Les festivités ont réellement commencé avec les projections de lumières sur des bâtiments emblématiques de la cité, mais, depuis les vacances scolaires de fin d’année, les animations s’enchaînent avec plus ou moins d’intérêt et de pertinence.
« Globalement, je ne regrette pas d’être revenu même si j’ai longuement hésité. L’année dernière, on avait fait un bon chiffre à Nîmes, cette année ça a mis du temps à démarrer mais les gens arrivent enfin », glisse discrètement le vendeur d’un des chalets qui sont situés sur l’Esplanade.
« Non, je ne suis pas content, la pluie et le temps froid ont eu raison des visiteurs. Les soirées de lancement n’ont pas été bonnes et, depuis, on paie ce retard. J’ai un peu l’habitude des fêtes, je sens que la dynamique est mauvaise, les jeunes n’aiment plus beaucoup les manèges et comme tout coûte cher pour l’entretien, nous devons augmenter nos tarifs… », explique le salarié d’un manège.
Et c’est peut-être là que le bât blesse ! Les sous ! Chaque année, convenons-en, c’est le nerf de la guerre hivernale, la tragédie des fêtes et de l’esprit de Noël. Aujourd’hui, sortir en famille signifie, si l’on n’habite pas en ville, de prendre sa voiture et de se garer.
Si le stationnement en surface est gratuit, les gens adorent les parkings souterrains… Donc, ensuite. À quatre et vu que c’est une sortie festive, on flâne un peu, on « bade », si des commerces sont ouverts, on achète une bricole aux enfants ou en souvenir puis on va boire un chocolat chaud au bistrot.
« Là aussi, c’est une sortie et on le ressent ! Ça vient de nous coûter 17 euros ! Deux Coca, un cappuccino et un spritz ! On va enchaîner avec la patinoire puis la fête foraine, mais on n’ira pas sur la grande roue ! » La sortie familiale coûtera approximativement 100 euros à cette famille venue de Manduel dont le papa légitime les choix. « On y est montés il y a deux ans, il ne faisait pas beau, on ne s’est pas sentis en sécurité, car les parapets sont bas, les enfants ont eu peur… Et c’est cher ! »
Cher, c’est le mot que l’on trouve sur l’entête de la lettre du Père Noël, mais une fois le bonhomme passé, le mot reste quand même sur les lèvres de tous. « C’est cher ? Évidemment ! On a l’impression de jeter l’argent par les fenêtres ! Un tour de manège, de roue, un beignet et un verre de vin chaud et on a cru devoir casser le PEL ! J’ai les moyens mais je me demande comment font les gens… », avoue un retraité sorti avec ses enfants et petits-enfants.
Il ajoute : « C’est cher, mais on passe du temps ensemble… Ces dernières années, les enfants grandissent, nous vieillissons, nous ne sommes pas éternels et l’argent ne nous servira pas dans la tombe à passer du temps avec eux, alors, on le fait tant qu’on le peut, même si c’est un peu onéreux ! »
Fatima est descendue en ville depuis Pissevin avec sa famille. Avec les poussettes, pas facile de circuler. Pas d’endroit où se poser pour manger les churros achetés. « Alors ? On marche ! Ce n’est pas très pratique, surtout pour les petits, mais on fait avec ! On ne sort pas beaucoup et on aime bien cette période, les enfants sont en vacances, il fait froid, c’est sympa ! »
Et Fatima n’est pas seule à être venue en ville en famille. « Je ne le dis pas pour ça mais les familles des quartiers (comprendre Quartiers prioritaires de la ville, NDLR) adorent venir ici. Nous n’avons pas l’habitude et dans nos quartiers il ne se passe jamais rien de pareil ! Si un jour on inversait, qu’on fasse la fête à Pissevin ou au Chemin-Bas, ça serait sympa ! Comme on nous dit que le bus y passe, ça permettra aux gens de la ville de venir chez nous ! »
Direction la patinoire. Ici, le tarif est plutôt symbolique. Comme cette manière de voir une patinoire en hiver d’ailleurs. Pas de glace, peu de glisse. « Je trouve ça fou de mettre une patinoire en plastique, en plein hiver, ici alors que Nîmes a une belle patinoire et que cette dernière n’ouvre même pas l'été. On fait tout à l’envers ici ! Et je ne parle pas de la qualité du plastique sur lequel les patineurs essaient de glisser… C’est nul ! », brosse Fred, 33 ans et deux enfants.
Jusqu’au 3 janvier, de 14h à 19h (attention, la patinoire sera fermée le 1ᵉʳ janvier), le tarif est de deux euros par séance de 45 minutes (gants obligatoires et les enfants de moins de huit ans doivent être accompagnés d’un adulte).
Marie, sa femme, est un peu moins dure. « Non ! C’est plutôt bien, si on tombe moins et quand on tombe on ne se fait pas trop mal. Il fait moins froid, on est en plein air et on peut presque se dire que c’est un geste écolo, même si c’est assez ridicule et qu’on préfère aller à la vraie patinoire de Marcel-Rouvière. »
Face aux arènes, la patinoire synthétique écoresponsable a, en effet, été conçue sans eau ni électricité, mais elle essaie d’offrir la magie du patinage dans le respect de l’environnement.
Accoudée à un mange-debout avec son compagnon, Françoise sirote un verre et déguste des huîtres. « Ces chalets sont sympas même si on tourne vite en rond. Ce qu’on peut y manger ou y boire n’a rien d’exceptionnel et c’est un peu cher… En tout cas, c'est quand même une bonne idée parce que sans eux c’est un no man’s land ! Il faudrait peut-être nous installer des transats ou des rocking-chairs pour qu’on soit vraiment en hiver ! Et une paire de couvertures seraient les bienvenues. »
La folie douce, ce n'est pas pour cette année, mais l’ambiance du côté des chalets et de la patinoire est plutôt sympa. Vers la fête foraine de l’Esplanade, idem. Les familles déambulent, les jeunes enfants ont les yeux qui brillent et les parents sont contents. « Ça nous fait une petite sortie, mais la consigne est de ne pas dépenser plus de 20 euros pour nous tous ! C’est un challenge pour que nos enfants de cinq et 11 ans prennent part à notre comptabilité familiale. On ne leur cache rien, c’est un jeu comme un autre et cette sortie leur apprend la vie tout en leur faisant plaisir ! », explique un couple de Vauverdois.
Pour vous faire votre idée, vous avez jusqu’au 4 janvier, pour embarquer pour un voyage hivernal à Nîmes grâce aux décorations, aux chalets gourmands de l’Esplanade, au marché de la cathédrale, à l’espace de glisse des arènes... « L’essentiel, pour nous, c’est de passer du temps ensemble ! Nous ne faisons pas de courses onéreuses ou des cadeaux de Noël hors de prix pour justement pouvoir passer ces moments de rigolades et de tendresse ! », conclut Martine, qui regarde avec amour sa famille qui s’amuse.
