Publié il y a 2 mois - Mise à jour le 13.02.2024 - Propos recueillis par Corentin Corger - 3 min  - vu 2038 fois

GARD Gérard Gillet (Saint-Mamet) : "Sans rachat, on aurait eu 250 salariés au chômage"

Gérard Gillet, directeur commercial et marketing à Saint-Mamet

Gérard Gillet, directeur commercial et marketing à Saint-Mamet

- Photo Corentin Corger

Le directeur commercial et marketing de Saint-Mamet, la société spécialisée dans les fruits en morceaux, réagit après l'interview de Thierry Desouches (lire ICI), porte-parole de Système U, qui évoque la fin de la collaboration avec la société gardoise 

Objectif Gard : Quelle a été votre réaction après avoir lu l’interview de Thierry Desouches, porte-parole de Système U ?

Gérard Gillet : La position de Système U qui consiste à dire si Saint-Mamet n’appartenait pas au groupe Agromousquetaires tout cela ne serait pas arrivé, je trouve que c’est peu entendable au regard des consommateurs et des positions publiques de Système U. Les consommateurs veulent acheter français et local, deux qualités que possèdent Saint-Mamet. Avec le déférencement prévu que j’espère pouvoir encore négocier, c’est à peu près 10 % des consommateurs français qui vont être privés dans les fruits en morceaux d’une marque française avec la dernière conserverie de France qui se situe à Vauvert.

Comprenez-vous l’argument évoqué de ne pas vouloir faire travailler un concurrent ?

Je pense qu’il y a un manque de discernement de la part de Système U qui ne fait pas la différence entre la concurrence frontale de deux enseignes, que je comprends et l’accompagnement ainsi que la sauvegarde d’une filière. Et c’est ce qui devrait principalement être pris en compte et qui a été le cas pour l’ensemble de la grande distribution qui nous a suivis conformément aux engagements pris. D’où notre incompréhension ! On n'est plus dans les années 1980. D’autant que ce choix n'impacte quasiment pas Agromousquetaires. Saint-Mamet est une marque leader avec 40 % de parts de marché sur les fruits en morceaux. Elle a un fort taux de sympathie auprès des consommateurs.

"Il faut faire la distinction entre la concurrence et l’accompagnement d’un produit français"

Pourquoi Saint-Mamet a été racheté par Agromousquetaires ?

C’est simple, si Agromousquetaires n’avait pas racheté Saint-Mamet, on aurait eu 250 salariés au chômage et une filière en très grande difficulté pour écouler ses produits. Voilà la réalité économique. Ce rachat a permis de sauver une filière, c’est ce qu’il faut remettre dans le contexte. Cette filière a besoin d’être accompagnée et c’est là où il faut faire la distinction entre la concurrence et l’accompagnement d’un produit français. D’autant plus avec la crise agricole que l’on vient de vivre et qu’au niveau national, Dominique Schelcher, président de Système U, dit qu’il veut accompagner les filières locales. C’est paradoxal. Surtout que Système U a des valeurs proches des nôtres, en étant issu du monde coopératif. Cela fait 27 ans de relations commerciales donc s’il y a bien une enseigne dont on ne pensait pas vivre cela c’est Système U.

Quelles sont les conséquences de cette rupture ?

Concrètement, c’est une perte de 10 % du chiffre d’affaires soit environ 6 millions d’euros. Forcément, toute la filière va être impactée. Si Système U était privé aujourd’hui de 10 % de son chiffre d’affaires, ce n’est pas en un an, dans le contexte actuel, que vous récupérez cette perte. Si à Système U, quelqu’un sait comment retrouver 10 % de chiffre d’affaires en six mois, je l’embauche direct. Sans oublier que pour les arboriculteurs, c’est une baisse de la demande en tonnage de la part de Saint-Mamet qui absorbe 70 % de ce qui est produit à Vauvert. C’est très important !

"La porte est ouverte"

Pensez-vous pouvoir convaincre Système U de revenir sur sa décision ?

Le contact n’a jamais été perdu. Moi je suis arrivé en septembre et on tend la main pour reprendre les négociations, la porte est ouverte. J’ai entendu beaucoup de choses mais la meilleure manière d’aider aujourd’hui la filière arboricole gardoise et de garder des fruits en morceaux français dans les linéaires, c’est de travailler avec Saint-Mamet. Si ça n'avance pas, j'envisage de faire appel à un conciliateur. C'est un moyen sain de se remettre autour de la table, même si j’espère ne pas en arriver là. 

Au début de la chaîne, il y a 70 arboriculteurs rattachés à la coopérative Conserve Gard à qui Système U propose de se rapprocher avec Rochefontaine qui importe surtout des fruits de l'étranger. Qu'en pensez-vous ? 

Je ne peux pas parler au nom de notre concurrent direct mais ce dont je suis certain c’est qu’il y a toute une série de notre gamme qui est issue directement d’arboriculteurs français.  Ce qui n’est pas forcément le cas de nos concurrents et il faut bien avoir en tête qu’à Vauvert, on a en France la dernière conserverie de fruits français. Ce que je veux dire à Système U c’est de rester fidèle à vos valeurs, aux annonces que vous faites au niveau national sur l’agriculture française et sur le fait de vendre français. La logique voudrait que Saint-Mamet reste dans les linéaires. Au final, ce sont les consommateurs qui sont les seuls juges de ce qui se passe et ce sont eux qui sont les vrais décisionnaires.

Sur le même sujet : FAIT DU SOIR Système U prêt à désavantager les agriculteurs gardois ?

Propos recueillis par Corentin Corger

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