Jean-Louis Grinda, 65 ans, directeur de l'opéra de Monte-Carlo jusqu’en 2023, metteur en scène, père de quatre enfants et homme politique monégasque (Président du conseil national) était à la tête des Chorégies d'Orange depuis 2016.
Objectif Gard : Fin novembre vous avez annoncé votre démission des Chorégies d’Orange. Pouvez-vous rappeler votre parcours ?
Jean-Louis Grinda : Très simple, je suis ce qu'on appelle un enfant de la balle, qui a des parents artistes depuis plusieurs générations et qui a embrassé le même métier qu'eux. Après des études universitaires en économie et en droit, sanctionnées par une licence, je me suis lancé dans la carrière professionnelle à l'âge de 21 ans. J’ai commencé comme secrétaire artistique à l'Opéra d'Avignon et aux Chorégies d'Orange. Puis j'ai été directeur. J'ai eu un premier poste de direction pour le ministère de la Culture sur une tournée de La Bohème de Puccini. Ensuite j'ai été directeur du Grand Théâtre de Reims pendant 9 ans, de l'Opéra Royal en Belgique pendant 14 ans, puis nommé à la tête de l'Opéra de Monte-Carlo durant 15 ans. Depuis 2016, je dirigeais les Chorégies d'Orange.
Pourquoi avoir décidé de quitter la direction des Chorégies ?
La cause est multiple. Premièrement, je pense profondément que l'on ne peut pas rester trop longtemps dans un festival. J'ai toujours quitté volontairement les institutions culturelles que j'ai dirigées, par choix personnel, parce que je pense qu'il vaut mieux partir de soi-même plutôt que de faire la note de trop. Deuxièmement, on a vécu beaucoup de difficultés financières en dix ans aux Chorégies, mais aussi beaucoup de succès publics et de belles aventures. J'étais un peu déçu que le conseil d'administration me demande encore des restrictions, alors que le budget présenté était parfaitement à l'équilibre, sans recettes fantaisistes. Je vais accompagner le plus possible la mise en place de la saison, à la demande du président du conseil d'administration.
La réduction de la durée du festival et le choix artistique autour de La Traviata ont pesé dans votre décision ?
Il y a eu une double conjonction. D'abord la ville d'Orange a réduit en amont et en aval la durée du festival, ce que je trouve dommageable. Ensuite, La Traviata devait signer le retour des opéras mis en scène aux Chorégies. Tout le monde était d'accord depuis longtemps. Au dernier moment, on me demande de faire encore des économies et de passer en semi-stage. Trois ans de suite, ce n'est pas possible. Cela ne correspond pas à ce en quoi je crois et je pense que c'est une erreur, même si le conseil d’administration du festival est souverain et que nous ne sommes pas fâchés.
Vous avez lancé un appel à Emmanuel Macron afin de rouvrir les théâtres après la crise sanitaire. Quel regard portez-vous sur la situation actuelle de la culture en France ?
Je ne crois pas qu'il y ait un problème sur la culture, je crois qu'il y a un problème budgétaire général en France. En revanche, je crois que les crédits sont trop concentrés à Paris, notamment à l'Opéra de Paris, et il existe une disparité de financements entre Paris et les régions. Ce serait intéressant de fixer un cap politique afin de réduire cette disparité.
Quels sont vos projets ? Vous allez vous ennuyer ?
J’ai une carrière de metteur en scène tout à fait florissante. J’ai beaucoup d’autres activités personnelles qui seront très prenantes, dont celle d’aujourd’hui où je suis vice-président du Conseil national de la Principauté de Monaco, c’est-à-dire législateur. Une nouvelle production de Pelléas et Mélisande à l’Opéra de Monte-Carlo. Je prépare également une production de Lucrezia Borgia de Donizetti à l’Opéra Royal en Belgique.
Et puis, avant les Chorégies, j’ai une Carmen à faire au Capitole de Toulouse. Ainsi qu'une nouvelle Lucia di Lammermoor à l’Opéra d’Istanbul. L’année suivante, je serai à Erevan, en Arménie, dans le cadre des Jeux de la Francophonie. Je ne manque pas de travail. Tout va bien.