« Il est très mal fait, ce carrefour », se dédouane Yann, le prévenu dans cette affaire. Interrogé suite à un accident survenu le 22 septembre dernier, à la mi-journée, le prévenu ne reconnaît que partiellement les faits : « J’ai un rôle dans l’accident, mais j’étais à l’arrêt », décrit-il. Une version qui ne correspond pas au récit des différents témoins. Questionnés par les gendarmes, ces derniers ont fait état d’une Ford Mondeo, conduite par Yann, ayant changé de voie de circulation de manière abrupte. Elle serait passée de la voie de droite, destinée à aller tout droit, à la voie de gauche, permettant d’emprunter une voie d’insertion, au niveau de la RN106, en direction de Nîmes. Surpris par ce changement de voie, un motard est entré en collision avec le véhicule, avant d’être projeté sur plusieurs mètres et d'atterrir sur une autre voiture, se trouvant devant celle du prévenu.
Dans un état de choc, la victime a été transportée à l’hôpital. Plusieurs de ses côtes ont été fracturées et il demeure, à ce jour, sans souvenirs de l’accident. Il se souvient uniquement s’être réveillé dans l’ambulance, roulant en direction du centre hospitalier. Toujours affecté par l’accident, il présente « des maux de tête et des douleurs persistantes », selon l’avocate de la partie civile.
Des circonstances douteuses
« J’ai jamais contesté avoir fait cette manœuvre, lance le prévenu. Lorsque je l’ai faite, je n’ai pas vu de moto ». Un argument qu’il justifie par la prétendue vitesse excessive du motard : « Il est arrivé comme un boulet de canon. » Des allégations que les témoins de la scène peinent à confirmer, estimant que le deux-roues avançait à un rythme normal. Autre argument soulevé par le prévenu : les importants dégâts sur l’aile avant-gauche de son véhicule. « Des dégâts comme ça, c’est pas à 70 km/h », dit-il au tribunal. Mais la localisation de ces dégradations ne correspond toutefois pas à sa version des faits. « Si le choc est à l’avant du véhicule, il est évident que le motard était déjà là », souligne Arnaud Massip, procureur de la République.
Ni alcool, ni stupéfiants n’ont été retrouvés dans l’organisme du prévenu, après son interpellation par les gendarmes, rapidement intervenus sur les lieux. « Je suis un professionnel de la route moi, je fais 80 000 km par an », lance le prévenu, exerçant la profession de commercial. Une affirmation qui pose question, étant donné la suspension de son permis, en août 2024, à la suite d’un important excès de vitesse. Un comble pour un homme accusant le motard de conduire trop rapidement.
« Je pensais être en règle »
Le jour de l’accident, la période de 5 mois de suspension du permis de Yann était arrivée à son terme. « Mais votre permis n’a pas été restitué ? », l’interroge le président, Édouard Le Jan. Question à laquelle il répond par la négative, tout en soutenant avoir fait toutes les démarches nécessaires pour le récupérer. « Je pensais être en règle », explique Yann, décrivant avoir réalisé les tests psychotechniques et médicaux nécessaires au recouvrement d’un permis suspendu. « La bonne foi est parfaitement entendable, souligne maître Martin Faure, avocat de la défense. Ce n’est pas si simple de récupérer un permis de conduire ».
Reconnu coupable de l'ensemble des faits lui étant reprochés, le prévenu a écopé de 4 mois d'emprisonnement avec sursis simple et a été condamné au paiement d'une amende de 400 €.