GARD Silence et émotion lors de l'hommage à Samuel Paty

Des rassemblements ont eu lieu ce dimanche 18 octobre à Nîmes et Bagnols-sur-Cèze en hommage à Samuel Paty, un professeur d'Histoire-Géographie âgé de 47 ans, assassiné vendredi dernier à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).
Plus d'un millier de personnes - source policière - se sont réunies devant la préfecture du Gard située sur l'avenue Feuchères à Nîmes ce dimanche 18 octobre, répondant ainsi à l'appel de la FSU et de l'intersyndicale éducation du Gard pour rendre hommage à Samuel Paty.
Ce professeur d'Histoire-Géographie, âgé de 47 ans et papa d'un petit garçon de 5 ans, a été assassiné par un terroriste islamiste, le vendredi 16 octobre, à proximité de son collège à Conflans-Sainte-Honorine, pour avoir montré à une de ses classes des caricatures de Mahomet.
La tristesse envahit Mathéa, mais également la crainte. "La laïcité est devenue un enjeu politicien. Si on est là aujourd'hui, c'est parce qu'on a opposé les gens entre eux. J'ai beaucoup d'inquiétudes quant à la façon dont cet événement va être exploité. On fait le plus beau métier du monde et on veut le faire sereinement."
Marina, une collégienne nîmoise âgée de 14 ans a accompagné sa maman Cécile. "J'ai voulu participer à ce rassemblement parce que c'est grave ce qui s'est passé. C'est bien ce qu'il (Samuel Paty, Ndlr) a fait, il a eu du courage." Le mot "courage" interpelle, montrer des caricatures à des élèves dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression est-ce courageux ? Pour Cécile, 45 ans, oui, "et c'est désolant que ce soit courageux, rajoute-t-elle tout aussitôt. Si on veut développer l'esprit critique chez les enfants, il est essentiel d'aborder ce genre de sujets. Je peux comprendre que ça puisse heurter. Mais il est très important que tout le monde se respecte." La maman de Marina s'interroge sur l'impact qu'aura cette attaque terroriste sur les professeurs et leur façon de travailler : "est-ce qu'ils vont oser ou s'adapter ?"
"Nous exprimons notre révolte à l’égard de l’obscurantisme et du fanatisme qui cherchent à faire taire par la violence, réagit l'organisation intersyndicale. Élèves et enseignants vont rester éloignés de l'école pendant deux semaines du fait des congés. Il importe que dès la rentrée les conditions soient créées pour accueillir sereinement les élèves et apporter aux enseignants le soutien dont ils auront besoin. Pour cela nous demandons un temps de concertation avec les autorités de l'Éducation Nationale."
À Bagnols...
À Bagnols aussi, plus de 300 personnes sont venues rendre hommage à Samuel Paty ce dimanche après-midi. Enseignants, chefs d’établissements, syndicats enseignants, élus, citoyens étaient tous réunis. Quasi la totalité des communes du Gard rhodanien était représentée par un maire ou un élu. Chacun l’écharpe tricolore sur l’épaule, symbole républicain. « Quand la République est attaquée, elle doit en ressortir plus forte avec une réponse ferme et forte », assure Jean-Yves Chapelet, maire de Bagnols-sur-Cèze. Un autre hommage sera rendu mercredi place Mallet (heure encore à préciser) à cet enseignant.
Le rassemblement de ce dimanche, organisé à l’initiative des syndicats enseignants, a débuté avec plusieurs prises de parole. « Nous combattrons sans relâche ces idéologies meurtrières et rétrogrades qui conduisent à de telles violences tout comme nous condamnerons toute généralisation, stigmatisations et récupérations réactionnaires de ce drame. Il nous faudra aussi collectivement prendre le temps de réflexion pour trouver des réponses à cet acte fanatique », a entamé la représentante de Sud.
