Première halte au domaine du Pas du Loup, où la famille Gravil perpétue la tradition viticole depuis plusieurs générations. Dans la cave, l’odeur du raisin et du mar étaient encore présents, signe que les vendanges étaient fraîchement terminées. Ici, la vigne se transmet de génération en génération : il y a eu d'abord Roland, l'arrière-grand-père, puis Serge, le grand-père, Éric, le père, et Marius, le petit-fils. Ils partagent tous la même passion pour ce métier exigeant. Mais derrière l’attachement familial, la réalité est plus rude.
Cette année, la sécheresse et les fortes chaleurs ont marqué les récoltes. « Beaucoup de grappes ont été brûlées, on pensait avoir une bonne vendange, mais la quantité n’est pas là », explique Serge Gravil, qui souligne que l’irrigation sauve certaines parcelles, mais au prix d’un coût de plus en plus élevé. À ces aléas climatiques s’ajoutent des difficultés économiques : « Nous travaillons avec des négociants, mais les paiements sont souvent retardés. Cela crée une fragilité énorme, nous devons jongler avec les banques, les prêts relais, et cela pèse sur notre trésorerie », déplore Éric. Les viticulteurs insistent aussi sur la nécessité de maintenir le soutien de la PAC et des fonds européens, qui leur ont permis de financer une partie de leurs équipements, mais qui restent insuffisants face à l’effondrement du marché du vin rouge. « Le rosé marche encore, mais pour le reste, les ventes se tassent », poursuit Éric.
Face à ces inquiétudes, Chloé Ridel a tenu à rassurer, tout en poussant les viticulteurs à suivre les nouveautés qui plaisent aux nouvelles générations, comme ceux qui produisent du blanc, du rosé, du pétillant, et du vin nature, que les jeunes consomment encore pour faire des cocktails. « L’Europe a adopté un plan commun avec l’Espagne, l’Italie et le Portugal pour soutenir la filière viticole. L’objectif est d’accompagner les reconversions, d’aider à la diversification et d’ouvrir de nouveaux marchés à l’export. La crise est sérieuse, mais l’avenir passe aussi par l’innovation et l’adaptation. Il faut que les viticulteurs se diversifient et ne restent pas que sur la production de vin classique, pour mieux répondre aux demandes du marché ».
Chez les éleveurs, la crainte du Mercosur
Deuxième étape de la journée : l’exploitation de la famille Duplan, où Pascal et son fils Mathieu élèvent ovins et bovins. Ici aussi, le constat est amer. « Nous travaillons parfois plus de 70 heures par semaine pour maintenir nos bêtes, respecter les normes et assurer la qualité, mais nos revenus s’effritent », explique Pascal. La menace de l’accord commercial Mercosur revient dans toutes les conversations : « Si cet accord passe, ce sont 100 000 tonnes de viande qui vont entrer sur le marché européen. Comment voulez-vous que notre viande locale, produite dans le respect des règles sanitaires et environnementales, puisse rivaliser ? »
Au-delà des prix, c’est tout un modèle agricole qui semble menacé. Les Duplan rappellent que l’abattoir d’Alès, rouvert après des années de fermeture, est vital pour limiter les trajets et réduire les coûts. Mais la volatilité des prix, les sécheresses répétées et l’augmentation du prix du matériel agricole pèsent lourdement sur leur activité.
Face à ces inquiétudes, Chloé Ridel a affiché sa détermination : « La France, avec quelques pays alliés, s’oppose au Mercosur. Nous allons saisir la Cour de justice de l’Union européenne pour faire reconnaître l’illégalité de cet accord. Tant que ce recours sera en cours, il ne pourra pas entrer en vigueur. C’est une bataille que je mène pour protéger nos éleveurs, mais aussi la santé des consommateurs ».
Recueillement, convention et débats
Avant de retrouver les habitants, la députée européenne s’est recueillie devant le monument aux morts en déposant un bouquet au pied de la “plaque pour la paix”. Elle a ensuite découvert l’exposition organisée dans la salle de la mairie, où une convention a été signée entre la Maison de l’Europe et la mairie des Plans, symbole du lien entre l’Europe et les territoires ruraux.
La journée s’est conclue au bar associatif du village avec une réunion publique intitulée « L’Europe au quotidien : de l’appui à nos territoires à son rôle international ». Après les mots du maire et du président de la Maison de l’Europe, Chloé Ridel a pris la parole pour défendre une Europe proche de ses citoyens : « Les décisions prises à Bruxelles ne sont pas abstraites. Elles concernent directement nos viticulteurs, nos éleveurs, mais aussi la vie de chaque commune. » Le débat s’est prolongé autour d’un apéritif convivial, où habitants et élus ont pu échanger librement avec leur représentante.