec environ 50 personnes devant la mairie. « Aujourd’hui, nous sommes ce que nous sommes, mais nous sommes déterminés », lancera tout de même le secrétaire de l’Union locale CGT d’Uzès, Philippe Alby, toujours convaincu que « c’est la mobilisation qui fera bouger les choses. » Les revendications restent les mêmes que lors des dernières journées nationales de mobilisation, à savoir la lutte contre les mesures annoncées par l’ancien Premier ministre François Bayrou : « (Sébastien) Lecornu va nous ressortir les mêmes gouvernements, les mêmes mesures, il nous parle de rupture, mais il est dans la continuité : la stigmatisation des classes qui travaillent, le refus de faire payer plus les grandes fortunes, la baisse du nombre de fonctionnaires, la casse du service public, le refus de revenir sur la réforme des retraites. » Pour La France insoumise, Cathy Legrand réitèrera la revendication du parti, à savoir le départ d’Emmanuel Macron, « qui refuse de changer sa politique alors qu’il a été battu dans les urnes. »
Au Vigan, environ 80 personnes se sont retrouvées, à 18h, devant la sous-préfecture. Une mobilisation reconnue comme décevante par les syndicalistes appelés à prendre la parole. "C'est difficile de mobiliser, il n'y a toujours pas de gouvernement, relève Frédéric Vacquier, pour la FSU. Alors même que, d'après ce qu'ont relaté les syndicats après leur rencontre avec le Premier ministre, il n'y a aucune avancée."
"Le monde du travail s'est précarisé depuis 20 ans, insiste aussi le représentant de la FSU, c'est donc plus difficile de faire grève plusieurs jours. Les fins de mois ne jouent pas en notre faveur." Le syndicat Solidaires, par la voix de Priscilla Manzanares, donne pourtant des raisons de réagir, en avançant que "les godillots de la Macronie ne tiennent pas compte de la volonté du peuple", tandis qu'elle dénonce la nouvelle réforme de l'assurance chômage : "Notre modèle social est précieux, insiste-t-elle, particulièrement pour les plus précaires et les plus vulnérables".
Au passage, la syndicaliste SUD a témoigné aussi du référé remporté ce matin même par son syndicat, dans l'Hérault, alors que le préfet souhaitait trier les manifestants et refuser dans les cortèges ceux qui n'étaient ni "adhérent, militant ou sympathisant d'un syndicat qui appelait à la journée de mobilisation". On aura rarement vu un préfet aussi zélé - mais visiblement peu au fait des lois d'un pays démocratique - à chercher les faveurs d'un ministre démissionnaire...