Louise Moulas s’est exprimée au nom de la FNEC FO : « L’école publique et ses personnels doivent être protégés. Non pas seulement par des discours mais aussi par la réaffirmation et la défense intégrale de leur statut ». La FNEC FO appelle tous les personnels à se regrouper en réunion syndicale dès la rentrée pour discuter et établir toutes les revendications en défense de l'école républicaine. « Nous sommes nombreux à nous offusquer mais cela ne suffira pas. Il s’agit aujourd’hui de défendre l’école, la laïcité, le droit de parole, de manifester, de dessiner, de liberté d’écrire, d’enseigner et de revendiquer », poursuit-t-elle.
«Ce sont des petits abandons quotidiens que peuvent survenir les catastrophes»
Du côté de la FSU, on condamne d’« avoir ôté la vie à un collègue parce qu’il exerçait sa mission d’enseignant […]. Nous continuerons à porter haut les libertés de parole, de conscience, d’expression et la liberté de la presse que nous devons enseigner pour préparer les élèves à l’esprit critique, les former à une vie citoyenne éclairée. […] Mais l’école ne peut pas à elle-seule lutter contre les dérives d’une société où trop souvent les symboles républicains ont été vidés de leur sens et mis à mal ».
Une minute de silence a été respectée avant d’entonner la Marseillaise. Également dans l’assemblée, Claire Lapeyronie venait en tant que maire de Pont-Saint-Esprit mais aussi comme professeure d’Anglais : « J’ai moi-même travaillé à Conflans-Sainte-Honorine en lycée, ça m’a d’autant plus touchée ». Elle remarque que « par rapport au début où j’enseignais, il peut y avoir plus de remarques des parents. Le problème, ce ne sont pas les élèves, c’est la tentative de démagogues, la tentative de groupuscules d’instrumentaliser l’Éducation nationale, et ça vient des adultes. » Et d'ajouter : « Il faut prendre des décisions fortes. Il ne peut pas y avoir de compromissions avec l’obscurantisme et l’islamisme. Ce sont des petits abandons quotidiens que peuvent survenir les catastrophes».
Une professeure d’Éducation musicale est également venue, Charlie Hebdo dans les mains, à la fois « bouleversée mais pas étonnée » : « La montée de l’islam radical, je l’ai vu sous mes yeux. Pas à Bagnols mais dans d’autres établissements. Je ferai ma rentrée avec la boule au ventre. C’est arrivé à Samuel mais ça peut arriver à n’importe qui demain. Mais mes collègues en Histoire-Géo m’ont dit qu’ils continueraient à montrer des caricatures en classe ».
"Il faut faire la part des choses entre croyances religieuses personnelles et savoirs objectifs"
Complètement abasourdi, un enseignant de Philosophie bagnolais prend beaucoup de pincettes pour s'exprimer: « Ce sont des sujets sensibles avec lesquels il faut prendre beaucoup de précautions. C’est toujours délicat de parler sans que l’élève ait l’impression d’être agressé. On est dans le domaine du savoir mais on peut parler croyances du point de vue de l’histoire, de la philosophie… qui porte à avoir un discours critique. Il faut faire la part des choses entre croyances religieuses personnelles et savoirs objectifs. Beaucoup d’élèves confondent athéisme et laïcité. »
Elian Cellier, secrétaire de la section du Parti communiste du Gard rhodanien, est également enseignant en Histoire-Géographie. Il déplore que souvent les professeurs doivent se « débrouiller tous seuls quand il y a un incident difficile, […] sans toujours avoir le soutien du chef d’établissement ».
La colère prenait également Jean-Christian Rey, président de l’Agglomération du Gard rhodanien, qui souhaite agir de manière concrète : « Il y a trop peu de cibles visuelles aujourd’hui mais si on devient tous des cibles visuelles, ce sera différent ». Si tout le monde portait un tee-shirt Charlie ou tout autre signe symbolique de la liberté d’expression par exemple… il n’y aurait plus de cibles isolées mais un bloc républicain. La réponse à apporter est encore à méditer.
Des rassemblements ont également eu lieu à La Grand-Combe à 11 heures et à Alès à 15 heures.
Stéphanie Marin à Nîmes etMarie Meunier à Bagnols/Cèze
>> À lire : Gard. Professeur assassiné dans les Yvelines : les réactions des élus
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