"Jusqu'ici, nous avons pas mal détruit, là, on construit", se réjouit le préfet du Gard Jérôme Bonet lors de la cérémonie symbolique de la pose de la première pierre du vaste programme de Kennedy sud situé dans le quartier Pissevin à Nîmes, organisée ce mercredi matin. Un projet à 14,2 millions d'euros mené dans le cadre du grand projet de rénovation urbaine visant à changer le visage de Pissevin et à offrir un meilleur cadre de vie à ses plus de 10 000 habitants. Environ 3,5 M€ sont donc financés par l'ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine), Nîmes métropole et la Région Occitanie participent également.

C'est sur le terrain de l'ancienne galerie commerciale Trait d'Union que les travaux ont débuté en 2024 sous la houlette du promoteur GGL Groupe et du cabinet nîmois MPM Archi, installé depuis 20 ans. Kennedy sud, un chantier de quatre ans, séparé en deux phases. La première concerne la construction d'un bâtiment de 60 logements dont 22 logements sociaux acquis par le bailleur social Un toit pour tous et 38 en démembrement de propriété. Afin de contribuer à la diversification de l'offre locative et surtout de permettre à terme aux locataires de faire l'acquisition de leur logement avec une TVA à taux réduit.

Au rez-de-chaussée, c'est 1 000 m² de commerces qui verront le jour dans le but de relocaliser certains commerces historiques déjà présents comme la pharmacie Pages, l'auto-école, le coiffeur, l'agence de voyages ou encore le tabac. Sur 600 m², l'immeuble accueillera un pôle santé afin de regrouper les professionnels de santé déterminés à rester dans le quartier et en accueillir de nouveaux. Ce pôle comprend aussi un laboratoire d'imagerie médicale. La livraison de ce premier ensemble est prévue pour fin 2026.

La deuxième phase débutera la même année avec la construction de 24 logements en accession à la propriété dont la mise en commercialisation sera proposée en fin d'année 2025, ainsi que 300 m² de locaux commerciaux. Tout devrait être terminé en 2028 pour redynamiser un quartier où, actuellement, il ne fait pas bon vivre à cause du trafic de drogue. L'actualité récente en a encore fait écho à la fin du mois dernier.

"Pas d'autres solutions que celles de la responsabilisation des parents"

"Une fusillade a fait de nouvelles victimes innocentes comme le jeune Hatem, 15 ans, qui au sortir de son brevet des collèges allait rendre visite à sa grand-mère, a tenu à rappeler Franck Proust, président de Nîmes métropole, dès le début de sa prise de parole, grâce à dieu, il est sorti du coma pour entamer une convalescence qu'il vivra comme un combat." Un rappel du contexte dans ce quartier où des gens qui n'ont rien demandé se retrouvent visés par des tirs liés au règlement de compte entre trafiquants. 

"Face à ces spasmes d'une société malade, il n'y a pas d'autres solutions que celles de la responsabilisation des parents dans l'éducation de leur enfant. Il n'est pas possible de voir des enfants de 12 ans entrer dans l'économie souterraine de la drogue et parfois devenir des tueurs à gage", a enchaîné dans un discours ferme celui qui a également la casquette de premier adjoint à la ville de Nîmes sous les yeux de son prédécesseur Julien Plantier, présent lors de cette cérémonie. 

Éradiquer cette délinquance et offrir un nouveau cadre de vie aux habitants du quartier, voilà le vaste programme qui attend les élus et l'État. Le deuxième point avance davantage avec, au total, 500 millions d'euros investis pour la rénovation des quartiers prioritaires de la ville."ll faut que nous luttions contre cette désespérance et cette idée que rien ne se passe, on le prouve là. On nous assurait l'impossibilité de construire dans ces quartiers, hors, c'est le cas", tient à souligner le préfet du Gard Jérôme Bonet. Hors région parisienne, Nîmes fait partie des plus importants programmes de destruction et reconstruction, que l'on peut résumer par la formule plus institutionnelle de reconquête urbaine.