Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 19.12.2019 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 1305 fois

LE 7H50 de Florent Lupi : « Les traditions taurines camarguaises sont en danger ! »

Chevaux et taureaux ont nagé à plus dun mètre de profondeur. EL/OG

Florent Lupi, président de la fédération des manadiers (Photo : droits réservés)

Le président de la Fédération française des manadiers tire la sonnette d’alarme face à la volonté de Groupama de multiplier par cinq le montant de leurs contrats d'assurance.  

Objectif Gard : Concrètement, quel est le problème ? 

Florent Lupi : Les traditions taurines camarguaises sont en danger ! Elles sont remises en question du fait que notre principal assureur - Groupama pour ne pas le citer - a décidé de multiplier par cinq nos cotisations. Une décision prise autour du 20 novembre, qui intervient suite à des sinistres produits malheureusement cette année. Pour certains contrats, il y a même eu un rattrapage sur les trois dernières années ou carrément des résiliations de la responsabilité civile professionnelle… Je vous laisse imaginer. 

« Il nous reste deux mois pour nous retourner »

Quelles sont les conséquences sur l’organisation des spectacles taurins ? 

Sans assurance, beaucoup de manifestations seront annulées. En outre, notre responsabilité civile professionnelle touche nos activités à l’extérieur (abrivado, bandido…) mais aussi à l'intérieur (réception de public, ferrades…). La saison taurine redémarre fin février à Aimargues et début mars au Grau-du-Roi. Il nous reste deux mois pour nous retourner. Il y a urgence.

Pour quelles raisons Groupama a-t-il augmenté ses tarifs ? 

Vous savez, on ne jette pas spécialement la pierre sur Groupama. C’était l’un des derniers assureurs à accepter les manadiers. Le problème, c’est le code civile qui effraie les assureurs. 

C’est-à-dire ? 

Le code stipule qu’en cas d’accident toute la responsabilité pèse sur les manadiers. Lorsque le taureau cause un dommage sur le parcours (délimité par arrêté municipal ou préfectoral), c’est le manadier qui est responsable.

Les maires ont pourtant une responsabilité pénale sur leur commune…  

Le maire sera impliqué dans un premier temps, mais toutes les responsabilités retombent sur les manadiers, comme le stipule l’article 13-82 du code civil. Au final, ce n’est pas eux les responsables. C’est la raison pour laquelle on refuse de nous assurer... L'on traverse une grave crise qui remet en question notre patrimoine culturel.

Sincèrement, n’y-a-t-il pas trop d’accidents dans les abrivado ?

Moi, je ne pense pas. On observe les accidents le plus souvent sur les abrivado les plus courtes. Ce sont les parcours fermés, avec des grilles installées pour les sécuriser. Seulement les gens, malgré les interdictions, manquent parfois d’écoute, de responsabilité. On est dans une société où chaque citoyen se déresponsabilise. 

Donner du crédit aux assureurs

Quel est votre plan d’action ? 

D’abord, nous demandons le soutien des responsables politiques. Le Conseil départemental du Gard a adopté un vœu, hier matin et nous sommes défendus depuis plusieurs mois par le député En Marche, Olivier Gaillard. Le député a interpellé le ministre Bruno Le Maire ainsi que la présidente nationale des assurances. Nous travaillons ensemble pour présenter une proposition de loi sur la modification du code civil pour faire en sorte que toute la responsabilité ne pèse plus uniquement sur les épaules des manadiers. 

En parlant de député, Gilbert Collard (Rassemblement national) est l'élu de la Petite Camargue. Vous aide-t-il dans votre démarche ? 

Je ne l’ai pas sollicité directement. Aujourd’hui, on a l’accompagnement du député Gaillard, de la préfecture du Gard. On espère avoir l’accompagnement des autres préfectures et des élus qui peuvent venir nous soutenir sans entraver le travail qui, depuis six mois, est en train de se réaliser. 

En attendant cette hypothétique modification législative, qu'allez-vous faire ? 

Nous travaillons sur une charte qualité. Un label avec des règles précises pour montrer notre sérieux et notre capacité de nous réformer de l’intérieur. C’est pour cela que nous avons besoin du soutien de tous. L’objectif est de parler d’une seule voix pour donner du crédit à nos assureurs. Hier soir, nous étions avec le secrétaire général de la préfecture du Gard et aujourd'hui, nous rencontrons le président-directeur général de Groupama Méditerranée.

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Coralie Mollaret

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