Objectif Gard : Vous allez commencer les championnats du monde de kick-boxing ce lundi 24 novembre à Abu Dhabi. Comment vous sentez-vous avant cette grosse échéance ?
Romann Laroudie : Je me sens plutôt bien. J’ai fait une bonne préparation avec mes entraîneurs, Elian et mon oncle Bernard, puis avec Jérémy Hugues, mon préparateur physique, qui me suit depuis une Coupe du monde, ça doit faire depuis mai dernier. C’était important de continuer avec lui, parce que lors de cette compétition, j'avais vraiment senti la différence physiquement : j’avais fait deux combats, deux KO.
Vous abordez pour la première fois un championnat du monde senior après avoir été titré en junior l’an dernier. Comment on prépare ça ?
Depuis cet été, j’ai augmenté de catégorie, donc j’ai pris du muscle pour travailler la puissance. Ce championnat, c’est le plus gros que je vais faire dans ma jeune vie de boxeur. Comparé à ma victoire en Hongrie l’an dernier, c’est l’étage au-dessus. Tu passes chez les adultes, avec tous les champions de chaque pays. Il y aura notamment un Ukrainien contre qui j’avais subi ma seule défaite à la WAKO. Il est dans ma catégorie, donc il y a une double revanche à prendre. Beaucoup de boxeurs sont pros dans leur pays, donc c’est vraiment un gros défi pour moi, et ça me permettra de voir où j’en suis.
Vous savez à peu près combien de combats vous ferez si vous allez en finale ?
Entre quatre et cinq. Le problème, c’est que je ne serai pas tête de série parce que j’ai changé de catégorie. Je suis nouveau en -75 kg, donc je n’ai pas de classement. Alors qu’en -71 kg, j’étais premier en junior et 10ᵉ en senior. Là, je ne suis pas classé. C’est donc le moment de montrer que même au-dessus, c’est moi le champion.
Et comment s’est déroulée cette préparation ?
On a beaucoup travaillé sur la dynamique, avec un axe sur les jambes, parce qu’à la WAKO, il y a une multitude de débits, beaucoup de middle. On a repris ce format : poings, jambes, poings, jambes, jambes. Il faut être prêt à faire un 3 × 2 minutes à 100 %. La WAKO fonctionne au système de points : tu peux remporter les deux premiers rounds et perdre le dernier, mais si tu perds trop largement, tu peux quand même perdre le combat. On a donc beaucoup travaillé là-dessus, que ce soit en sparring, au sac ou en fractionné. La préparation reposait vraiment sur la dynamique et l’explosivité.
Vous adaptez donc votre style à la compétition, alors que vous êtes plutôt habitué aux KO directs ces derniers temps ?
C’est ça. On en a beaucoup parlé. Je me sens mieux maintenant, posé. J’ai pris confiance en mes poings, j’ai pris confiance en moi. J’ai réussi à mélanger les deux dans ma préparation : je suis dynamique, mais je peux aussi être posé et faire mal. Si je sens que le mec en face se déplace mieux, qu’il est plus rapide, qu’il a vraiment le style WAKO et que j’ai des points de retard, alors si ma seule option, c’est de le mettre KO, je sais que j’en ai les capacités. J’ai travaillé pour, donc je pourrai le serrer en boxe anglaise. C’est aussi la partie cachée, on va dire.
Et le fait d’avoir travaillé l’anglaise durant la préparation, avec un combat officiel, ça vous a aidé ?
L’anglaise m’a énormément aidé, parce qu’il y a beaucoup plus de guerre : on peut être collé ou loin, mais ce ne sont que des coups de poing, donc ça s’enchaîne énormément. J’ai pu faire de bonnes guerres en Espagne lors de mon stage cet été. Sortir son épingle du jeu, avoir une bonne anglaise… Quand tu as confiance en tes poings, tu peux mettre KO ton adversaire rien qu’en serrant. Par contre, si tu as une bonne liaison pieds-poings, tu as tout gagné.
Du coup, quel est l’objectif ?
L’or ! Mon objectif est toujours le même à chaque fois que je boxe : gagner tous mes combats. Ce n’est même pas “viser le podium”. Non, moi, c’est l’or. Bien sûr, le podium, c’est bien, mais d’abord je veux m’amuser. À chaque fois que je suis sorti à la WAKO, je me suis régalé. Je veux prendre du plaisir à chaque combat et voir que j’évolue. Je veux vraiment gagner pour sentir que j’ai progressé, que je me sens mieux, et avoir ce bien-être quand je sors du ring et me dire que ça avance.
Depuis combien de temps vous vous préparez pour cet événement ?
On a été sélectionné officiellement il y a un mois. Mais en amont, on avait déjà travaillé la préparation, on avait travaillé tous les combats. Donc je dirais qu’on a environ deux mois de préparation, avec des thèmes “frapper dur” et des thèmes dynamiques. J’ai aussi beaucoup travaillé avec le kiné, parce que j’ai eu une blessure. Ça va mieux : je fais du kiné trois fois par semaine. J’ai eu une pubalgie, et c’est extrêmement compliqué, surtout pour remonter les jambes. J’ai donc dû adapter mes préparations physiques intelligemment pour ne pas aggraver la blessure, l’inflammation. Mais ça fait partie du jeu. La victoire n’en sera que plus belle.