Publié il y a 1 h - Mise à jour le 19.11.2025 - Rose Macauley - 3 min  - vu 351 fois

JUSTICE Cette mère blesse grièvement son bébé de 25 jours

Enfance, bébé, nouveau-né

La très jeune fille a été hospitalisée plusieurs heures après le début des saignements.

- Photo d'illustration : Anthony Maurin

Après les blessures que sa mère lui a occasionnées, ce bébé a vu son pronostic vital être engagé.

C’est en son absence qu’une mère de famille est jugée ce jeudi 13 novembre devant le tribunal correctionnel de Nîmes, présidé par Jérôme Reynes. Elle serait responsable de graves blessures sur la personne de sa très jeune fille. C’est le 19 avril 2023 que la justice a eu connaissance de l’affaire à la suite de la prise en charge d’un nourrisson de vingt-cinq jours par le CHU de Nîmes. Gravement blessée, l’enfant était sujette à un saignement massif au niveau de la bouche. Examinée par un médecin, une plaie de deux centimètres a été découverte au niveau de son plancher buccal et sa langue était quasiment arrachée à sa base. Des blessures très conséquentes au vu de l’âge et de la taille du nouveau-né.

Malgré les intenses saignements, les deux parents n’ont pas mesuré la gravité de la situation. Plutôt que de conduire rapidement leur enfant aux urgences, les deux adultes l’ont emmené à trente kilomètres de leur domicile pour s’occuper de chiens dont ils ont la garde. « Les saignements s’étaient estompés », se défend le père de famille, qui a bénéficié d’un non-lieu dans cette affaire. Ce n’est qu’une fois sur place que ce dernier a pris la décision d’emmener le nouveau-né au CHU de Nîmes, contre l’avis de sa compagne. Un refus qui, selon lui, découlerait de la peur que l’enfant leur soit retiré. « Elle évalue le risque de retrait de l’enfant, mais celui de sa mort ne lui est pas passé par la tête », lance Salomé Jacob, procureur de la République.

Des théories fumeuses

Interrogés lors de leurs gardes à vue respectives, le couple a livré des explications peu convaincantes aux enquêteurs. Le père de l’enfant a d’abord fait état d’un objet qui aurait été coincé dans la bouche de la fillette. C’est lorsqu’il l’aurait retiré que les saignements auraient débuté. La mère, elle, a expliqué la perte importante de sang par le fait que la petite fille serait atteinte d’une maladie vasculaire héréditaire. Maladie que cette dernière porterait également, sans toutefois pouvoir la nommer. Saisi par la gravité de la situation, le père a fini par livrer une tout autre histoire. « Elle m’a demandé de la couvrir et je l’ai fait », explique-t-il. Il a alors expliqué aux enquêteurs que les blessures auraient été occasionnées par la mère du bébé, sans en expliquer les circonstances.

La fillette, aujourd’hui âgée de deux ans et demi, n’est pas sortie indemne de cet épisode de violences. « Elle va assez bien la journée, mais la nuit, il y a des cauchemars et beaucoup d’anxiété », explique la représentante de l’Association gardoise d’aide aux victimes (Agavip). Malgré tout, la fillette est régulièrement mise en contact avec sa sœur aînée, également placée suite à des violences effectuées par leur mère commune, notamment des morsures au niveau de son visage. Pour ces faits antérieurs, elle a écopé d’une peine de prison ferme, aménagée sous la forme d’un bracelet électronique.

Une grande absente

« Elle n’a pas fait le choix de venir s’expliquer », souligne le ministère public face à l’absence de la prévenue. Un choix qui ne lui permet pas de s’exprimer face au tribunal, mais qui n’empêche en rien son jugement. « On parle d’une enfant de 25 jours dans une situation de vulnérabilité la plus totale. Cet enfant a failli mourir », explique Salomé Jacob. Une vérité incontestable étant donné l’état de l’enfant à son arrivée aux urgences nîmoises. Une situation qui lui a valu d’être placée en réanimation et de subir une intubation, malgré son très jeune âge. « Je voudrais appuyer la dangerosité de madame. C’est important qu’elle n'ait plus de droits sur chacun de ses enfants », conclut-elle, pensant à la troisième fille de la prévenue, également placée par les services sociaux, mais sur laquelle elle exerce toujours l’autorité parentale. Un point sur lequel Maître Marion Deler, avocate des parties civiles, rejoint totalement le ministère public : « Je crains qu’on ait une prévenue qui soit dangereuse. »

Après délibération, le tribunal, réuni en collégiale, l’a condamnée à cinq ans d’emprisonnement et a prononcé à son encontre un mandat d’arrêt. L’autorité parentale qu’elle exerce sur sa dernière fille lui a été retirée. Reconnue comme étant responsable du préjudice de la petite fille, elle est condamnée à verser 10 000 € au titre des dommages et intérêts à l’Agavip, en tant qu’administrateur ad hoc de la victime. Le père de l’enfant, s’étant constitué partie civile, a vu sa demande rejetée. « Le tribunal s’étonne que monsieur ne soit pas poursuivi », conclut Jérôme Reynes, en regardant l’ex-conjoint de la prévenue.

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